Afrique: Troisième tentatives de Trump pour combler le plus haut portefeuille politique de l'Afrique

1 Août 2017

Après deux tentatives de combler le plus haut portefeuille sur la politique africaine à la Maison Blanche, l’administration Trump examine l’option de nommer à ce poste un officier de renseignement de carrière.

Aucune annonce n’a été faite, mais les sources ayant accès au processus de sélection indiquent que Cyril Sartor, sous-directeur adjoint pour l’Afrique à la CIA (Central Intelligence Agency) est le favori pressenti à la direction Afrique du Conseil de Sécurité Nationale (National Security Council ou NSC) – l’entité américaine qui joue le rôle de conseil, et parfois d’impulsion, sur les sujets de politique étrangère, et plus généralement sur l’ensemble des questions stratégiques, auprès du président des Etats-Unis.

Le 1er avril, le site d’information « All Africa » fut le premier média à annoncer le choix de Rudolf Atallah, un vétéran de la Force aérienne et ancien directeur du contre-terrorisme pour l’Afrique au Pentagone, pour le poste de directeur du NSC pour l’Afrique. Le site à sensation « Buzz Feed », qui avait annoncé la nomination d’Atallah 12 jours plus tard, a rapporté le 23 juin que l’offre faite à Atallah avait été « retirée » – après sa présentation à une réunion « générale » du NSC et au terme de son travail sur les questions africaines pour le compte de l’administration.

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Aucune raison n’avait été avancée pour ce volte-face sur Atallah, qui a été la deuxième personne citée pour prendre les rênes du NSC pour l’Afrique. Robin Townley était la première personne à subir ce sort. D’après certaines informations, Sa nomination aurait été bloquée suite au retrait par la CIA de son certificat de sécurité.

Selon une brève biographie publiée en ligne par le Forum de sécurité d'Aspen en juillet 2016, on note dans le parcours professionnel de Cyril Sartor des responsabilités comme rapporteur auprès de deux conseillers en sécurité nationale et d’officier de renseignement intérimaire pour l’Afrique au National Intelligence Council (NIC), organe qui élabore des prévisions stratégiques pour le gouvernement américain. Selon cette biographie, il a obtenu une maîtrise en histoire africaine de l'Université de Boston en 1984.

Sartor fait partie de la poignée d’Afro-Américains de niveau supérieur dans la communauté du renseignement, et il n’existe en ligne aucune biographie officielle de lui.

L'information publiée par ce Forum porte sur sa participation à un panel public sur le terrorisme en Afrique lors du forum d’Aspen sur la sécurité en juillet 2016, l’une des rares apparitions de l’analyste du renseignement. « C’est un peu étrange pour un agent de la CIA de paraître en direct sur YouTube », plaisantait Sartor alors qu'il commençait son discours.

L’Afrique : le prochain foyer du terrorisme ?

« L’idéologie islamique violente est une importation étrangère en Afrique subsaharienne et, en tant que telle, elle prospère là où elle peut se combiner à une accumulation frustrations non résolues », a expliqué Sartor, citant des plaintes parmi le peuple Touareg nomade du Mali et des « frustrations claniques » qui alimentent l’insurrection en Somalie.

Les frustrations des populations doivent être attaquées au niveau de leurs racines socio-économiques, a-t-il expliqué au Forum. « Je crois sincèrement que la communauté internationale peut venir à bout du terrorisme en Afrique subsaharienne par une bonne dose de développement à long terme et d’assistance à la sécurité », a-t-il commenté. Par ailleurs, il a démontré que vaincre le terrorisme en Afrique « prendra beaucoup de temps », en partie parce que les insurrections font généralement « plus d'une douzaine d'années » et aussi parce que la population jeune en Afrique augmente plus rapidement que partout ailleurs dans le monde.

