La chasse aux sorcières, et aux pratiques de la magie de façon plus générale, remonte à des temps anciens. Nous en avons en Tunisie un témoignage littéraire à travers un texte latin écrit par une de nos gloires méconnues de l'époque romaine, Apulée. Rendu surtout populaire en Europe pour son Âne d'or, Apulée est aussi l'auteur d'un livre intitulé Apologie, dans lequel il relate sa défense contre une accusation de magie qui l'a visé et qu'il a failli payer de sa vie. Cela se passait au IIe siècle après J-C. Donc bien avant que l'empire ne bascule dans le christianisme à l'époque de Constantin le Grand.
Lorsque l'Eglise catholique se lance au XIIIe siècle dans une guerre contre la sorcellerie, au prétexte qu'il s'agit d'une pratique païenne, elle ne fait donc, en réalité, que reconduire elle-même une politique propre aux Etats de l'époque païenne. En installant les bûchers pour y brûler en place publique ceux qu'elle considère comme des représentants de Satan, elle est davantage dans la continuité d'anciennes façons de faire que dans la fidélité à l'enseignement d'une tradition qui accorde d'autant moins de place au diable qu'elle en reconnaît une grande à la liberté de l'homme face au bien et au mal.
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