Cote d'Ivoire: Sila 2022 - Boubacar Boris Diop (auteur sénégalais) - "Je n'ai jamais vu autant de monde à une foire du livre"

interview

Présent à Abidjan dans le cadre de la douzième édition du Sila 2022, l'écrivain sénégalais, Boubacar Boris Diop, lauréat 2021 du prix américain Neustadt International Prize for Literature avec son œuvre " Murambi, le livre des ossements", s'est prêté à nos questions.

Écrivain du pays invité à cette 12e édition du Sila, peut-on avoir votre impression sur cet évènement ?

D'emblée je tiens à relever que ce n'est pas ma première fois de prendre part à cet évènement. J'étais déjà à Abidjan à la faveur des deux premières éditions du Sila. J'ai vu cet évènement naître et comme tout début le Sila était un évènement modeste. Aujourd'hui je constate avec satisfaction que le " bébé " a grandi. Avec la grande majorité des visiteurs qui sont constitués de jeunes, cela augure des lendemains qui chantent pour la littérature ivoirienne et au-delà pour la littérature africaine. Je vois beaucoup de jeunes ivoiriens dévoués pour la cause du livre et ça veut dire qu'après l'ère du cacao, c'est l'ère du livre pour ce pays. Le président Senghor disait que la culture est au début et à la fin du développement. Et pour l'écrivain que je suis cela ne me peut faire que du bien.

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Vous qui avez vécu plusieurs éditions du Sila, que pensez-vous de celle qui a cours actuellement ?

Je n'ai jamais vu autant de monde dans une foire du livre et Dieu sait que j'en ai beaucoup fréquenté en quarante ans de vie littéraire. La Côte d'Ivoire peut être fière du Sila 2022.

Que représente l'acte d'écrire pour l'écrivain que vous êtes ?

Laissez-moi d'abord vous dire que la culture est très importante. Que ce soit le cinéma, le théâtre, la musique, etc. Bien que très importants, tous ces arts ont quelque chose d'éphémère. Ils ont un impact dans l'immédiat qui est très puissant mais qui passe vite. Le livre lui s'inscrit dans la durée. Aujourd'hui encore nous continuons à lire des auteurs ayant publié il y a mille ans. On a un rapport privilégié avec la littérature. Et c'est un bonheur pour quelqu'un comme moi de faire partie de ce grand mouvement universel. Le livre est si important parce que c'est un concentré d'émotion et d'intelligence quand il est bien fait. Et c'est un moyen privilégié de dialogue au sein d'une nation et entre les nations.

Vos œuvres traitent souvent des pays qui ne sont pas le Sénégal. Vous considérez vous comme un écrivain africain ou un auteur sénégalais d'expression francophone ?

Je suis tout simplement un écrivain africain du Sénégal. Mes livres traitent autant du Sénégal, du Niger, du Rwanda. Demain pourquoi pas? je pourrai m'emparer d'un thème propre à la Côte d'Ivoire. Nos pays se ressemblent. On a en partage les mêmes problèmes, le passé colonial, la traite négrière.

Un regard sur la nouvelle génération d'écrivains africains ?

J'évite d'émettre des jugements sur le livre des autres. Je ne m'en crois pas compétent. S'il s'agit de parler de mes livres, je serai plus disert parce que je les connais assez bien pour en parler. Mais en ce qui concerne les ouvrages des autres, je laisse le soin aux critiques de le faire.

Les bonnes relations entre la Côte d'Ivoire et le Sénégal sont aussi culturelles. Qu'en pensez-vous ?

Les relations entre les Ivoiriens et les Sénégalais dans tous les domaines relèvent de la parenté à plaisanterie. C'est-à-dire qu'il y a une grande affection et une certaine émulation. Chacun essaie de se positionner par rapport à l'autre pour donner le meilleur de lui-même. Voyez-vous au moment où ici à Abidjan le Sénégal est l'invité d'honneur à ce magnifique évènement, au Sénégal s'ouvre le 19 mai, la biennale de Dakar et c'est la Côte d'Ivoire qui en est le pays invité. Ce n'est pas un hasard, il y a toujours beaucoup d'intelligence de cordialité dans les relations entre les deux pays.

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