Sénégal: L'USAID pointe la lenteur de la mise en œuvre des réformes

20 Juin 2017

L'Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid) relève une lenteur dans la mise en œuvre des grandes réformes au Sénégal. Le Chargé d'Affaires à l'Ambassade des États-Unis à Dakar, Mme Martina Boustani l'a souligné dans son discours prononcé à l'ouverture de la Revue annuelle conjointe du portefeuille de l'Usaid avec le gouvernement du Sénégal, ce mardi 20 juin à Dakar. Un état de fait qui, selon elle, limite la capacité du gouvernement à atteindre ses objectifs.

Le Chargé d'Affaires à l'Ambassade des États-Unis à Dakar estime que la lenteur de la mise en œuvre des grandes réformes limite toutefois la capacité du gouvernement sénégalais à atteindre ses objectifs dans le cadre de leur partenariat.

Mme Martina Boustani l'a fait savoir lors de la revue conjointe USAID-Gouvernement du Sénégal, ce mardi 20 juin.

Elle considère que les délais au niveau de réformes essentielles pour un environnement des affaires favorable, telles que le foncier et la libéralisation des marchés financiers, ainsi qu'un niveau insuffisant de transparence dans les investissements publics, limitent la confiance des investisseurs.

Ce constat lève un coin du voile des difficultés notées dans le cadre du compagnonnage Sénégal-Usaid.

La partie américaine plaide ainsi pour davantage d'impulsion répondant aux demandes des citoyens en matière d'inclusion, d'opportunités et de services de base.

« Il conviendrait peut-être de renforcer les efforts sur le volume et la rapidité du transfert des ressources et il faudrait un code fiscal qui crée des possibilités de recettes pour les Collectivités Territoriales », souligne Mme Boustani.

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Dans l'optique de réaliser de meilleurs résultats, le Chargé d'Affaires à l'Ambassade des États-Unis à Dakar pense qu'il faut accroitre les efforts pour renforcer les capacités administratives locales.

Dans la même veine, l'agence américaine soutient une formule transparente, basée sur les résultats, pour le partage des recettes. « Cela permettrait d'avoir une utilisation équitable et efficace des ressources publiques et un contrôle différencié dépendant des capacités de gestion », estime-t-elle.

1 231 milliards de F Cfa depuis 1961

Depuis 1961, l'Usaid coopère avec le Gouvernement du Sénégal et apporte un appui technique et financier dans les secteurs de la croissance économique, de la santé, de l'éducation et de la gouvernance.

Le ministre de l'Économie, des Finances et du Plan, M. Amadou Ba de rappeler que le programme bilatéral les liant aux États-Unis, s'est intensifié au fil des années pour atteindre un montant cumulé d'environ 1 231 milliards de F CFA en 2016.

D'après lui, le montant des engagements sur la seule période 2010-2016 s'élève à environ 690,70 millions $ US, soit environ 400,610 milliards de F CFA.

Pour l'année 2016, les États-Unis ont apporté au Sénégal un appui à travers les programmes de l'Usaid, à hauteur de 122 millions de dollars (environ 71 milliards de F CFA).

Faisant la situation des zones d'intervention de l'Usaid, Mme Boustani a  fait croire que le taux de pauvreté a diminué de trois pour cent et la malnutrition chronique de sept pour cent pour la seule année 2016.

Ce qui, à son avis, va dans le sens de l'objectif du Gouvernement du Sénégal de réduction de la malnutrition chronique de 20 pour cent d'ici 2012.

Des défis pour le secteur de la santé

La même tendance est relevée dans le volet santé de la coopération notamment la lutte contre le paludisme, l'accès à la planification familiale moderne.

C'est ainsi que le Chargé d'Affaires à l'Ambassade des États-Unis a évoqué la contribution de l'Usaid à hauteur de 59 millions de dollars au secteur de la santé en 2016 (soit environ 34 milliards de F CFA).

En dépit d'avancées importantes, les États-Unis estiment qu'il est urgent que le gouvernement sénégalais s'engage davantage financièrement sur les produits de planification familiale, afin d'atteindre l'objectif du taux de prévalence contraceptive de 45 pour cent d'ici 2020.

Elle juge également nécessaire la poursuite des efforts de recrutement, de formation et de déploiement de professionnels de santé qualifiés dans les zones rurales, favoriser l'affectation de personnel dans les zones mal desservies et mettre en place une stratégie de recrutement local.

Sur cette même lancée, Amadou Ba considère que ces résultats ne doivent pas occulter les défis auxquels le secteur de la santé est confronté.

Il a cité, entre autres, la mobilisation des ressources internes pour l'Enquête démographique et de Santé (Eds) continue, la disponibilité des produits, la pérennisation dans le cadre des nouvelles orientations de la planification familiale, la pérennisation des interventions à haut impact et le suivi de la performance du Programme.

Des difficultés qui risquent d'entraver la bonne exécution des projets

Dans le secteur de l'éducation, Mme Boustani fait part de la contribution de l'Usaid au Programme National de Lecture qui sera de 72 millions de dollars (environ 42 milliards de F CFA) sur les cinq prochaines années.

A son avis, cette approche novatrice vise à améliorer les compétences en lecture, qui sont essentielles aussi bien pour le succès individuel que pour une croissance économique durable et inclusive.

Avant d'encourager le gouvernement du Sénégal à financer le système de gestion des informations du Ministère de l'Éducation – le système SIMEN, en ce qui concerne le Programme d'Amélioration de la Qualité, de l'Équité et de la Transparence (Paquet).

Pour elle, ce système permettra de moderniser le système éducatif, d'améliorer le contrôle des résultats des enseignants et des élèves et de contribuer à garantir l'utilisation efficace de l'ensemble des ressources humaines et matérielles.

Le Ministre de l'Économie et des Finances du Sénégal a fait part de certaines difficultés qui persistent et risquent d'entraver la bonne exécution des projets.

M. Amadou Ba  a cité l'absence d'une politique de maintenance des infrastructures scolaires, la difficulté de mobiliser le secteur privé pour le financement et la pérennisation des programmes  du secteur de l'éducation, la faible mobilisation  communautaire dans le processus de l'atteinte des résultats scolaires.

Engagée depuis plusieurs décennies dans la résolution de la crise casamançaise, l'Usaid exprime son souhait de poursuivre avec les communautés dans la région, afin de renforcer le travail du gouvernement pour aboutir à une résolution pacifique et durable du conflit.

En plus de ces résultats sus mentionnés, le Ministre sénégalais a félicité l'Usaid pour sa volonté et son engagement de recourir au financement direct appelé « financement Gouvernement à Gouvernement » dans le cadre de l'exécution du programme de coopération entre les États-Unis et le Sénégal.

A ce propos, Amadou Ba a fait un plaidoyer en faveur de l'utilisation de ce mécanisme, car « comme vous le savez, l'approche Gouvernement à Gouvernement permet l'alignement de l'assistance aux priorités nationales tel que recommandé par la Déclaration de Paris mais également la réduction des coûts de transactions, l'accroissement de la redevabilité ainsi que la responsabilisation et la pérennisation des résultats ».

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