Afrique de l'Ouest: Le Maroc reprécise à Accra son ambition d'entrer dans la CEDEAO

Nana Dr. Appiagyei Dankawoso, Président de la Chambre nationale de commerce et d'industrie du Ghana.
18 Mai 2018

Le Maroc ne lâche pas prise concernant son ambition d’adhérer à la CEDEAO. C’est dans ce cadre que, après Dakar et Abidjan, l’Institut Amadeus a tenu, le mardi 15 Mai à Accra, la capitale du Ghana, une rencontre de sensibilisation à l’endroit du secteur privé ouest africaine.

- Le Think Tank africain, l’Institut Amadeus, spécialisé sur les questions africaines et le Groupe Imani, qui est un groupe de réflexion ghanéen " dédié à la promotion des institutions d'une société libre à travers l'Afrique se sont donnés la main pour vendre le dossier marocain dans la CEDEAO.

La question était à l’ordre du jour lors d’une rencontre tenue le mardi 15 Mai à Accra. Les débats très passionnés à certains moments ont porté sur les avantages que le Maroc pourrait apporter à la CEDEAO et les craintes que certains redoutent par rapport à cette adhésion.

Plusieurs personnes ont tenu à savoir ce que le Maroc poserait sur la table pour accéder à la zone communautaire et si ce partenariat profiterait aux populations de la région.

Le cas spécifique du Ghana où se tenait la réunion a été traité en profondeur. Le sujet du Sahara occidental a été évoqué plusieurs fois même si ça ne concernait pas vraiment la thématique de la journée qui était "Adhésion du Maroc à la CEDEAO : Vers un renforcement de la communauté Ouest-Africaine".

Un sujet qui a été remué dans toutes ses facettes à travers des sous-thèmes comme : « Le Maroc et la Cedeao : explorer les fondements et les facteurs contextuels de l'adhésion du Maroc », « Dialogue avec les partenaires ghanéens: comprendre le processus d'adhésion du Maroc à la Cedeao », et « Le Ghana et le Maroc, quels enjeux économiques dans une perspective d'adhésion. »

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Nana Yaa Ofori, chroniqueur et conseiller en communications stratégiques a utilisé sa casquette de modératrice pour poser des questions très complexes aux défenseurs de l’adhésion du Maroc. 
lle s’est qualifiée, elle-même, de personne « sainement cynique » en signifiant son étonnement face à la décision du Maroc d’accéder à la Cedeao. « Pourquoi le Maroc, pourquoi le Maroc ? », n’a-t-elle cessé d’entonner.

Le Ghana, a-t-elle déclaré, a présenté un agenda clair par rapport à ce futur partenariat avec le Maroc. Ce pays souhaite une collaboration dans les domaines de l’agroalimentaire, l’éducation, le transfert de technologie et les finances.

Elle a intimé aux défenseurs du Maroc qui ont fait le déplacement à Accra de décliner clairement et sans ambiguïté les intentions du royaume cherifien.

Mme Ofori tenait coûte que coûte à savoir ce que voulait vraiment le Maroc, connaitre les dessous leur entêtement à intégrer la région ouest-africaine.

Nombreux étaient ceux qui dans la salle ont essayé de balayer d’un revers de main les réserves de tous ceux qui considèrent l’entrée du Maroc à la CEDEAO comme une menace.

C’est à l’image de M. Ali Benjelloun, administrateur à l’Institut Amadeus, qui estime : « il faut croire comme Nkrumah que nous ne faisons face, ni à l’Ouest, ni à l’Est, nous essayons d’avancer tout simplement ».

Le président d’Amadeus Institute, M. Brahim Fassi Fihri, a quant à lui, a convoqué le Roi Mohamed VI qui dit que : « l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique ».

