Maintenant que l'Instance tant attendue est, enfin, constituée et que la loi afférente à sa création est adoptée par le parlement avec une majorité très large (116 voix pour, 10 contre et 5 abstentions), voilà que Me Chawki Tabib, qu'on présente comme le futur président de l'Instance (il doit être élu par le parlement et il semble avoir reçu les assurances qu'il faut de la part des partis les plus influents), se rebiffe et déclare : «Les députés ont trahi l'esprit de la Constitution dans le sens que les prérogatives qui sont accordées à l'Instance ne lui permettront pas d'accomplir sa mission comme l'attendaient les Tunisiens et comment il est pratiqué dans les pays européens, à l'instar de l'Italie où l'Instance Mains propres dispose d'attributions illimitées, de financements réguliers provenant de la saisie automatique de 2% sur les marchés publics et de moyens humains qui vont jusqu'à disposer d'une police privée sous ses ordres».
Il est donc clair qu'en faisant tomber l'article 19 de la loi qui donnait aux enquêteurs de l'Instance la latitude d'enquêter à leur guise et de saisir les documents qu'ils veulent (voir l'article de La Presse du 9 juillet intitulé : «Les enquêteurs de l'Instance bientôt sur le terrain»), les députés ont joué un mauvais tour à Me Chawki Tabib qui s'apprêtait à faire de l'Instance qu'on lui promettait de présider officiellement une Instance vérité et dignité bis où Sihem Ben Sédrine fait la pluie et le beau temps.
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