Pour les municipales de 2000, on enregistrait un taux de participation supérieur à 76%. Aux élections d'octobre 2011, pourtant qualifiées «d'historiques», plus de la moitié des Tunisiens ne se sont pas déplacés pour élire les membres de la Constituante. Pour celles de 2014, le taux de participation aux législatives était de 61,8%. Seuls 3,2 millions de Tunisiens ont voté sur un total de 5,2 millions d'inscrits.
Si on tient compte de la majorité électorale, soit 7 millions d'inscrits et de non-inscrits, environ 4 millions de Tunisiens en âge de voter ne l'ont pas fait. On a procédé à des analyses, à des recherches, à des sondages, pour comprendre les raisons de cette désaffection pour le vote. Plusieurs raisons ont été avancées. Certains considèrent que leur vote ne sert à rien et ne changera rien. En fait, on constate que la confiance est rompue entre les tunisiens et la classe politique. Inquiets de tous les problèmes qui se posent au pays, particulièrement la crise économique, les citoyens ne voient rien venir et sont saturés de discours, d'un trop-plein de partis politiques, de promesses non tenues, de succession de gouvernements. D'où cette «fracture». Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, en a fait le constat lui même. Et la multiplication des mouvements sociaux (grèves, sit-in) s'explique par ce ras-le-bol.
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