Somalie: Le rétablissement d'une présence militaire américaine suscite l'espoir de paix

Après l'attaque d'une base de la force de maintien de la paix de l'Union africaine (Amisom) en Somalie en mai dernier, qui a coûté la vie à dix soldats burundais, et conscients de la nécessité de préserver la paix dans la Corne de l'Afrique, les Etats-Unis vont repositionner leurs forces sur place pour y combattre les djihadistes shebab affiliés à Al-Qaïda. Une démarche saluée par Mogadiscio et la quasi-totalité de la population somalienne.

L'annonce du redéploiement en Somalie des forces spéciales américaines est intervenue quelques jours avant l'élection à la tête du pays du nouveau président, Hassan Cheikh Mohamoud. Mais après sa victoire, il n'a pas attendu longtemps pour donner de la voix sur le sujet en remerciant son homologue américain, Joe Biden, pour avoir pris une décision salutaire. " Les Etats-Unis ont toujours été un partenaire fiable dans notre quête de stabilité et notre combat contre le terrorisme ", a déclaré la présidence somalienne dans un communiqué.

Pour les Somaliens, cette reconnaissance s'avérait nécessaire parce que leur pays fait face depuis quinze ans à l'insurrection des islamistes radicaux shebab, qui ont juré la perte du gouvernement soutenu par la communauté internationale et l'Amisom. Du fait de la dégradation de la situation en Somalie, les acteurs politiques et la population étaient pessimistes sur l'éventuelle possibilité pour leur pays de renouer avec la paix et la sécurité. Presque tout le monde désespérait parce que Donald Trump, le prédécesseur de Joe Biden, avait ordonné en décembre 2020, soit juste avant la fin de son mandat, le retrait des troupes américaines dans le pays, n'autorisant que des missions par rotations entrecoupées de période d'absence.

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Selon des sources proches du dossier, les allées et venues des soldats américains représentaient un risque pour eux et leur faisaient perdre du temps, les obligeant à acheminer leur équipement au début de chaque rotation et à le réexpédier en fin de séjour. Pour remédier à cela et tenter de redonner de l'espoir aux Somaliens après le retrait de quelque 750 militaires américains qui étaient déployés dans cet Etat de la Corne de l'Afrique, Joe Biden a accepté que près de 500 soldats des forces spéciales américaines soient de nouveau stationnés dans le pays.

Une lutte plus efficace à mener contre les shebab

Même si la date de l'arrivée de ces militaires n'est pas connue, tout porte à croire qu'ils seront envoyés dans les meilleurs délais malgré le fait que le président démocrate a simplement indiqué qu'il " faudra un peu de temps " pour les déployer tous. On sait néanmoins que les soldats concernés sont déjà positionnés dans des pays voisins et que leur déploiement ne changerait pas la posture militaire américaine en Afrique de l'Est. " L'objectif est de permettre une lutte plus efficace des forces locales contre les Shebab (...) qui se sont renforcés et représentent une menace ", selon le porte-parole du Pentagone, John Kirby.

Evoquant la coopération avec la Somalie en matière de Défense, le délégué américain a déclaré que le " modèle de missions épisodiques était inefficace et de plus en plus intenable ". " La décision de rétablir une présence militaire rationalise le dispositif irrationnel dont nous avons hérité. C'était irrationnel parce que cela créait un risque inutile et élevé pour les forces américaines à chaque fois qu'elles entraient et sortaient du pays, et que nous en tirions moins de bénéfice malgré ce risque accru ", a-t-il expliqué.

Ces derniers mois, les shebab qui mènent une insurrection dans le pays ont intensifié leurs attaques. Ils ont notamment mené un double attentat dans le centre le 24 mars, qui s'était soldé par la mort de quarante-huit personnes, puis un assaut d'envergure contre une base de la force de l'Union africaine faisant dix morts, selon un bilan officiel, et ce sur fond de profonde crise politique qui secouait ce pays instable.

Plusieurs observateurs et partenaires internationaux relèvent que ce sont les différends électoraux qui ont détourné les autorités somaliennes de la lutte contre les shebab. Ce qui a permis aux insurgés de consolider leur implantation dans de vastes zones rurales et d'intensifier leurs attaques ces derniers mois. Pourtant, durant le premier mandat d'Hassan Cheikh Mohamoud entre 2012 et 2017, l'Amisom et les forces locales avaient chassé les shebab de leurs villes bastions dont Kismayo, Baidoa.

Dans le cadre du maintien de la paix en Somalie, l'Organisation des Nations unies a approuvé, le 30 mars, la continuation de la force africaine dans une mission qui prévoit une stratégie militaire plus offensive combinée à un retrait progressif d'ici à fin 2024.

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