Le 15 novembre dernier, le Comité de protection des journalistes (CPJ) a, au cours d'un dîner de gala à New-York, fait du journaliste Ahmed Abba, du nom du correspondant en langue haoussa de Radio France internationale, détenu depuis plus de deux ans pour non- dénonciation et blanchiment d'un acte terroriste, l'un des lauréats de ses quatre prix de la liberté de la presse internationale.
Le choix de la date de cette distinction honorifique à l'endroit du journaliste camerounais n'est pas fortuit, puisqu'elle est intervenue à la veille d'une nouvelle audience qui était prévue le 16 novembre dernier, dans le cadre de son procès en appel. Ce faisant, le CPJ entend donner un autre son de cloche que celui du pouvoir de Paul Biya. Pour le CPJ qui s'était déjà illustré à propos de cette cabale judiciaire à l'encontre du correspondant de RFI en demandant le retrait de l'organisation de la Coupe d'Afrique des nations au Cameroun, Ahmed Abba est tout sauf un terroriste. Il a fait son travail en tant que journaliste. Par conséquent, sa place ne saurait être en prison, mais sur les terrains de reportage. Le prix est donc destiné, selon Angela Quintal, responsable Afrique de l'organisation, à « mobiliser les opinions publiques partout à travers le monde » sur la cause de tous ces journalistes qui, sur le continent africain et dans le monde, sont menacés de poursuites par le biais des lois antiterroristes et dont Ahmed en est devenu le symbole. Mais ce prix infléchira-t-il la position de Paul Biya et son gouvernement ? Rien n'est moins sûr.
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