Madagascar: Financement de la relance - Madagascar en mode lobbying

La Grande île multiplie les interventions à l'international pour soutenir ses idées en matière de financement de la relance économique.

D'après le ministère de l'Économie et des Finances (MEF), le contexte économique en Afrique est devenu complexe et il est donc impératif de trouver des financements conséquents pour soutenir la relance économique et atteindre les objectifs fixés pour 2063 et les Objectifs de Développement Durables pour 2030. Un constat noté dans le communiqué qui a suivi la participation de Madagascar à la conférence sur le thème " Financement de la relance de l'Afrique, trouver des solutions innovantes ", qui s'est tenue le lundi 16 mai au Centre de Conférence International d'Abdou Diouf.

Après différents échanges, des options relatives aux possibilités de financements ont été proposées comme les contributions volontaires, les contributions obligatoires et la garantie d'emprunt. Pour sa part, le ministre de l'Économie et des Finances, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison a surtout insisté sur le mécanisme de financement vert comme la vente d'émission de C02 et a proposé particulièrement le " Blue Wall", un mécanisme d'échange de dette contre un programme environnemental, pour Madagascar.

Durant son intervention en ligne, le membre du gouvernement a également soumis la proposition de l'effacement de dettes pour les pays africains, en contrepartie de l'émission de CO2 pour les pays auxquels ils doivent des dettes. Afin de combler le déficit de financement, elle a soutenu que le mécanisme de dette dans le monde devrait être également revu. " Le système quotepart ne convient pas à tous les pays. Chaque pays a son niveau de vulnérabilité et ce sont les pays avancés qui demeurent les principaux bénéficiaires en maintenant ce système ".

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Madagascar, à travers le MEF, est aussi revenu sur la réallocation des Droits de Tirages Spéciaux (DTS). Rappelons qu'en 2021, le Fonds monétaire international (FMI) a décidé que 650 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS) seront alloués pour soutenir la relance de l'économie mondiale après la Covid-19. Et face à la faiblesse des parts censées être redistribuées aux pays pauvres, les pays du Nord avaient alors convenu de mobiliser 100 milliards au profit des pays du Sud en renonçant à une part de leurs DTS.

Près d'un an après la décision du FMI et les promesses qui ont suivi, les pays riches semblent trainer les pieds pour respecter leur engagement. Le gros des fonds promis n'ayant toujours pas été mobilisé, seuls quelques pays ont fait des annonces publiques suivies d'actes. Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison a tenu, lors de la conférence, à rappeler les déclarations effectuées avant de soutenir que la réallocation des DTS constitue pour des pays comme Madagascar un outil indispensable pour relancer l'économie.

Cent milliards dollars à mobiliser

À savoir que la Grande île a obtenu une enveloppe équivalant à 332 millions de dollars américains pour l'allocation de DTS par le FMI. Mais ce montant, selon les analystes économiques, n'est pas suffisant pour à la fois remettre l'économie sur les rails et financer les multiples projets pour arrimer le pays aux objectifs de développement durable. Ce qui justifie la pression mise sur le Canada, la France ou encore le Royaume-Uni, qui ont fait savoir qu'ils réorienteraient 20% de leurs allocations de DTS vers les pays en voie de développement, ce qui représente un total de 14 milliards Dollars.

Le Japon, de son côté, a promis 4 milliards USD. En novembre dernier, le G20 a indiqué que 45 milliards USD ont déjà été mobilisés dans le cadre du processus, peu de temps avant que la Chine annonce officiellement son intention de renoncer à 10 milliards USD de ses DTS au profit des pays africains.

D'après l'ONG Global Citizen, il urge d'accélérer les efforts de mobilisation des 100 milliards USD promis afin de faire face à des défis qui s'amplifient chaque jour un peu plus en Afrique et dans les pays pauvres en général. À savoir que 33 milliards USD sur les 650 milliards décaissés par le FMI seulement étaient destinés aux pays africains suivant leurs quotes-parts normales. Pourtant, le FMI estime à au moins 425 milliards Dollars le montant des financements nécessaires sur le continent.

À signaler, enfin, que la délégation malgache, en rencontrant, le 22 avril 2022, les gouverneurs de la Banque Mondiale et du FMI ainsi que la Directrice Générale, Kristalina Georgieva, avait déjà évoqué la question de la réallocation des DTS. C'était à l'occasion de la rencontre organisée sur le thème " Financer la reprise et atténuer l'augmentation de l'endettement et de la vulnérabilité liée aux changements climatiques ".

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