La Tunisie produit du savoir, mais elle n'en profite pas. Elle forme des médecins, des ingénieurs, des scientifiques... , mais ces compétences et ces diplômés quittent le pays.
L'émigration, ou plutôt la fuite des cerveaux, prend des proportions très inquiétantes dans la mesure où elle est considérée comme une perte et jamais un gain pour le pays. La pression migratoire est axée, bien entendu, sur l'accroissement des disparités salariales, mais aussi sur les conditions de travail entre ce qui est proposé dans le pays d'origine et ce qui est offert dans le pays d'accueil.
Facilement identifiables, les dérives qui avaient marqué la période post-révolution étaient désagréables, ennuyeuses et intrigantes. Elles ont fait basculer la valeur du travail dans des considérations hors normes. Il était impossible à ceux qui en assumaient la responsabilité de réagir à temps lorsque des milliers de jeunes diplômés quittaient massivement le pays.
Il est encore difficile aujourd'hui de résoudre l'équation presque impossible entre l'effort et le mérite. Le bon grain et l'ivraie. Essentiellement dans un contexte défavorable où les décideurs qui, sous l'effet d'arguments erronés, ne respectent pas la valeur du travail et ne valorisent pas toujours les compétences. Résultat : on se trompe encore et toujours sur les priorités, sur le contexte et sur les opportunités.
La question liée à la manière de retenir les compétences n'en finit pas, du reste, de susciter les débats. Sur fond de constat amer, les interrogations ne semblent pas avoir de réponse, les solutions tardent à venir. Les mêmes contraintes continuent aujourd'hui de peser. Un pays qui ne sait pas retenir ses compétences est un pays qui n'a pas d'avenir.
Faut-il rappeler à ce propos que lorsque le doute s'installe et que les déceptions se succèdent, c'est la crédibilité et la fiabilité de l'Etat qui prennent un coup. Gérer les défaillances, voire les déformations, n'est certes pas facile. D'où inévitablement des contraintes dans la manière de faire face à la fuite des compétences et dans les prises de décision.
Il est temps de mettre en place une stratégie afin de valoriser les actions liées au travail et à sa dimension économique et sociale, mais aussi humaine. La mise à l'écart des opportunistes, le respect de l'égalité des chances dans les recrutements, l'assainissement du marché de l'emploi, l'affirmation des principes, le respect des valeurs, telles sont les vertus du travail à retrouver au plus vite et à consacrer.