Depuis plusieurs mois, le risque de famine contre lequel l'Organisation des Nations unies (ONU) met en garde en Éthiopie, au Kenya et en Somalie s'est aggravé encore avec la guerre en Ukraine, la perspective désormais tangible d'une nouvelle mauvaise saison des pluies, la cinquième d'affilée, ont alerté plusieurs agences onusiennes, le 30 mai.
La Somalie ainsi que plusieurs régions du Kenya et de l'Ethiopie ont été frappées par un " phénomène météorologique inédit depuis au moins quarante ans: la succession de quatre saisons des pluies à faibles précipitations ", indique un communiqué publié par les organismes onusiens, et d'autres partenaires engagés dans l'action humanitaire.
" Il est probable que la saison des pluies de mars à mai 2022 ait été la plus sèche jamais enregistrée ", et " il y a désormais un risque réel que la prochaine saison des pluies d'octobre à décembre soit inférieure aux attentes ", ajoute le texte, publié notamment au nom de l'Organisation météorologique mondiale, de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation ou encore du Programme alimentaire mondial.
Le communiqué note que la sécheresse a déjà entraîné la mort de 3,6 millions de têtes de bétail au Kenya et en Ethiopie, dans des zones où l'élevage est la principale source de revenus de la population locale, tandis qu'en Somalie, c'est un tiers du cheptel qui a péri depuis mi-2021. À cela s'ajoutent la destruction de récoltes et des déplacements de la population en quête d'eau et de nourriture.
Plus de 16,7 millions de personnes dans les trois pays sont déjà en situation " d'insécurité alimentaire aiguë ", chiffre qui pourrait passer à vingt millions dès septembre, et grossir encore en cas de nouvelle saison des pluies insatisfaisante au quatrième trimestre, notent les signataires du texte.
Selon eux, la situation empire également à cause de la guerre en Ukraine, qui a fait envoler les prix de l'alimentation et des carburants.
" Il faut dès maintenant intensifier rapidement les actions pour sauver des vies et empêcher la famine et les morts qui en découlent ", poursuit le texte, notant que les fonds manquent terriblement.
En 2017, une mobilisation humanitaire précoce avait permis d'éviter une famine en Somalie, contrairement à 2011 où 260 000 personnes dont la moitié d'enfants de moins de 6 ans étaient mortes de faim ou de troubles liés à la faim.
Selon les scientifiques, le changement climatique entraîne une multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, tout particulièrement en Afrique, continent qui contribue pourtant le moins au réchauffement climatique.
