Le puissant Parti communiste soudanais s'est trouvé dans le viseur de la junte militaire cette semaine. Plusieurs de ses dirigeants ont été arrêtés à leur retour du Soudan du Sud, par où ils avaient transité après avoir rendu visite aux mouvements rebelles du Kordofan et du Nil Bleu.
Ce sont des hauts dirigeants du Parti communiste, et non des moindres, qui ont été inquiétés par la junte militaire cette semaine. Son propre chef et secrétaire général, Moukhtar al-Khatib, a été arrêté son domicile jeudi 19 mai dans la soirée, ainsi qu'un autre dirigeant. Tous deux ont finalement été libérés vendredi, après une nuit en détention.
Ils revenaient à peine d'un voyage à Juba, capitale du Soudan du Sud, et à Kaunda, au Kordofan du Sud. Ils y avaient rencontré les chefs du Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord, Abdelaziz al-Hilu, et du Mouvement de libération du Soudan, Abdelwahid al-Nour. Leur objectif, selon leur parti, était de convaincre les deux rebellions de rejoindre les membres de la coalition de l'opposition civile à Khartoum, dans une alliance des forces opposées à toute entente avec les militaires.
Car le Parti communiste, tout comme le parti Oumma, est en pointe dans la résistance au compromis avec la junte. La premier, qui pèse lourd dans la mobilisation populaire, a d'ailleurs refusé mardi de participer aux discussions actuellement organisées par l'ONU, l'Union africaine et l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) pour trouver une issue à la crise politique. Le second, présent lui à la réunion, y a répété qu'il refusait tout " partenariat " avec les militaires.
Lors de leur passage à Juba, les dirigeants communistes soudanais avaient déjà été retenus une nuit dans leur hôtel par les autorités sud-soudanaises, avant d'être autorisés à repartir pour Khartoum sur instruction du président Salva Kiir en personne. On leur reprochait de n'avoir pas informé de l'objet politique de leur visite, à savoir obtenir le ralliement des rebelles.
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