Ile Maurice: Trafic de drogue / Barracuda et gros requins - la NCG inondée d'allégations

Ils croulent sous les allégations. "Zotmem fer zafer-la rant Moris. Ce sont eux les passeurs", scandent les mauvaises langues au sujet des officiers de la National Coast Guard (NCG). Cela, suivant l'arrestation récente d'un des leurs. Mais il n'y a pas de fumée sans feu diton... Qu'en pensent les principaux intéressés ?

Le débat est ouvertement lancé depuis qu'un officier du CGS Barracuda a été arrêté, de même que sa concubine, de nationalité française. Du haschich et du cannabis valant plus de Rs 7 millions ont été retrouvés dans une villa à Mont-Choisy le lundi 17 mai. Et une semaine plus tard, soit le lundi 23 mai, les officiers de l'Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) ont été sollicités après qu'un officier de la NCG a découvert, à bord du Barracuda toujours, un sac en plastique contenant des 'cigarettes' suspectes ainsi que du papier à rouler. Alors, les gardecôtes sont-ils à la solde des gros requins de la mafia ? Le CGS Barracuda serait-il le transporteur attitré des 'parrains' ?

Pour certains, ces épisodes viennent noircir la réputation des hommes en uniforme blanc. "C'est honteux. Et comme il fallait s'y attendre, on va nous montrer du doigt", lâche un officier. "Mais je ne comprends que l'on puisse mettre tout le monde dans le même panier depuis que cet officier a été arrêté. Autant que je sache, c'est la première fois qu'un officier de la NCG est arrêté avec autant de drogue et voilà qu'aujourd'hui on nous traite tous de trafiquants", déclare un haut gradé de la NCG, agacé.

%

Selon des sources proches de l'enquête concernant l'officier du CGS Barracuda, ce serait durant sa mission officielle en Inde, l'année dernière, que ce dernier aurait caché la drogue dans le navire. Il aurait eu le temps de "négocier avec des trafiquants durant la crise sanitaire à cette époque". Et toujours selon les mêmes sources, le suspect aurait avoué qu'il y avait bien plus que la quantité retrouvée lors de la saisie, dont une partie a déjà été vendue. Cela veut donc dire que cette énorme quantité de drogue a été transportée à bord d'un navire, avec 49 autres officiers qui n'en savaient rien ?

Selon notre interlocuteur, on ne peut accuser les autres qui se trouvaient sur le Barracuda. Premièrement, le suspect lui-même a avoué avoir agi seul. Deuxièmement, le navire est "énorme" et troisièmement "il ne faut pas oublier que l'officier arrêté était un haut gradé. Il avait accès à des parties du navire que d'autres de ses collègues n'avaient pas. Ils étaient tous dans le même bateau au sens propre uniquement. Ils ne trempaient pas tous dans les mêmes magouilles. Mé malérezman aster, akoz enn pom damour gaté, ban dimounn met nou dan mem lasos."

Mais sont-ils tous blancs comme neige ? D'autres sources avouent avoir "entendu parler" du fait que certains de leurs collègues transportent de "petits paquets"... Ils font le 'pont' en quelque sorte entre différents bateaux. Pour ces 'petites courses', ils toucheraient entre Rs 5 000 et Rs 10 000, histoire d'arrondir les fins de mois. Mais aucun de ces 'jockeys' maritimes' n'a été pris la main dans le sac. Jusqu'ici.

Un officier explique en outre avoir ouï-dire que des collègues 'fermeraient les yeux' pour laisser passer des yatchs, entre autres, qui transporteraient de la drogue. Moyennant paiement, bien entendu. "Mo enn gardkot, mo travay lor lamer ek ar dimounn ki viré tourné lor lamer. Enn ta peser ek skippers inn deza dir mwa zot inn deza trouv mo bann koleg fer sa, sirtou aswar."

D'ailleurs, à plusieurs reprises des propriétaires de yatchs et de bateaux, impliqués dans le trafic de drogue, ont été arrêtés. Comme cela a été le cas pour Mike Brasse en 2019 et les Gurroby en mai 2021. Et en avril et juin de la même année, plusieurs habitants de Rivière-Noire avaient fait ressortir que des transactions louches impliquant des yatchs étaient effectuées en pleine nuit. Sept de ces embarcations étaient dans le collimateur de l'ADSU à cette époque. Les fouilles n'avaient rien donné après que les officiers de la NCG avaient escorté les suspects, revenant de leurs voyages à l'île soeur. Et les garde-côtes avaient affirmé que leurs bateaux n'étaient pas assez puissants pour prendre les yatchs suspects en chasse, en haute mer... Y a-t-il anguille sous roche ?

Notre interlocuteur affirme que non. "Enn kestion prestiz kan mem. Nou ena nou intégrité. Pa pou al rod lamerdman ar sa bann zafer-la. Ena bann brebis galeuses mé de là à dire ki sé enn troupo, manti sa ! Nou tou ti pou ti riss sinon ! Noumem nou pé bizin riss diab par laké... "

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.