Congo-Kinshasa: Affaire Chebeya - Le verdict en appel relance le débat sur la peine de mort

Une vue du siège de la haute cour militaire à Kinshasa

La Voix des sans voix appelle à l'ouverture d'un procès contre le "commanditaire" de l'assassinat de Chebeya.

Rostin Manketa, directeur exécutif de la Voix des Sans Voix, se dit à moitié satisfait du verdict de la Haute cour militaire.

"Partiellement satisfait parce qu'il y a un suspect numéro un pour nous, le général John Numbi, qui n'a pas encore été jugé et c'est après son jugement que nous pourrons donner une appréciation complète. Mais nous sommes quand même satisfaits parce que là c'est un pas qui a été franchi" précise t-il.

Parmi les trois prévenus en appel, la cour a condamné à la peine capitale le commissaire supérieur de police Christian Ngoy Kenga Kenga, reconnu coupable de l'assassinat des deux défenseurs des droits de l'Homme Floribert Chebeya et Fidèle Bazana en juin 2010.

Le sous-commissaire Jacques Migabo, l'un de ses collaborateurs, a écopé de douze ans de prison ferme. Enfin, le major Paul Mwilamwe a lui été acquitté.

Quid du moratoire sur la peine de mort ?

Ce verdict relance le débat sur la peine de mort dans le pays. Depuis 2003, la RDC vit en effet sous le régime d'un moratoire sur la peine de mort. Et 19 ans après, ce moratoire n'a toujours pas été transformé en loi.

Pour Claudine Bela, coordinatrice du Centre d'éducation et de recherche pour les droits de la femme, il est temps qu'une loi abolissant la peine de mort soit promulguée.

"Nous voulons que le pays puisse déclarer officiellement qu'il a aboli la peine de mort de manière définitive. Nous avons encore des instruments, par exemple le code militaire qui maintient la peine de mort, donc il faut réviser toutes ces dispositions.", a-t-elle dit.

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"La majorité de la population n'est pas révisioniste"

Abolition ou non de la peine de mort, la question divise l'opinion. Maître Richard Bondo, avocat et activiste des droits humains, affirme que la majorité des Congolais pense qu'avec toute la violence que ce pays a connue et continue de connaître, la peine de mort devrait être appliquée pour dissuader les criminels.

"Malgré ce que nous faisons dans les associations de défense des droits de l'Homme, la majorité de la population n'est pas révisionniste, elle tient à ce que la peine de mort soit maintenue." explique t-il.

Cette position place la RDC dans une situation difficile vis-à-vis de certains pays et partenaires. A titre d'exemple, le Rwanda avait refusé en 2010 d'extrader en RDC un ancien chef rebelle, au motif que la RDC n'a "pas encore aboli la peine de mort".

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