Dans cette même dynamique, M. Ousmane Sène, président de l’Ipar (Initiative Prospective Agricole et rurale) qui avait co-organisé la conférence inaugurale de Dakar avec le Cires (Centre Ivoirien de Recherches Economiques et Sociales) et bien sûr l’Amadeus Institute, le 29 mars passé, considère qu’on doit aller dans le même sens que Nkrumah qui disait que «  pour être libre, et profiter pleinement des richesses de l’Afrique, on doit s’unir ».

Pour Nabila Freidy, femme entrepreneure marocaine, ce partenariat doit permettre de construire un avenir en commun où tout le monde trouvera son compte. « Il y a plus de choses en commun entre les deux peuples que d’éléments les séparant », a-t-elle affirmé.

M. Abdou Diop, Président Afrique de la Confédération des entreprises du Maroc, qui représentait le secteur privé marocain à cet événement était de ceux qui ont souhaité voir plus d’échanges entre le Maroc et le Ghana.

A son avis, le Ghana pourrait profiter de ce partenariat pour exporter plus de bauxite au Maroc à moindre frais par exemple, car ce dernier est en demande de cette matière première dans le secteur de l’industrie automobile qui y est très développé. Avant de faire remarquer que « les échanges entre la Maroc et le Ghana sont vraiment très bas et devraient être boostés ».

Mr Nguessan Coffie Francis José du Centre Ivoirien de Recherches Economiques et Sociales (Cires), pour sa part, a affiché un grand enthousiasme  quant à la future entrée du Maroc à la Cedeao.

D’après lui, ça permettrait de bénéficier du savoir-faire marocain, de leur avancée technologique. Et de souligner, la côte d’Ivoire a un réel besoin d’industrialisation pour une croissance durable.

Cette collaboration, a-t-il poursuivi, pourrait aider dans l’industrie de transformation du cacao, du café et le secteur de l’hévéa aussi.

« Les pays de la Cedeao sont à un tournant décisif et doivent accepter le Maroc pour faire un saut qualificatif ».

Le dossier du Sahara Occidental s’invite au débat                     

La question du Sahara occidental que les marocains préfèrent appeler Sahara marocain a soulevé quelques préoccupations aussi. Un intervenant a voulu qu’on lui explique comment le Maroc et la CEDEAO comptaient trouver un terrain d’entente  alors que les pays de cette entité reconnaissent le Sahara occidental.

Sur ce sujet, l’ambassadeur du royaume chérifien au Ghana, M. Mohamed Farhat a tenu à spécifier que le problème du « Sahara marocain » a été créé de toute pièce par les colonisateurs qui ont dessiné des frontières qui n’existaient pas avant leur arrivée et ont voulu l’imposer aux Marocains. La majorité des résidents de ce territoire, a-t-il affirmé, se considèrent comme des Marocains. Donc ceci est en quelque sorte, un faux-problème.

Sur le cas du Nigéria qui n’est pas très enthousiaste par rapport à l’accession du Maroc à la Cedeao, M. Mohamed H’Midouche, ancien représentant résident régional du Groupe de la Banque africaine de développement pour l'Afrique de l'ouest s’est exprimé en vociférant que « l’intégration régionale de l’Afrique ne va jamais stopper, et le Nigéria ne le stoppera pas ». 
A l’en croire, un rendez-vous serait prévu à Abuja pour renverser la tendance. Un comité composé des présidents du Ghana, de la Cote d’Ivoire, du Niger, du Togo et de la Guinée a été créé pour chercher à aider la politique africaine du Maroc, dans son accession à la CEDEAO.  
A cet effet, l’ambassadeur Farhat a cité un proverbe africain qui dit : « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». 
M. Edouard Sito qui pense qu’on a besoin d’une Afrique appartenant aux africains se désole du fait qu’on signe des accords avec des étrangers qui viennent et emportent notre argent, et ça doit cesser. 
Pour lui, on doit favoriser l’échange entre Africains, ou l’échange sud-sud. Ce qui colle avec les ambitions déclinées dans les Agendas 2030 de l’ONU, 2063 et la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) de l’Union Africaine. 

 

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