Maroc: Beata Javorcik - " Nous prévoyons une croissance de 3% pour le Maroc en 2023 "

La croissance de l'économie nationale devrait atteindre 1,2% en 2022, avait récemment annoncé la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) qui a tenu son Assemblée générale annuelle du 10 au 12 mai à Marrakech.

Selon les prévisions de cette institution financière internationale, chargée de faciliter le passage à une économie de marché dans les pays d'Europe centrale et orientale, elle devrait rebondir à 3% en 2023.

Dans un entretien accordé à la MAP, Beata Javorcik, économiste en chef à la BERD, est revenue sur les prévisions de croissance de la Banque européenne pour le Maroc apportant au passage des éclaircissements pour mieux comprendre les pronostics de l'organisation financière.

" La modification majeure des prévisions de la BERD par rapport au mois de mars concerne essentiellement le changement d'hypothèses ", a-t-elle d'emblée déclaré.

" En ce moment, nos prévisions prennent en considération le conflit entre la Russie et l'Ukraine et la hausse des prix du pétrole, mais il n'y aura pas d'interruption de l'approvisionnement en hydrocarbures de la Russie vers l'Europe ", a expliqué l'économiste.

Beata Javorcik a toutefois précisé que " ces changements de prévisions concernent particulièrement l'Ukraine et les pays des autres régions où nous opérons, et n'affectent pas assez les prévisions dans les pays d'Afrique du Nord ".

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Ainsi, s'agissant du Maroc, elle a indiqué que " nous n'avons pas changé nos prévisions par rapport à mars et nous tablons sur une croissance du PIB en 2022 de seulement 1,2%, soit une baisse de 2% par rapport à ce que nous attendions pour novembre 2021 ".

Selon les explications de l'économiste, " ce repli est dû à plusieurs facteurs, dont notamment les conditions météorologiques défavorables, en l'occurrence la sécheresse qui affecte les productions agricoles ainsi que la guerre en Ukraine ". Et d'ajouter que cette dernière impacte le Maroc à travers deux canaux, à savoir les prix alimentaires et la hausse des prix de l'énergie.

Dans son analyse, Beata Javorcik prévient également que " nous nous attendons à des situations plus difficiles en raison du ralentissement de l'économie mondiale, en particulier en Europe ".

Selon elle, "l'année prochaine, nos hypothèses dans la base de prévision stipulent que la guerre sera terminée d'ici la fin de l'été. A cet effet, nous prévoyons une croissance de 3% pour le Maroc en 2023".

A titre de rappel, d'autres institutions internationales et nationales se sont également livrées à l'exercice de la prévision de croissance pour le Maroc au titre de l'année en cours.

Ainsi, à titre de comparaison, en avril dernier, la Banque mondiale indiquait dans son dernier " Bulletin d'information économique de la région MENA ", que l'économie marocaine devrait enregistrer une croissance de 1,1% cette année avant de bondir à 4,3% en 2023.

Dans son dernier rapport sur les " Perspectives de l'économie mondiale ", rendu public le 19 avril dernier, le Fonds monétaire international (FMI) avait pour sa part prévu que le taux de croissance de l'économie marocaine se situerait également à 1,1% en 2022. Lequel taux devrait s'élever à 4,6% l'année suivante, selon l'institution internationale.

Après un rebond qui aurait atteint 7,3% en 2021, la croissance nationale devrait atteindre 0,7% en 2022, avait de son côté relevé Bank Al-Maghrib à l'issue de la première session de l'année de son Conseil.

" Pâtissant de conditions climatiques particulièrement défavorables, la campagne agricole devrait enregistrer, selon les prévisions de BAM, une production céréalière autour de 25 millions de quintaux et ce, après 103,2 millions de quintaux un an auparavant. La valeur ajoutée agricole devrait ainsi baisser de 19,8%, avait souligné BAM lors de cette rencontre, tenue mardi 22 mars 2022.

Autres prévisions, celles du Haut-commissariat au plan (HCP). Un aperçu des tendances conjoncturelles relevées par l'institution publique montre qu'" au premier trimestre 2022, l'activité économique aurait affiché une progression de 1,2%, en variation annuelle, au lieu de 1% une année plus tôt, tirée principalement par un accroissement de 3,3% de la valeur ajoutée hors agriculture ".

Dans une note de conjoncture (N°40) rendue publique en avril dernier, le HCP ajoutait qu'au deuxième trimestre 2022, la croissance des activités hors agriculture évoluerait à un rythme plus soutenu, portée par la poursuite de la reprise des branches tertiaires.

Ainsi, selon l'organisme public et " compte tenu d'une baisse de 12,9% de la valeur ajoutée agricole, la croissance de l'économie nationale se situerait à 1,8%, au deuxième trimestre 2022, au lieu de 15,2% au même trimestre de 2021 ".

A titre de rappel, le Budget économique prévisionnel 2022, élaboré par le Haut-commissariat, avait annoncé en début d'année que " l'année 2022 devrait connaître un ralentissement de la croissance économique nationale attribuable à l'atténuation de l'effet de base dont aurait profité le rythme de la croissance en 2021 et à la baisse de la valeur ajoutée agricole après une année exceptionnelle marquée par une production record en 2021 ".

Pour cette année, il sied de rappeler également que le gouvernement conduit par Aziz Akhannouch table sur un taux de croissance oscillant entre 1,5% et 1,7%.

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