Tunisie: Le Front de salut national voit le jour - Unir les forces politiques

Le président, Nejib Chebbi, se revendique comme un précurseur qui vise à frayer le chemin vers un nouvel Etat, dans l'objectif d'unir toutes les forces politiques, rétablir le processus démocratique et constitutionnel et garantir les libertés et les droits dans le pays.

Dix mois après le 25 juillet, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Entre-temps, les opposants de Saïed guettent au tournant. Ils n'ont cessé de mobiliser la rue et monter les Tunisiens contre leur Président. Hier, leur chef de file, figure de gauche revenant de loin, Ahmed Nejib Chebbi, 78 ans, a annoncé, lors d'une conférence de presse, la création effective d'un " Front de salut national ", qui est, selon lui, un contrepoids politique visant de profondes réformes constitutionnelles et socioéconomiques. Son manifeste constitutif semble avoir tiré sa rhétorique d'un long discours monotone et emphatique, mettant en avant l'objectif de " sauver " le pays et le sortir de la crise après ce qui été considéré comme " un coup d'Etat ".

D'emblée, l'annonce de ce front fut suivie de sa composition. Une formation hybride comprenant des figures " consommées " sur la scène nationale, représentant Ennahdha, le parti Amal, Harak Tounes, la Coalition Al Karama, Qalb Tounes, " Citoyens contre le coup d'Etat ", Tunisiens pour la démocratie, des députés, ainsi que d'autres associations alliées. En fait, il s'agit de dix composantes formant une coalition de force anti Saïed et son projet jugé n'être plus unificateur et rassembleur.

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Et que le pays avait tout perdu, sous son règne: "régression de la démocratie, instabilité politique, crise économique, effondrement de la société, cherté de la vie, détérioration du pouvoir d'achat, dépréciation du dinar et bien d'autres acquis révolutionnaires confisqués ". Ainsi, ce nouveau front a tout imputé au Président. Comme si tout était parfait avant le 25 juillet.

Il n'y a pas une troisième voie !

Prenant la parole, son président, Nejib Chebbi, s'est posé en nouveau précurseur qui vise à frayer le chemin vers un nouvel Etat, dans l'objectif d'unir toutes les forces politiques et de rétablir le processus démocratique et constitutionnel, garantissant les libertés et les droits dans le pays. " Ou le putsch du Président Kaïs Saïed ou l'émancipation et la démocratie, il n'y a pas une troisième voie ", martèle-t-il, exhortant ses alliés et ses sympathisants à prendre position contre toute forme d'autocratie.

Et d'insister sur un nécessaire retour à la légitimité constitutionnelle et à la démocratie. " Ce front est une force d'équilibre et de pression", estime-t-il, préconisant, en guise de projet, la formation d'un gouvernement de salut pour pouvoir diriger le pays. Un dialogue national exhaustif et inclusif serait aussi de mise.

A tour de rôle, l'ex-vice-présidente du parlement dissous Samira Chaouachi, Riadh Chaîbi du parti Ennahdha et Jawhar Ben Mbarek, président des " Citoyens contre le coup d'Etat ", qui sont déjà membres du comité exécutif du front, n'ont rien à ajouter. Sauf qu'ils ont dénoncé ce qui a été fait après le 25 juillet.

A eux, s'ajoutent Samir Dilou, Ridha Belhaj, Amor Sifaoui, Yosri Delly, Sami Chebbi, ainsi que Mohamed Amine Saidani, faisant également partie du comité exécutif dudit front. Ce dernier est aussi constitué de trois commissions, celle des libertés, juridique et de communication, avec un forum " Pensons ensemble ". Ce front constitué par Chebbi serait-il une panacée censée sortir le pays de sa profonde crise ? Aura-t-il les moyens de sa réussite ? Autant dire, va-t-il réussir là où Saïed a échoué ?

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