Afrique: Le modèle PUDC pour vaincre la tyrannie de l'urgence dans le continent

13 Mars 2017

Le modèle sénégalais du Plan d’urgence de développement communautaire (Pudc) est cité comme cas d’école. Le Programme des nations unies pour le développement (Pnud) qui en est  l’agence d’exécution a invité une vingtaine de pays africains à s’inspirer de ce pan du Plan Sénégal Emergent (Pse) qui est l’agenda de développement économique du pays. Le satisfécit des résultats obtenus en 18 mois d’exercice place ce modèle dans la posture d’un moyen de lutte contre les urgences en Afrique.

« Seules des actions d’urgence, inscrites dans une perspective de développement à long terme peuvent nous permettre de vaincre la tyrannie de l’urgence ». Telle est la conviction du Directeur régional, Bureau du Pnud pour l’Afrique, face aux besoins en développement qui frappent l’Afrique. M. Abdoulaye Dièye se prononçait à l’atelier régional de capitalisation sur le Pudc, ouvert ce lundi 13 mars à Dakar.

A son avis, il y a une urgence, particulièrement en Afrique, car la pauvreté est encore endémique dans beaucoup de pays, et surtout en milieu périurbain et en milieu rural, malgré de fortes croissances économiques.

Le directeur Afrique du Pnud pense qu’il y a urgence parce que les inégalités se creusent surtout entre milieu rural et milieu urbain. A cette liste, il ajoute le déficit chronique d’infrastructures dans les zones rurales et dans les zones périphériques et frontalières. Devant cet état de fait, M. Dièye estime que la non résolution de ces urgences est non seulement une tyrannie sur les populations, mais elle constitue aussi une sérieuse hypothèque sur l’avenir de nos pays et sur le contrat social.

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Le Directeur régional, du Bureau du Pnud pour l’Afrique estime ainsi que cette tyrannie en question est à vaincre pour corriger les inégalités, les exclusions et les marginalisations. Lesquelles sont préjudiciables à tout processus de développement durable et à toute paix sociale.

Une série de recommandations qui, à son avis, est prise en compte par le Plan d’urgence de développement communautaire (Pudc) initié par le Président de la République du Sénégal, M. Macky Sall. Un programme cité en exemple par le Programme des Nations Unies pour le développement qui, pendant deux jours, a regroupé une vingtaine de pays africains.

Un programme dont l’ingéniosité réside, selon les services du Pnud, dans le fait qu’il permet non seulement de satisfaire les impératifs du temps court, c’est-à-dire le temps des réponses aux exigences des populations, à la résolution de leurs problèmes quotidiens et pressants, et à l’amélioration de leurs conditions de vie.

Pour M. Dièye, le Pudc permet aussi de répondre aux enjeux du temps long, c’est-à-dire, le temps de construction des structures et des infrastructures permettant à ces mêmes populations d’être des acteurs actifs du développement de leur milieu et de contribuer à la transformation structurelle de l’économie.

Soulignant le caractère inédit dudit programme, Abdoulaye Dièye s’est réjoui du fait que l’exécution s’est fait dans des temps record, et sans hiatus ; avec admiration parce que les produits livrés sont de haute facture et les impacts économiques et sociaux s’annoncent durables.

Venu présider l’atelier de capitalisation sur le Plan d’urgence pour le développement communautaire, le Premier ministre du Sénégal pense que le Pudc est un modèle de développement innovant pour l’atteinte des Objectifs de développement durable (Odd).

Mahammed Boun Abdallah Dionne de souligner que l’Agenda 2030 adopté avec la communauté internationale, centré notamment sur le développement humain, ne peut se réaliser sans une forte synergie entre les acteurs et un fort  engagement de leur part, car les défis sont énormes et complexes ; leur prise en charge est urgente.

C’est dans ce sens que l’Etat du Sénégal a décidé, Il faut rappeler que avec l’accompagnement du PNUD, dont l’expertise et le dynamisme sont reconnus de tous, d’élaborer et de mettre en œuvre le Programme d’Urgence de Développement Communautaire (Pudc), pour faire face à la profondeur des inégalités et des disparités de divers ordres entre le milieu urbain et le monde rural.

« Outil de promotion des territoires ruraux qui ont été longtemps abandonnés, sous-équipés, voire déshérités, le Pudc est un programme novateur, tant dans sa conception que sa mise en œuvre », relève M. Dionne.

187 forages, plus de 100 km de pistes réalisés, 142 villages électrifiés…

Le chef du gouvernement sénégalais rappelle que le Pudc a pour vocation fondamentale de répondre, dans la célérité et l’efficacité, aux besoins vitaux des territoires ruraux, dans un souci d’équité et de justice sociale. Il vise à favoriser l’accès de ces populations aux services sociaux de base, à travers la mise en place d’infrastructures socio-économiques.

