Dans 48 heures, ce sera la fin de l'actuelle session ordinaire du Parlement. Normalement, le Budget 2018 et la loi électorale devraient être examinés et adoptés. Mais, tout en état de cause, même si ces deux lois arrivaient à passer moyennant des amendements, la situation politique sera, néanmoins, cristallisée autour de la rupture du consensus.
Les Députés de la Majorité qui, en principe, se frottent les mains, n'auraient-ils pas mieux fait de laisser Aubin Minaku, négocier avec leurs collègues de l'Opposition, selon que Baudouin Mayo l'avait si bien suggéré, peu avant l'adoption, en force, de la loi électorale à la chambre basse ? Est-ce que ces derniers n'auraient-ils pas, à leur tour, mal fait de vider la salle et de laisser le champ totalement libre à leurs collègues de la Majorité ?
A qui, finalement, attribuer la faute ? Les uns et les autres se rejettent mutuellement la balle. On dirait qu'on en est là à un véritable jeu de pile ou face. Et, pourtant, il s'agit de la vie de la nation, de l'avenir des millions d'âmes et de la stabilité des institutions, au-delà du 31 décembre 2017.
D'ailleurs, l'épineuse question des élections qui, depuis le Centre Interdiocésain, avait été traitée via l'Accord conclu sous la férule des Evêques, demeure aujourd'hui, plus de douze mois après, comme le vrai tendon d'Achille.
Tenez ! La loi électorale pose problème, en termes de ses innovations jugées inopportunes. Les affaires du seuil de représentativité, de la machine à voter ainsi que de la caution divisent et mettent la classe politique en effervescence. De sorte qu'il n'est plus possible aujourd'hui d'espérer compter les candidats de l'Opposition dans la course à la présidentielle couplée aux législatives nationales ou provinciales, ni même, dans un certaine mesure, dans les autres échelons des élections locales, municipales, urbaines et locales.
A vrai dire, l'Opposition boude le calendrier électoral et réclame, plutôt, la tenue des élections, au plus tard, le 30 juin 2018. La même Opposition qui est déjà contre la loi électorale, exige la reconfiguration de la CENI et l'application rapide et intégrale de l'Accord de la Saint Sylvestre, plus spécifiquement, dans son volet consécutif à la décrispation politique, aux mesures de confiance et de respect des droits de l'homme et des libertés individuelles et collectives.
Comment, alors, penser qu'avec une telle tension, nourrie par la non-application d'un certain nombre des dispositions de l'Accord, que cette Opposition, même si, en revanche, elle réclamait l'alternance démocratique et le changement démocratique, puisse y aller, tête baissée, vers des élections made in Nangaa ? L'horizon paraît, à tout le moins, brumeux. Et, dans ce contexte, l'alchimie de la cacophonie pourrait élire domicile et empoisonner, à la limite, le climat politique. D'où, le 23 décembre 2018, reste hypothétique pour les joutes électorales tant qu'on n'aura pas résolu les questions qui fâchent. A cela, il faudrait y ajouter, les défis de la sécurité, du financement, de la logistique et, surtout, du renforcement des capacités des agents commis à la tâche. Donc, le processus, loin s'en faut, est toujours sur une pente raide. Que faire, alors que le temps presse ? Telle est, paradoxalement, l'équation. Aux politiciens, d'y répondre.