Algérie: Le Qanun, instrument de musique traditionnelle, témoin des siècles et narrateur des temps

Alger — Le Qanun, cet instrument noble de musique traditionnelle, témoin des siècles, présent aux premiers rangs des orchestres classiques de musiques savantes, représente la richesse du patrimoine culturel de nombreux pays, un narrateur des temps, dont les méthodes d'apprentissage sont simplifiées par le musicien passionné, Mohamed Saadaoui dans son ouvrage "Méthodes de Qanun", à paraitre prochainement.

Bien que son invention ait été attribuée au philosophe musulman d'origine perse, Abû Nasr Al-Fârâbî, le Qanun aurait existé bien avant, à l'époque de l'empire byzantin, où il était "très présent dans la musique savante profane", explique le maître-qanuni, avant d'ajouter qu'au Xe siècle, il figurait dans les contes des "Milles et une nuits".

Le spécialiste du qanun rappelle, avec regret, l'absence d'écoles dédiées à l'apprentissage de cet instrument et encore moins de classes dans les différents instituts de musique en raison de l'inexistence de professeurs qualifiés, ce qui a réduit l'apprentissage à l'oralité et l'expérience pratique des maîtres qui l'enseignent.

Après "huit ans de recherches et d'études" de plusieurs méthodes d'apprentissage d'éminent qanunis à travers le monde, et exploré pendant longtemps les différents styles et techniques de jeu, le musicien chercheur a mis au point une "méthode idoine" qui pourrait donner les meilleurs résultats à terme et rendre cet instrument plus accessible à l'universalité.

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Apportant du nouveau dans la méthodologie, basée sur une "pédagogie progressive propre" et dans le développement de l'harmonie, l'auteur a créé environs 2000 exercices, avec et sans plectre (lamelle pour faire vibrer les cordes), après les avoir structurés en chapitres en explorant le domaine de l'harmonie.

Instrument à cordes pincées de la famille des cithares sur table, le Qanun, souvent qualifié de "magique et de céleste", est utilisé dans le monde arabe, en Asie mineure et sur la rive sud de la méditerranée.

Cet instrument traditionnel a connu les premières transformations au XIXe siècle, avec l'introduction, par les "luthiers de l'Empire ottoman", de leviers ("mandal" en turc et "âorab" en arabe), à sa gauche près des chevilles, pour modifier la hauteur du son. De nos jours, le qanun présente une forme trapézoïde et compte 78 cordes, avec une caisse de résonance en noyer, acajou ou en érable, à l'épaisseur variant selon les modèles de 3 à 10 centimètres.

Rappelant que l'instrument possède un registre tonal qui s'étale des sonorités basses à celles aigues (3 octaves et demi), l'auteur a précisé que les partitions pour Qanun, s'écrivaient, comme pour le piano et la harpe.

Après un passage à l'association de musique andalouse El-Fekhardjia et une reconversion réussie du piano au qanun, Mohamed Saâdaoui a rencontré le grand qanuni turc Halil Karaduman, avec qui il collaborera longtemps pour promouvoir davantage cet instrument en Algérie.

Il a, entre autres, enseigné pendant 12 ans dans différentes associations de musique andalouse de Miliana (Ezziria, Balabel El Andalous et El Anasser).

En 2010, il fonde l'Ensemble "Ibnou Sina", avec lequel il, anime plusieurs concerts en Algérie et à l'étranger, enregistre des albums et encadre des séminaires et symposiums scientifique, des ateliers, et assure plusieurs représentations, avec le qanun comme axe principal, au Festival international du qanun est organisé par l'Institut des arts traditionnels turcs et l'Association pour les musiques et cultures d'Anatolie.

Durant son parcours, Mohamed Saadaoui a collaboré avec nombre de musiciens étrangers et experts du qanun de plusieurs pays, dans des activités visant à encourager la recherche scientifique sur le qanun et la promotion de nouvelles compositions et de nouvelles techniques d'utilisation du qanun.

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