Bientôt un candidat au sous-secrétaire d'Etat pour l'Afrique

Le poste de directeur Afrique au NSC est l’un des deux postes de haut niveau restés vacants plus de cinq mois depuis l’arrivée de Trump à la Maison Blanche. En effet, il n’y pas encore eu non plus de nomination formelle à la tête du sous-secrétaire d'Etat pour l'Afrique au Département d'Etat; pourtant, un poste de première ligne dans la gestion des relations diplomatiques américaines avec le continent.

Les spécialistes de l’Afrique qui suivent l’évolution de la politique estiment qu’une nomination à ce poste au Département d’État pourrait être proche. Le choix du secrétaire adjoint pour l’Europe et l’Eurasie a été annoncé le 19 juillet et ce n’est que la troisième nomination à ce jour sur les 22 postes de secrétaires adjoints à pourvoir aux Affaires étrangères américaines.

Après examen de plusieurs noms par l’administration pour nomination au poste de sous-secrétaire d’État pour l’Afrique, des sources sûres affirment que le profil de J. Peter Pham, directeur du Centre Afrique au Conseil Atlantique, est à l’étude et qu’il pourrait être un des candidats soumis par la Maison Blanche au Sénat pour confirmation.

Le fait que ces postes clés soient restés vacants est interprété, par certains, comme une réponse des États-Unis face au partenariat « Compact for Africa » – un plan pour pour attirer les investissements vers l’Afrique, en vue de permetre un développement économique durable des Etats africains et ainsi réduire les migrations vers l’Europe – proposé par la chancelière allemande Angela Merkel au Sommet du G20 au début du mois.

Riva Levinson, républicain et consultant en relations gouvernementales basé à Washington DC, avec une vaste expérience sur l’Afrique, commentant dans le journal américain The Hill, a qualifié de « totalement absurde » la décision du président Trump de quitter le Sommet pendant la session sur le « Partenariat avec l’Afrique, les Migrations et la Santé », dont le but était « le bien-être des 1,6 milliards d’africains ». C’est plutôt sa fille et conseillère Ivanka Trump qui pris place autour de la table avec les dirigeants du Sommet, principalement les chefs d’État et les organisations internationales.

Grant T. Harris, qui fut directeur principal des affaires africaines à la Maison Blanche sous Obama, considère le « désintéressement » de l’administration Trump pour ’Afrique comme une brèche pour les autres puissances. « Les dirigeants chinois doivent s’en frotter les mains » – la Chine réalise actuellement 50 milliards de dollars par an ou plus de ses investissements en Afrique, écrit-il dans The Hill. Il affirme que « La Corée du Nord a vendu des armes aux pays africains, en violation des sanctions de l’ONU, pour financer ses programmes d’armes de destruction massive, et la Russie se tourne vers l’Afrique pour faire le contrepoids aux sanctions américaines ».

Peter Pham, le candidat présumé à la tête du Bureau Afrique au Département d’État, est un prolifique auteur d’essais d’analyse et de livres dont le travail s’est concentré sur les problèmes de sécurité en Afrique. Il a préparé un document de stratégie publié par le Conseil et soumis à l’équipe de transition de Trump en décembre. Ce document préconise parmi d’autres recommandations la réintégration de quatre pays d’Afrique du Nord (Libye, Tunisie, Algérie et Maroc) au Bureau Afrique du Département d’État, alors qu’ils relèvent actuellement du Bureau des Affaires du Proche-Orient. Cette réorganisation a eu lieu au NSC au lendemain de l’entrée en fonction de Trump.

Dans un blog qu’il a publié en janvier, Pham a donné cette évaluation de la manière dont les États-Unis doivent répondre au « plan Marshall » allemand proposé pour l’Afrique. « Si les États-Unis doivent poursuivre la politique étrangère de America First (l’Amérique d’abord), il y aura donc un grand travail de rattrapage à faire consistant à rapprocher les secteurs public et privé pour mettre en place une approche américaine solide de la nouvelle Afrique dont l’importance géopolitique croissante et le dynamisme économique en pleine expansion devraient en faire une priorité stratégique pour la nouvelle administration ».

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