Le Libéria vient de loin. Mais il peut également regarder loin. Première nation africaine officiellement indépendante (26 juillet 1847), comme on le ressasse dès le collège, il a maintenant dépassé les clivages ethniques qui ont fait son histoire. Les premiers balbutiements de cette terre fertile (plus tard la richesse de son sous-sol fera en partie son malheur) viennent de l'initiative d'une société « philanthropique » américaine, la National colonization society of America, qui choisit cette partie du golfe de Guinée, à l'embouchure du fleuve Saint-Paul, pour installer des esclaves libérés ; en réalité, la motivation essentielle était de diminuer le nombre de noirs outre-Atlantique.
Toujours est-il que ces anciens esclaves américano-libériens deviendront les « maîtres » des autochtones grâce au suffrage censitaire lors des élections, leur imposeront le travail forcé ; ils ne leur accorderont le droit de vote qu'en 1945, un siècle après l'indépendance du pays qui s'était entretemps construit une économie prospère basée sur l'hévéa (la plantation de Harbel - 76 000 ha actuellement- est la plus grande du monde) et les concessions offertes aux multinationales américaines et allemandes pour le fer autour du mont Nimba. Le pays ne s'en portera pas mieux avec la fin de la domination des américano-libériens avec le coup d'Etat de 1980 qui porte au pouvoir un obscur sous-officier « autochtone », Samuel Doe.
...