L'histoire paraît simple. A la mort de Soma, son maître, Diarno se trouve dans l'obligation de respecter la promesse faite à ce dernier. En effet, celui-ci lui avait demandé de lui organiser des funérailles selon les rites de ses croyances. Tous deux sont restés fidèles au legs des ancêtres. Leur façon d'adorer Le Créateur est très éloignée de la manière dont les religions révélées magnifient la grandeur de l'Eternel. D'où l'interdiction faite à Diarno d'enterrer Soma dans le cimetière du village. Par fidélité, par devoir, par reconnaissance et pour respecter la parole donnée, Diarno décide d'affronter difficultés et épreuves, au péril de sa vie, pour rejoindre le sud du pays avec la dépouille de son maître. Là-bas, les gens continuaient de suivre le chemin tracé par les ancêtres surtout dans le domaine de la spiritualité. Bien qu'averti des dangers courus à cause d'une rébellion armée signalée dans cette partie du pays, Diarno fera tout pour satisfaire les souhaits de son maître. Ne lui dit-il pas le secret des plantes, écorces et autres fluides, onguents et autres formules ésotériques censés guérir les maux ? La moindre des choses est d'aider l'âme du défunt à trouver le repos en organisant des funérailles selon ses dernières volontés. Abdoulaye Elimane Kane est un philosophe romancier, il ne peut nous raconter une histoire à dormir debout. Il nous invite plutôt à nous interroger, à méditer avec lui et nous étonner des changements et découvertes dans le comportement de l'être humain.
En effet, en suivant Diarno dans ses divers déplacements à travers le pays, ses rencontres avec les différentes couches de la population, nous nous rendons compte, avec lui, que les hommes ont beaucoup plus de points communs qu'on ne le pense. Au-delà des ethnies et des religions, Diarno a observé le même sentiment filial, l'attachement des parents à leur progéniture, l'amitié, la camaraderie et surtout l'amour. Un sentiment qui ne s'explique guère. Pourquoi la camaraderie, l'amitié, l'entente et l'amour enjambent les ethnies, les religions dans son pays ? Comment se fait-il qu'il ne le remarque qu'après cette traversée ? Ce qui a surtout frappé Diarno, c'est la facilité avec laquelle les gens passent d'une langue à une autre sans tenir compte des ethnies. Le mélange des modes, la conjugaison des mots, toute cette synthèse des attitudes et des comportements qui pousse les gens à ne s'arrêter qu'à l'essentiel. Sans le dire, le romancier nous demande d'observer que seule la raison a permis à Diarno de parvenir au discernement.
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