La COP24 entame son marathon pour mettre en orbite l'Accord de Paris

3 Décembre 2018
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African Development Bank (Abidjan)

Tôt, ce lundi 3 décembre, au cœur de la région de la Silésie, au sud de la Pologne, une foule se presse devant les portes du Centre de conférence de Katowice, le fameux badge d'accès à la COP24 autour du cou. Quelque 20 000 personnes sont attendues tout au long des deux semaines que dure le sommet.

Si le coup d'envoi officiel du sommet mondial sur le climat a été donné la veille, sous les auspices de Frank Bainimarama, Premier ministre des îles Fidji et président de la COP23, de Michał Kurtyka, secrétaire d'État au ministère polonais de l'Énergie et président désigné de cette COP24, et de Patricia Espinosa, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, c'est ce lundi que la COP24 entrait dans le vif du sujet, avec l'ouverture, en milieu de matinée, des premières séances plénières, à commencer par le « segment de haut niveau » qui réunit les hauts responsables d'États.

Si cette 24e conférence trouve moins d'écho auprès du grand public que la COP21 à Paris, notamment, qui avait abouti à la signature historique de l'Accord de Paris, c'est qu'elle est beaucoup plus technique, voire technocratique. Pour autant, elle s'avère cruciale : il ne s'agit pas moins que d'y entériner les modalités et les moyens de mettre en orbite l'Accord de Paris (lire l'entretien avec Seyni Nafo), afin que les engagements ne restent pas un vœu pieux.

Les pays développés se sont engagés à porter à 100 milliards de dollars par an, d'ici à 2020, l'enveloppe du financement climatique en faveur des pays en développement. Et les pays du Sud, dont les 54 pays d'Afrique, attendent à Katowice des engagements plus clairs des pays du Nord sur le sujet.

Or pour l'ouverture de cette COP24, seule une trentaine de chefs d'État et de gouvernement, essentiellement d'Afrique, de l'Union européenne et des petits pays insulaires, ont fait le déplacement à Katowice. Les présidents du Nigeria, du Bénin, du Sénégal, du Botswana, de Mauritanie ou encore du Congo notamment, n'ont pas manqué le rendez-vous. En revanche, aucun des dirigeants des États membres du G20 - qui sont responsables de 80 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales - ne semble avoir inclus Katowice dans son agenda diplomatique...

Un sentiment général d'urgence climatique

Pourtant, jamais l'alarme n'a retenti aussi fort.

Début octobre, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) publiait un rapport alarmant : au rythme actuel du réchauffement, le seuil de 1,5 °C sera franchi entre 2030 et 2052...

Mi-novembre, une étude publiée dans Nature Climate Change modélisait les catastrophes extrêmes et simultanées auxquelles l'humanité sera soumise d'ici à 2100, si l'on ne réduit pas drastiquement les émissions de gaz à effet de serre.

Et, à la veille de l'ouverture de la COP24, le 29 novembre 2018, c'était au tour de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) de sonner le tocsin : si les tendances actuelles à la concentration des gaz à effet de serre se poursuivent, la température moyenne à la surface du globe augmentera de 3 à 5 degrés Celsius d'ici à la fin du XXIe siècle.

De tels scénarios ne sont pas de bon augure pour l'Afrique, qui subit de plein fouet les effets du changement climatique. C'est dire s'il lui faut unir toutes ses forces et porter haut son plaidoyer pour parvenir à des avancées concrètes dans la lutte contre les dérèglements du climat.

Journée de l'Afrique, point d'orgue de l'ouverture du sommet

Ce premier jour de la COP24 est marqué par la célébration de la Journée de l'Afrique, une initiative conjointe de la Banque africaine de développement (BAD), de la Commission de l'Union africaine (CUA), de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA) et du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). Elle a pour thème cette année : « Africa NDC Hub : pour soutenir l'Agenda 2063, aller plus loin et plus vite avec la mise en œuvre des CDN [contributions déterminées au niveau national] ».

Au mois de novembre 2018, 90 % des pays d'Afrique - 49 nations sur 54 - avaient ratifié leurs contributions déterminées au niveau national, des chiffres qui témoignent de la prise de conscience et de l'engagement du continent dans la lutte contre le changement climatique.

L'imminence du désastre climatique souligne une autre urgence : celle d'agir. Vite. Pour bâtir une Afrique résiliente, verte et prospère.

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