Cameroun: Des grands-parents qui veulent prendre la garde de leur petite fille

A cause d'un malentendu survenu entre les géniteurs d'une fillette de trois ans, ses grands-parents paternels sollicitent sa garde au détriment de sa maman. Cette dernière, qui se présente comme une femme battante et indépendante, s'y oppose vigoureusement.

Agée de 27 ans, Doris est une maman célibataire et dynamique. En stage dans une entreprise de la place, elle refuse de céder son droit parental au couple Mengue, les grands parents de Gabrielle, sa fille. L'enfant dont la garde fait problème est élève en petite section dans une école maternelle privée de la Yaoundé. Elle est âgée de trois ans seulement. Bruno, son géniteur, est étudiant en faculté de médecine.

Les parents de Gabrielle se sont séparés depuis deux ans et la petite fille vit actuellement avec sa maman. Le couple Mengue, les parents de Bruno, a saisi le Tribunal de premier degré (TPD) pour solliciter la garde de sa petite fille. Doris, la génitrice, s'y oppose farouchement. Elle refuse de se séparer de sa fillette, qui, pour elle, est sa raison de vivre et sa source de motivation. Les débats de l'affaire ont été ouverts la semaine dernière en présence du couple Mengue et de Doris. Bruno, quant à lui, ne comparaît pas à l'audience.

Il ressort des débats que Bruno et Doris se sont rencontrés il y a 5 ans. À cette époque, Doris venait tout juste d'obtenir son Brevet d'Etude de premier Cycle (Bepc) et Bruno fréquentait une université publique. "C'était un jeune homme attentionné, responsable, aimant et ambitieux. Ce sont autant de qualités qui ont motivé mon choix. J'ai appris à l'aimer et je suis tombée follement amoureuse de lui. Il m'a présenté à ses parents et, très vite, je me suis familiarisée à ces derniers. Ils m'ont adoptée et choyée", a déclaré la jeune maman.

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Un fardeau

Orpheline de père et de mère, Doris s'est retrouvée entièrement à la charge de Bruno et de sa famille, qui se sont occupés de ses frais de scolarité jusqu'à l'obtention par elle de son baccalauréat. Un an après, les deux tourtereaux ont décidé de vivre ensemble. Le jeune couple n'ayant aucune source de revenus, les Mengue se sont chargés alors de tout, pour le bien et le bonheur des deux tourtereaux. Doris n'a pas tardé à tomber enceinte et, en 2019, Gabrielle, leur fille, est venue consolider leur relation. "L'arrivée de notre fille a été un événement heureux. J'ai décidé de donner le nom de ma belle-mère à cette enfant, malgré les oppositions des membres de ma famille, qui estimait qu'il fallait que je sois d'abord dotée. L'acte de naissance de Gabrielle a été établi et confié à son grand-père."

Les scènes de jalousie et les mauvaises langues ont fini par semer la discorde dans le couple. Les violences conjugales et les malentendus sont devenus le quotidien de Bruno et Doris. La dame avait pris pour habitude de fuguer. Elle regagnait le domicile après plusieurs mois d'absence. Quelque temps après, elle avait décidé de se prendre en charge et s'était installée dans une chambre qu'elle loue. C'est là-bas qu'elle vit depuis avec sa fillette. Peu de temps après, Bruno l'a rejoint. "Il m'a présenté les excuses et a promis de changer. Il m'a également fait une promesse de mariage. Seulement, une fois installé chez moi, mon fiancé est devenu un véritable fardeau. Il faisait tout à mes frais et ne s'occupait pas des charges de la maison. Un jour, suite à une dispute, je l'ai mis à la porte. C'était le début de mon calvaire actuel", a confié la dame.

Chantage

Poursuivant son témoignage, la dame relate que les parents de Bruno n'ont pas digéré l'humiliation subie par leur fils. Depuis lors, ils se sont mêlés dans la dispute et ont promis de lui arracher sa fille. Cependant, après le départ de Bruno, Doris relate qu'elle avait eu les problèmes à son lieu de travail qui ont occasionné son licenciement. "J'ai alors demandé à mon fiancé de s'acquitter des frais de scolarité de la dernière tranche de notre fille. Il ne l'a pas fait. Depuis le deuxième trimestre, l'enfant ne va pas à l'école à cause d'une histoire de 20 mille francs. Bruno et sa famille sont informés et ne m'aident en rien. Lorsqu'ils me téléphonent, c'est pour menacer de m'enlever ma fille. D'ailleurs, mon fiancé a déjà essayé cinq fois de me la prendre. Deux fois à la maison en mon absence, deux fois à son école, et une fois lorsqu'elle était en congé chez ma sœur", a-t-elle déclaré.

"Je suis capable de m'occuper toute seule de ma fille. Il y a trois mois, j'ai trouvé un autre emploi. Je vais envoyer ma fille à l'école l'année prochaine à mes frais comme c'est toujours le cas. Je ne veux pas me séparer de mon enfant, elle est encore trop petite. Si le couple Mengue gagne ce procès, je ne vais plus jamais revoir ma fille. Je sais de quoi ils sont capables. Ils me demandent de me remettre avec leur fils si je veux avoir la paix", ajoute Doris à l'attention du juge.

De l'autre côté, le couple Mengue, qui a introduit la requête en vu d'obtenir la garde de la petite fille, estime que Doris est incapable de s'occuper de son enfant compte tenu de ses problèmes financiers. "Elle a essayé de scolariser cette enfant à ses frais, elle n'a pas pu. La preuve est que notre petite fille ne va pas à l'école depuis le deuxième trimestre. Le travail qu'elle dit avoir trouvé n'est qu'à la phase du stage. La mère de Gabrielle a des difficultés financières qui ne lui permettent pas de s'occuper d'elle-même et de l'enfant. Notre petite fille sera mieux encadrée chez nous", a déclaré Mme Mengue.

À la question du tribunal de savoir où est passé Bruno, le père de l'enfant dont la garde est sollicitée, le couple Mengue a dit que son fils n'est pas aussi stable financièrement et qu'il est à leur charge. "Vous ne pouvez pas décider à la place de votre fils majeur, qu'il dépende de vous ou non. Vous êtes les grands parents de cette enfant, et vous voulez sa garde alors que ses parents sont encore en vie. Allez arranger ce problème en famille pour le bien de cette enfant", a conseillé le juge avant de renvoyer l'affaire à une date ultérieure pour la comparution éventuelle de Bruno.

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