Financement des infrastructures - Adesina esquisse les contours d'une action collective mondiale

28 Avril 2022
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a reçu, mardi, les ministres du G7 et les dirigeants des banques multilatérales de développement. La table ronde virtuelle de haut niveau pour discuter de l'augmentation du financement des infrastructures - organisée dans le contexte du plan " Building Back a Better World " du président Biden - a été animée par la sous-secrétaire américaine au Commerce international et au Développement, Alexia Latortue.

Lors de cette table ronde, le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a salué la secrétaire Yellen et l'administration Biden pour la mobilisation de ressources de développement destinées à renforcer le financement des infrastructures - une nécessité pour l'Afrique et d'autres parties du monde en développement, a-t-il souligné.

Le président Adesina a indiqué que la Banque africaine de développement, premier bailleur de fonds des infrastructures en Afrique, avait investi plus de 44 milliards de dollars dans les infrastructures du continent sur les seules six dernières années, dans des domaines aussi vitaux que les transports, l'énergie, l'eau et l'assainissement. Malgré les efforts collectifs, l'Afrique reste confrontée à un déficit de financement des infrastructures de 68 à 108 milliards de dollars par an, a-t-il déploré.

Adesina a esquissé huit pistes pour combler le déficit de financement des infrastructures en Afrique :

Préparation de projet

Le président de la Banque africaine a souligné combien les mécanismes de préparation de projet sont essentiels pour développer des projets d'infrastructure bancables, car l'un des principaux écueils aux projets d'infrastructures est de porter des projets commercialement viables jusqu'à leur clôture financière. Il a évoqué la Facilité de préparation des projets d'infrastructure du NEPAD - le fonds spécial créé pour promouvoir l'intégration régionale et aider les pays africains à élaborer des projets de qualité et bancables, à même d'attirer les investissements des secteurs public et privé. Et d'indiquer que la Facilité avait catalysé jusqu'ici 25 milliards de dollars d'investissements en aval, en faveur de l'intégration des infrastructures.

Mobiliser les investisseurs institutionnels

Le président Adesina en est convaincu : les investisseurs institutionnels - fonds de pension, fonds souverains et compagnies d'assurance notamment - détiennent assez de ressources pour changer d'échelle le financement des infrastructures et ainsi passer de milliards de dollars à des billions de dollars. Ensemble, ces institutions, avec les banques commerciales, détiendraient 103 000 milliards de dollars d'actifs sous gestion, a-t-il déclaré. " Cette réserve de capitaux est si vaste, que combler le déficit de financement des infrastructures en Afrique n'en représenterait que 0,03 % ou 0,04 % ", a-t-il analysé. Et d'ajouter que les banques multilatérales de développement doivent prendre des risques d'investissement à un stade précoce dans la phase de développement d'un projet.

Améliorer le financement public des infrastructures

Le président de la Banque africaine de développement a indiqué que les gouvernements avaient fourni la majeure partie du financement des infrastructures et qu'ils doivent améliorer l'efficacité du financement public des infrastructures. Ceux-ci devraient aussi promouvoir un processus d'approvisionnement compétitif, une conception de projet de qualité, une exécution rapide et une meilleure culture de la maintenance, a-t-il dit. Avant d'appeler à mettre l'accent sur des infrastructures de qualité et à aller au-delà de projets à moindre coût, vers des projets plus importants susceptibles d'avoir un impact à grande échelle.

Attirer le secteur privé

Le président de la Banque a appelé les gouvernements à œuvrer davantage pour attirer le secteur privé vers le financement des infrastructures. Les gouvernements doivent améliorer l'environnement politique, juridique et réglementaire pour encourager les investissements en partenariat public-privé (PPP) dans les infrastructures, a-t-il ajouté. Le conseil d'administration du Groupe de la Banque africaine de développement vient d'ailleurs d'approuver un nouveau cadre de PPP pour le financement des infrastructures, a-t-il révélé.

Mobiliser des financements pour les infrastructures vertes

Mobiliser des financements en faveur d'infrastructures vertes est crucial, selon le président Adesina, qui a précisé que la part de l'Afrique dans les obligations vertes mondiales ne s'élève qu'à 0,4 %. Sur les 522 milliards de dollars d'obligations vertes émises dans le monde entre 2007 et 2018, seuls 2 milliards de dollars ont été émises en Afrique, a-t-il indiqué. Et d'expliquer que c'est la raison pour laquelle la Banque africaine de développement avait collaboré avec des partenaires pour lancer l'Alliance pour les infrastructures vertes en Afrique. La Facilité pour une transition énergétique juste, que la Banque africaine de développement développe avec les partenaires du G7 et l'Afrique du Sud, offrira l'opportunité de lever des financements climatiques supplémentaires en faveur du continent, a déclaré Akinwumi Adesina.

Gérer le risque

Le risque est une entrave majeure aux investissements dans les infrastructures, a souligné le président Adesina. Il a conseillé d'en faire plus en matière de réduction des risques, via des garanties partielles contre le risque et des garanties de crédit partielles, pour attirer le secteur privé.

" Étirer " le bilan des banques multilatérales de développement

Le président de la Banque africaine de développement a souligné la nécessité, pour les banques multilatérales de développement, d'" étirer " leurs bilans pour financer les infrastructures. Il a indiqué que la Banque africaine de développement avait lancé une titrisation synthétique d'un milliard de dollars, pour déplacer le risque pesant sur son portefeuille de prêts au secteur privé vers le secteur privé lui-même.

Monnaie locale pour le financement des infrastructures

Adesina a expliqué que, comme la majeure partie des infrastructures est financée par des emprunts étrangers alors que les flux de revenus sont en monnaie locale, le risque financier s'avère élevé pour les investisseurs. On peut et on doit faire davantage, en se concentrant sur le financement des infrastructures en monnaie locale, a-t-il plaidé. Ce qui pourrait contribuer à la viabilité de la dette, a-t-il dit, car la majeure partie de la dette de l'Afrique est aujourd'hui due au financement des infrastructures.

La secrétaire au Trésor Yellen a fait observer que, même en cas de crise exigeant une attention urgente, il est important de ne pas perdre de vue les dossiers au long cours comme les infrastructures. Un engagement à long terme en faveur d'investissements dans les infrastructures est l'un des outils disponibles les plus fiables pour accroître la croissance et, ce faisant, réduire la pauvreté et favoriser une économie mondiale plus stable.

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