Un ami « toqué » et fauché, comme un sérieux et ancien ministre africain dont la cour oisive lui est restée obstinément fidèle, me raconte qu'il a été, un jour, couvert de honte quand des passagers d'un « Ndiaga Ndiaye » (dans lequel il était) l'ont foudroyé de leurs regards indignés.
Il était, en effet, en train de lorgner, avec un grand intérêt, un livre que tenait une passagère restée debout. Et le bouquin était « à la bonne place » charnue. Il avait fini par oublier qu'il était en présence d'autres individus que son œillade indiscrète interloquait. Quand la jouvencelle bien « grassouillette » là où il faut est descendue du véhicule et que mon copain est revenu à lui-même, il a été aussi surpris et décontenancé que ceux-là à qui il inspirait de la répugnance. Ainsi est né un malentendu. Les défenseurs de circonstance de la morale lui font grief de son effronterie scabreuse alors que lui, grand passionné de lettres, ne cherchait qu'à assouvir sa curiosité intellectuelle jusqu'à oublier la présence de l'œil ; cette courroie de transmission qui met en branle la machine interprétative, l'intellect en tant qu'entendement.
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