Madagascar: Le prix du journalisme investigatif "Malina" veut favoriser les enquêtes indépendantes

Andry Randrianasolo et Nadia Raonimanalina, deux des lauréats du Grand Prix Malina de journalisme d'investigation lors de la remise de celui-ci le 3 mai 2022 à Antananarivo.

À Madagascar, le " Grand Prix Malina " qui récompense les journalistes d'investigation pour leur travail d'enquête sur des thématiques liées à la corruption, a été remis mardi 3 mai, à l'occasion de la journée de la liberté de la presse. À la cérémonie de remise de prix, étaient présents celles et ceux qui se battent, au prix de leur sécurité et de celle de leurs proches, pour fournir une information différente de celle présentée dans les médias nationaux classiques, fortement politisés.

Grâce à leur reportage sur " la corruption dans l'attribution des marchés publics sur la construction des écoles publiques ", Andry Randrianasolo et deux de ses confrères, tous trois freelance, viennent de remporter le premier prix de cette quatrième édition du concours. Un reportage aux impacts multiples :

" Notre travail dérange vraiment, Suite à cette investigation, on a reçu plusieurs messages de menaces. Pas seulement contre nous mais aussi contre les membres de nos familles. Parallèlement, on ne nous permet plus tellement d'accéder aux sources officielles. Les autorités ont peur de s'exprimer ; suite à ce reportage, certains des responsables qui ont osé parler ont été limogés. Notre travail dérange vraiment. "

Pourtant, hors de question de s'arrêter là. " Il ne faut pas se laisser faire. Si on se tait aujourd'hui, alors on les laisse gagner, résume-t-il. La liberté de presse, c'est un combat de tous les jours. Ce qui me motive, c'est que je suis convaincu que notre travail peut faire bouger quelques lignes même si ce n'est pas une révolution. "

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La plateforme sur laquelle a été diffusé le reportage, c'est celle du Réseau Malina. Le seul et unique média d'investigation du pays, auquel contribue une vingtaine de journalistes. Le site est financé par une quinzaine de partenaires étrangers qui se sont engagés à ne jamais interférer dans le contenu éditorial.

Mialisoa Randriamampianina est la rédactrice en chef du Réseau Malina : " Notre réseau Malne ne suffit pas à combler les besoins d'investigation du pays. Il faudrait beaucoup plus de journalistes d'investigation. La grande majorité des médias malgaches appartiennent aujourd'hui à des personnalités politiques. Conséquences : l'information n'est pas produite de façon indépendante par des journalistes qui subissent des pressions sur le contenu éditorial. "

Avec l'augmentation du nombre d'enquêtes publiées chaque année et leurs thématiques explosives traitées, la responsable des journalistes admet faire face à de nouveaux enjeux.

" D'un point de vue sécuritaire, ce qui est le plus problématique pour les journalistes d'investigation, ce n'est pas tant d'aller dans les zones rouges où sévissent les dahalos (bandits de brousse, NDLR), c'est plutôt de publier des informations qui contrarient certaines personnalités du pouvoir et qui ont les moyens de se venger... "

Le journalisme d'investigation, une " discipline salutaire pour la démocratie du pays ", tous dans la cérémonie en étaient convaincus.

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