Journée mondiale de l'eau 2017 - Et si les eaux usées devenaient source de richesse en Afrique ?

22 Mars 2017
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African Development Bank (Abidjan)

La question des eaux usées n'est peut-être pas le plus "sexy" des enjeux du moment.

Elle ne suscite pas, en général, le même intérêt ni les mêmes préoccupations que certains sujets, tels que les inégalités, la pauvreté, le changement climatique, les disparités entre les sexes - et autres défis d'envergure internationale. Or, ainsi que nous le rappelle la thématique de cette édition 2017 de la Journée mondiale de l'eau, les eaux usées sont aujourd'hui l'un des défis de développement encore non résolus et auxquels les villes africaines, en plein essor, sont de plus en plus confrontées.

De nombreux pays africains considèrent la gestion de l'eau et l'assainissement au nombre de leurs priorités nationales. Leur bonne gestion offre d'énormes opportunités, encore inexploitées, pour atteindre une croissance verte et inclusive tout en luttant contre la pauvreté en Afrique et au-delà. La question de savoir si l'Afrique parviendra à fournir des services d'assainissement et d'accès à l'eau potable aux centaines de millions d'Africains aujourd'hui mal desservis - ce qui améliorera grandement leur qualité de vie - dépendra à la fois de l'importance des services de gestion des eaux usées et des modalités de prestation.

Au cours des cinq dernières décennies, la Banque africaine de développement a œuvré à obtenir des résultats en matière de développement et à assurer des investissements à forte valeur ajoutée dans ses programmes de gestion des eaux usées et d'assainissement. Depuis 1968, date à laquelle la Banque a financé son tout premier projet lié à l'eau, ce ne sont pas moins de 360 prêts et dons qui ont été approuvés dans le domaine, représentant 7 environ milliards de dollars EU de financements au total.

La Banque a une approche intégrée de la gestion de l'eau en milieu urbain pour développer une vision holistique de la gestion de l'eau et de l'assainissement. La gestion des déchets - liquides et solides - est donc perçue comme une activité productive et génératrice de revenus. Actuellement, la Banque et la Facilité africaine de l'eau (FAE) financent des programmes qui recourent à cette approche transformatrice et novatrice dans cinq villes africaines, dont Kinshasa, en République démocratique du Congo et Marondera, au Zimbabwe. Ces projets assurent la collecte, le traitement, le transport et la réutilisation, dans de bonnes conditions sanitaires, des sous-produits issus du traitement des déchets, afin d'améliorer la qualité de vie des pauvres dans certaines zones urbaines. Des programmes similaires sont en préparation pour cinq autres villes africaines.

Des partenariats public-privé dans la gestion des eaux usées ? Absolument !

En Afrique subsaharienne, l'assainissement est considéré depuis longtemps comme le tonneau des Danaïdes. Aussi les investissements du secteur privé n'ont-ils guère progressé. Pourtant, comme on le sait, la gestion de l'eau et de l'assainissement font le profit de grands groupes dans les économies les plus avancées. Et pour atteindre les objectifs annoncés, les financements assurés par les institutions de développement ne sauraient suffire à eux seuls. Changer les mentalités est véritablement nécessaire. Les partenariats public-privé (PPP) peuvent fortement contribuer à développer un marché pour les services et les produits d'assainissement et générer de multiples bénéfices. Une récente étude de la BAD montre que cela permettrait de fournir des services de bien meilleure qualité, de générer des revenus et d'esquisser des solutions pour le traitement des boues et des eaux usées.

Les PPP peuvent également aider à assurer une durabilité des programmes de gestion des eaux usées et d'assainissement. Et cette même étude met en évidence combien il est nécessaire d'impliquer les communautés concernées pour qu'elles s'approprient véritablement les projets et que les améliorations s'avèrent durables. Un manque de participation des concernés conduit souvent à une conception défaillante des projets. À l'avenir, la Banque entend analyser davantage le rôle et les possibilités d'une plus grande collaboration avec le secteur privé pour fournir ces services essentiels. Ces types de partenariat ont véritablement le potentiel d'accélérer la gestion des eaux usées de manière efficace, abordable et durable dans nos villes. L'Atlas de l'assainissement, actuellement en préparation, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l'environnement, fournira des pistes supplémentaires pour mieux tirer parti des possibilités offertes par le secteur privé.

La gestion des eaux usées et le défi de l'urbanisation

L'urbanisation en plein boom des villes en expansion comme Lagos, Dakar, Le Caire, Johannesburg ou Nairobi, soulève des enjeux en matière de gestion des eaux usées et des égouts. La population urbaine en Afrique devrait atteindre 654 millions en 2030, contre 320 millions en 2010. L'infrastructure de gestion des eaux usées dans les zones urbaines est bien insuffisante et les investissements ne suivent pas le rythme effréné de l'urbanisation du continent. Entre 2002 et 2025, le déficit global de financement pour le traitement des eaux usées municipales en Afrique est estimé à 56 milliards de dollars EU par an.

Le changement climatique, l'utilisation faible de l'innovation et des technologies et les capacités limitées des institutions aggravent davantage le problème. Si les défis de l'assainissement urbain ne sont pas traités d'urgence, les habitants des zones urbaines - notamment les 200 millions d'habitants des bidonvilles et de logements informels - risquent de contracter le choléra, la dysenterie, la typhoïde, la poliomyélite et bien d'autres maladies d'origine hydrique.

Les opportunités d'exploitation des eaux usées sont immenses. Cependant, Il est capital que des gouvernements prennent des engagements en ce sens pour que cela se fasse Ce n'est que sur le long terme que les résultats deviennent visibles. Les projets de gestion des eaux usées et d'assainissement ont tendance à être complexes et difficiles. Mais les coûts de la gestion des eaux usées sont largement compensés par les avantages économiques, auxquels se conjuguent l'amélioration de la santé humaine, le développement économique et la préservation de l'environnement.

Alors que nous célébrons la Journée mondiale de l'eau, saisissons l'occasion de sensibiliser et de prendre ensemble des mesures audacieuses, décisives et urgentes pour aborder la gestion des eaux usées de manière intelligente.

Projets phares de la BAD et de la FAE dans la gestion des eaux usées :

Projet de réhabilitation urgente de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement au Zimbabwe (mémoire du projet) / Article

Étude de faisabilité sur l'assainissement urbain, le drainage et la gestion des déchets solides au Mozambique

La Facilité africaine de l'eau transforme les déchets en engrais commerciaux et en énergie tout en améliorant les services d'assainissement pour les pauvres en milieu urbain au Ghana

Une approche commerciale pour l'amélioration de l'assainissement au Ghana - Les engrais organiques et l'énergie en tant que moteurs (rapport d'évaluation) / Présentation PowerPoint

Projet d'eau potable au Mozambique

Rwanda: L'eau franchit les montagnes

L'eau pour une vie meilleure

Projet d'eau et d'assainissement au Mozambique

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