Afrique de l'Est: L'heure du bilan des opérations militaires ougando-congolaises

Alors que la coopération militaire prend fin, les résultats des opérations militaires conjointes des armées congolaise et ougandaise semblent faibles. Pour certains, la situation sécuritaire s'est empirée.

Les opérations militaires conjointes des armées congolaise et ougandaise dans l'est de la RDC avaient suscité un espoir au sein de la population qui est victime de massacres commis par les groupes armés.

Ces opérations militaires conjointes avaient pour but de mettre fin aux crimes commis notamment par les rebelles ADF qui, depuis octobre 2014, ont coûté la vie à des milliers de personnes.

Mais les deux nouveaux massacres perpétrés samedi et dimanche derniers (28 et 29 mai) par les ADF, qui ont coûté la vie à plus de 50 civils, sont venus montrer les limites de cette stratégie militaire.

Bilan mitigé

Pour le député national élu de Goma, Jean-Baptiste Kasekwa, le nombre insuffisant de militaires congolais dans les opérations militaires conjointes avec l'Ouganda expliquerait le manque de résultats.

Celui-ci plaide donc pour un renforcement des FARDC qui combattent aux côtés de leurs collègues ougandais en territoire de Beni, au Nord-Kivu, et à Irumu dans l'Ituri.

"Je déplore notamment des effectifs insuffisants et le manque de logistique dans les zones où se déroule la mutualisation."

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L'élu de Goma exhorte aussi les forces conjointes FARDC-UPDF à se partager les zones d'intervention pour que les responsabilités de chaque armée soient bien établies.

"Confier à l'UPDF des axes spécifiques afin qu'on puisse établir la responsabilité de chaque force si jamais, dans l'axe qui lui est attribué, on constate que les massacres continuent, contrairement à la cacophonie actuelle où les responsables se rejettent mutuellement les responsabilités", conseille Jean-Baptiste Kasekwa.

De son côté, le coordonnateur de l'organisation des droits humains Forum de paix, Juste Matete, estime que le résultat de ces opérations est plutôt un échec.

Il plaide donc pour la révision des stratégies militaires mises en place au début de ces opérations, tout en intégrant la population dans les opérations à venir, afin d'obtenir de meilleurs renseignements.

"Nous demandons que les deux forces revoient les stratégies antérieures qui ont démontré leur échec. Les deux forces peuvent mettre aussi en place des mécanismes conjoints d'alertes population pour justement signaler tout mouvement suspect", a exprimé Juste Matete.

L'opération conjointe, un bon début

Certaines opérations militaires ont toutefois rencontré du succès pendant les six mois des opérations conjointes.

La réouverture et la sécurisation de l'axe Mbau-Kamango, une route où les embuscades étaient fréquentes, est à mettre à l'actif des opérations conduites par les FARDC et l'UPDF.

Si la coopération militaire touche à sa fin, elle pourrait toutefois être prorogée prochainement, nous a confié une source sécuritaire dans la région.

Une réunion d'évaluation entre les responsables de l'armée congolaise et ougandaise aura lieu cette semaine en Ouganda, avant une possible prorogation des opérations conjointes.

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