Ile Maurice: Énergie, sécurité alimentaire, crise sociale... des dossiers brûlants

À quelques jours du grand oral de Renganaden Padayachy, les dossiers brûlants, compte tenu de la situation économique locale et la conjoncture internationale, s'accumulent. Des priorités de ce Budget, on retrouve le dossier de l'énergie, le cours mondial du pétrole ayant grimpé à nouveau cette semaine, la sécurité alimentaire qui suscite la panique à travers le monde et à Maurice, et la situation sociale avec l'inflation galopante, la hausse du coût de la vie et l'appauvrissement de la classe moyenne, entre autres. Récap sur ces dossiers prioritaires...

Énergie : cette transition inéluctable

La situation du cours mondial pétrolier ne s'arrange guère. Après une accalmie ces deux derniers mois, le prix du baril de pétrole reprend l'ascenseur, ayant passé la barre des 123 dollars le baril, hier. La décision des dirigeants de l'Union européenne qu'ils bloqueraient une partie des importations de pétrole russe d'ici la fin de l'année, n'arrange pas les choses. Donc, 90 % du pétrole russe sera bloqué et résultat, le marché international réagit déjà, alors qu'en mars, Goldman Sachs avait revu à la hausse ses prévisions de prix pour le pétrole Brent, parlant de "plus grands chocs d'approvisionnement en énergie de tous les temps", causés par la crise ukrainienne, alors que Barclays devait déclarer à la même période qu'au pire des cas, les prix pourraient dépasser 200 dollars le baril en 2022.

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À Maurice, nous avons déjà essuyé plusieurs hausses de prix du carburant à la pompe, le litre d'essence étant à Rs 74,10 contre Rs 48,40 en avril 2021. Compte tenu de la tendance mondiale, cette tendance haussière ne s'arrêtera pas, sans oublier le paiement de milliards de roupies de la State Trading Corporation (STC) à Betamax, qui pèse dans la balance. S'ajoute à cela la décision de Terragen, le 29 avril, de suspendre sa production d'électricité en raison de la hausse du prix du charbon. Face à cette si- tuation, les débats sur l'efficacité de l'énergie verte et du mix-énergétique pour la production doivent céder la place à l'action, car autre que l'impact écologique d'une transition énergétique, l'argument économique devient de plus en plus pertinent.

Il est bon de se rappeler cette mesure du budget 2021-2022 : "Au vu de l'urgence climatique et la nécessité de réduire les émissions, il est prévu de produire 60 % de l'énergie à partir de sources d'énergies vertes d'ici 2030 et d'éliminer l'utilisation du charbon d'ici 2030." Ce Budget comprenait aussi l'allocation de Rs 650 millions pour encourager l'utilisation d'énergies renouvelables, à l'instar de panneaux solaires sur le toit des bâtiments de l'État, entre autres. Quelles seront les me- sures du ministre des Finances sur cette thématique mardi prochain ? Elles sont en tout cas attendues de pied ferme.

Sécurité alimentaire : un plan pour des mois difficiles

La Banque mondiale prévient, la hausse des prix des denrées alimentaires est une urgence. Le Food Price Index de l'Organisationpour l'alimentationet l'agriculture (FAO) est à 29.8 % de plus qu'à la même période l'année dernière, signe d'une hausse sévère du prix des denrées alimentaires sur le marché mondial. Dans ce contexte et considérant la pression grandissante sur les importateurs face aux hausses de prix des produits et du fret, entre autres coûts, la production locale et la sécurité alimentaire sont des sujets de première importance à Maurice. Dans notre cas, si nous ne sommes pas directement affectés par les problèmes d'exportation des produits alimentaires d'Ukraine ou de la Russie, nous sommes quand même dépendants d'autres économies, qui transforment des matières premières venues d'Ukraine.

Une panoplie de mesures pour renforcer la production locale et réduire notre dépendance à l'importation pour notre alimentation est donc primordiale, surtout que chaque Mauricien l'aura remarqué, quasiment tous les produits alimentaires ont connu une augmentation des prix récemment. Des mesures concrètes pour une meilleure organisation de la production agricole, l'investissement dans les nouvelles techniques agricoles en optimisant l'utilisation de la technologie, les projets encourageant le potager familial et l'attribution de terres publiques aux agriculteurs, entre autres, sont autant de mesures attendues dans le budget national.

À l'échelle internationale, la Banque mondiale a annoncé au début de mai, que l'institution travaille avec plusieurs pays sur des projets valant USD 12 milliards pour les 15 prochains mois, afin de répondre à la crise alimentaire. Ces projets devraient soutenir l'agriculture, la protection sociale pour amortir les effets de la hausse des prix des denrées alimentaires, et des projets relatifs à l'eau et l'irrigation, la majorité des ressources allant à l'Afrique et au Moyen-Orient, à l'Europe orientale, l'Asie centrale et l'Asie du Sud.

Paupérisation : éviter la crise sociale

Affichant 11 %, l'inflation affecte chaque Mauricien à différents degrés et appelle à la solidarité nationale. Si la lutte contre la poussée inflationniste est d'importance capitale, les propositions se succèdent pour tenter d'alléger le fardeau de la population, en passant par le levier fiscal, le soutien du secteur privé, qui avait en pleine crise du Covid-19 bénéficié de l'aide de l'État, des concessions de nos parlementaires et la compréhension des Mauriciens, surtout que l'endettement des ménages est passé à Rs 178 milliards.

Or, si les consommateurs sont pris à la gorge, l'État et ses finances fragiles se retrouvent avec une faible marge de manœuvre pour soutenir à la fois les consommateurs et les commerçants ; d'où la recommandation de la majorité des économistes d'une approche ciblée dans les aides aux ménages, avec l'introduction de bons d'achat dans certains cas, de bons de réduction pour le carburant à d'autres, entre autres options.

Imposer une taxe temporaire sur les entreprises ayant enregistré des profits satisfaisants pour soutenir l'effort national a aussi été suggéré, de même que la hausse du salaire minimum ; l'État devra sans attendre réduire drastiquement les gaspillages de fonds publics, bien entendu. Du côté de la population, la période de la surconsommation est révolue et les jeunes au chômage, considérant le taux élevé de 27,7 % en 2021 chez eux, devront aussi faire leur part.

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