Afrique de l'Ouest: Le triptyque sécurité, développement et politique pour endiguer le terrorisme

6 Février 2018

La solution militaire a montré ses limites dans la lutte contre le terrorisme ou l’extrémisme religieux qui ne cesse de multiplier les foyers de tensions en Afrique de l’Ouest. Un diagnostic sans complaisance effectué à l’ouverture des panels, le lundi 5 février à Dakar, des Entretiens Eurafricains de Dakar, mise plutôt sur un cocktail sécurité, développement et politique pour enrayer le mal.

L’ambassadeur d’Allemagne au Sénégal est formel : « La sécurité, le développement et un dialogue politique fort sont les trois éléments pour résoudre le problème de sécurité qui sévit dans la sous-région ».

Il l’a fait savoir lors d’une conférence qui a convoqué la réflexion sur « Comment assurer la sécurité en Afrique de l’Ouest et favoriser son intégration économique, sociale et politique ? ». C’est dans le cadre des Entretiens Eurafricains qui se tient du 5 au 7 février à Dakar.

M. Stephan Röken qui co-animait le panel d’ouverture appelle les acteurs engagés dans la lutte contre le terrorisme à ne pas uniquement se focaliser sur l’intervention militaire. D’où la pertinence, selon lui, de l’Alliance du Sahel qui est une solution salutaire mise en place en partenariat avec la Banque Mondiale.

Lancée sous impulsion franco-allemande le 13 juillet à Paris, en présence du Président Emanuel Macron et de la Chancelière Angela Merkel, l’Alliance pour le Sahel associe les principaux partenaires du développement multilatéraux et bilatéraux des États du Sahel.

L’Alliance n’est pas une nouvelle structure ni une enceinte de plaidoyer financier, mais un mécanisme de renforcement de la coordination des partenaires pour une aide plus rapide, plus efficace et mieux ciblée.

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Les Cinq secteurs clefs ainsi ciblés  sont, entre autres, l’employabilité des jeunes -éducation et formation- ; agriculture, développement rural et sécurité alimentaire ; énergie et climat ; gouvernance ; décentralisation et appui au déploiement des services de base.

Ce postulat traduit, en quelque sorte, la nouvelle politique allemande pour l’Afrique avec qui elle entretient des relations économiques très faibles comparées à celles entre le continent et la France, la Turquie ou la Chine.

M. Röken pense que la migration peut jouer un grand rôle dans nouvelle dynamique que son pays veut impulser en direction de l’Afrique.

Dans cette volonté de restaurer l’ordre établi en Afrique de l’Ouest, l’ambassadeur de la France, quand à lui, pense que le problème est moins militaire que politique.

M. Christophe Bigot estime qu’il faut que les Etats soient plus structurés et légitimes aux yeux des populations.

Sur cette lancée, il juge nécessaire de trouver des relais locaux pour mieux aborder les questions de développement surtout dans les zones de conflits.

M. Bigot pense que l’éducation est la meilleure manière de lutter contre l’extrémisme car elle permet de propager des valeurs.

Ce qui remet au gout du jour la nécessité de réviser le mandat des institutions engagées dans la lutte contre le terrorisme. Ce qui, aux yeux de l’ambassadeur de la France au Sénégal, ne signifie pas pour autant un abandon total de la solution.

Compte tenu de la montée des foyers de tension au niveau de la région ouest africaine, Christophe Bigot pense qu’il faut augmenter les efforts financiers en destination du G5 en renforçant son matériel et équipement de lutte.

Dans cette même veine, le président du think tank WATHI repositionne le défi politique.

Pour Gilles Yabi, personne ne détient des solutions miracles face au problème de l’insécurité qui sévit au Sahel mais il faut créer les conditions pour les Etats aient des capacités d’anticipation.

A cela, il y greffe la capacité à élaborer des politiques publiques au profit des populations.

C’est ainsi qu’il dessine cinq pistes d’actions qui revient, entre autres, à réexaminer les pratiques politiques pour changer les relations entre gouvernants et gouvernés avec l’implication des populations dans la définition des politiques publiques.

Il consiste également à renforcer les capacités des Etats dans l’élaboration d’analyses publiques et de stratégies, rationnaliser toutes les initiatives régionales, construire une société civile africaine forte…

Ce qui suppose des investissements importants dans la recherche, l’aménagement d’espaces de discussion…

Le secrétaire exécutif du Conseil de l’Entente, M. Patrice Kouamé, pour sa part, souligne l’urgence d’améliorer les conditions de vie surtout en zone rurale avec un impact certain sur les populations.

L’ingénieur général des Ponts chaussées et démo-économiste, M. Jean-Marie Cour, quant à lui, met le doigt sur la transition démographique qui caractérise la région ouest-africaine. Pour lui, les Etats doivent gérer ce processus ; d’où la nécessité de la capture du dividende démographique.

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