Au Mali, le délibéré attendu dans l'une des deux procédures judiciaires visant l'économiste Étienne Fakaba Sissoko devait être rendu ce mercredi 11 mai. La justice a finalement décidé de rouvrir les débats.
L'affaire a été renvoyée au 1er juin prochain. Le tribunal de la Commune IV de Bamako a décidé de rouvrir les débats afin de verser une pièce supplémentaire au dossier, explique Maître Ibrahim Marouf Sacko, l'avocat d'Étienne Fakaba Sissoko.
La pièce en question figurait dans le dossier au cours de l'enquête préliminaire, mais manquait lors de l'audience qui s'est tenue le mois dernier. Elle concerne des propos tenus par l'économiste contre l'actuel Premier ministre de transition, qu'il accusait de favoritisme pour des nominations à l'époque où Choguel Maïga dirigeait l'autorité de régulation des télécoms. Mais Étienne Fakaba Sissoko ayant reconnu avoir tenu ces propos, l'absence de la pièce ne posait pas de difficulté et la juge avait décidé de poursuivre l'audience. Elle a finalement annoncé avoir changé d'avis.
Une décision " saugrenue "
Une source judiciaire au sein du tribunal de la Commune IV de Bamako explique à RFI que l'objectif est en fait de permettre à la défense de produire des preuves supplémentaires pour justifier ces propos. Ce que la défense n'avait jamais demandé. Aussi Maître Ibrahim Marouf Sacko regrette-t-il une décision qu'il qualifie même de " surprenante " et de " saugrenue ". Et de s'interroger sur " les causes réelles " de ce nouveau rebondissement. Mais il l'assure : son client, quoique très déçu, reste combatif.
Étienne Fakaba Sissoko est notamment poursuivi pour avoir tenu des " propos tendant à la stigmatisation ou à la discrimination religieuse ". Il avait critiqué le fait que le concours de la fonction publique et les Assises nationales de la refondation, organisées par le gouvernement de transition, se tiennent à Noël. Un choix qu'il jugeait préjudiciable pour les chrétiens dans un État laïc. Mais son avocat estime que ce sont avant tout ses prises de position médiatiques, sur les conséquences néfastes pour le Mali des sanctions économiques de la Cédéao, qui lui ont valu ces poursuites qualifiées de " politiques ".
Le parquet du tribunal de la Commune IV avait requis la condamnation avec sursis d'Étienne Fakaba Sissoko. La défense exigeait sa relaxe. L'économiste serait dans tous les cas resté en prison puisqu'il est sous mandat de dépôt dans le cadre d'une autre affaire, de faux diplôme, pour laquelle l'enquête est toujours en cours.