En effet, souligne-t-il, « ce programme innovant et ambitieux, lancé le 07 juillet 2015, présente, en moins de deux (2) ans de mise en œuvre, un bilan très appréciable ».

Dans le volet hydraulique, M. Dionne souligne qu’il a été réalisé 187 forages (sur un total de 238), 68 châteaux d’eau (sur un total de 161), 1753 km de linéaire de réseau mis en place et fonctionnels (sur un total de 4737), 182 abreuvoirs (sur un total de 346) et 1070 bornes fontaines (sur un total de 1844), avec, en guise de mesure d’accompagnement, une convention signée avec l’Office des forages ruraux (Ofor) pour la gestion et la maintenance de ces systèmes d’alimentation en eau.

Sous ce registre, il confie que le Président de la République, Macky Sall, a lancé, la semaine dernière, la troisième phase du volet hydraulique du Pudc, qui sera matérialisé, notamment, par la construction de 251 forages dont 70 à réhabiliter.

A cet égard, le Premier ministre du Sénégal d’évoquer l’apport de la République de Chine qui a contribué, dans le financement de cette nouvelle phase, à hauteur de 60 milliards de francs CFA.

Concernant les réalisations en infrastructures de transport, M. Dionne avance que plus de 790 km de pistes rurales sont en chantier dans dix régions, dont plus de 255 km déjà ouverts à la circulation. Ces ouvrages permettront le désenclavement de 960 villages et impacteront 461.000 personnes habitant en milieu rural.

S’agissant de l’accès à l’électricité, le Premier ministre du Sénégal fait croire que « le démarrage de l’électrification est effectif pour 142 villages (sur un total de 420), aidant ainsi à relever progressivement le défi de la fourniture universelle d’énergie. 65 km de ligne Moyenne Tension (sur un total de 1879) et 124 km de ligne Basse Tension (sur un total de 1309) ont été installés ».

Dans le court terme, poursuit-il, 20800 ménages ruraux vont bénéficier d’installation intérieure et de raccordement au réseau de la fourniture d’électricité.

Enfin, pour alléger le travail des femmes, le Programme a déjà certifié 3405 équipements post-récoltes et mis à la disposition des groupements féminins plus de 1562 lots (sur un total de 5064) dans dix (10) régions.

1843 équipements sont actuellement en phase de déploiement. « Ce matériel permettra notamment la création d’activités de transformation et l’augmentation de revenus pour plus de deux (2) millions de personnes », assure-t-il.

Ce qui faire dire à Mme F Bintou Djibo Représentant Résident du Pnud et Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies au Sénégal qu’à travers le PUDC, vous avez voulu rétablir la justice sociale, un développement territorial équilibré, inclusif et endogène. Le Pudc est un modèle innovant qui change le paradigme du développement à la base et qui a fait ses preuves au Sénégal.

Jugeant ce choix pertinent, elle défend que l’Afrique ne peut émerger en laissant en rade plus de 50 % de sa population sans un minimum vital à savoir : l’accès à l’eau potable ; l’électrification ; la santé ; l’éducation ; la mobilité ; la sécurité alimentaire et l’ingénierie sociale.

Un exemple de mobilisation de ressources internes

Modèle de coopération entre le Pnud et le Sénégal, le Pudc est aussi perçu comme un exemple de mobilisation de ressources internes pour financer le développement du Sénégal.

En effet, dans un contexte de rareté des ressources, précise le chef du gouvernement, l’Etat a financé la première phase du Pudc, sur fonds propres, pour un montant de près de 120 milliards de francs CFA. Pour la seconde phase du Programme, « il sera alloué un montant de près de 300 milliards de francs CFA. Le Gouvernement compte maintenir ses efforts », a-t-il confié.

Dans ce sillage, cette rencontre de Dakar permettra à son gouvernement donc d’échanger sur la durabilité du Pudc et la nécessité de mobiliser des ressources additionnelles par le biais de nouveaux partenariats, au-delà de l’originalité de ce modèle de transformation des conditions de vie des communautés, du partenariat fécond entre le Pnud et le Sénégal ainsi que des résultats obtenus.

Il assure que c’est la raison pour laquelle son Gouvernement, sur instruction du Chef de l’Etat, mènera une évaluation participative des impacts de la première phase de mise œuvre du Pudc.

A son avis, il lui paraît également crucial d’étudier les modalités d'allègement des volets d’intervention du Pnud et de redéfinir le périmètre des champs d’actions cibles ou la trousse d’actions communautaires pour la nouvelle étape du PUDC.

Dans cette même dynamique, le chef du gouvernement sénégalais considère que les questions de gouvernance du Programme devront être approfondies, en vue d’explorer les possibilités de transférer progressivement la gestion du Pudc à l’Administration sénégalaise, dans des conditions de délivrance optimale de résultats.

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