Maroc: Monkeypox a franchi le pas et nos frontières avec pas de quoi fouetter un singe

N'en fait-on pas un peu trop ? Après deux ans de Covid-19, ne voit-on pas désormais des pandémies partout? En tout cas, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé qu'elle ne redoute pas pour l'instant que la propagation du virus de la variole du singe (Monkeypox) au-delà des pays endémiques puisse déclencher une pandémie mondiale.

"Pour le moment, nous ne sommes pas préoccupés par une pandémie mondiale", a indiqué la principale experte de la variole du singe à l'OMS, Rosamund Lewis, estimant qu'il est encore possible d'arrêter cette épidémie avant qu'elle ne s'étende. Pour le chercheur en politiques et systèmes de santé, Dr Tayeb Himdi, "le risque de voir la variole du singe se transformer en pandémie demeure trop faible dans la mesure où ce virus ne se propage pas aussi facilement que le coronavirus, et sa chaîne de transmission se brise rapidement".

Si sa diffusion en dehors des zones endémiques, principalement en Europe, constitue une source de préoccupation, la variole du singe reste une maladie le plus souvent bénigne. En effet, ce virus endémique en Afrique centrale et de l'Ouest se diffuse depuis quelques semaines un peu partout dans le monde et l'Europe est devenue, selon l'OMS, "l'épicentre de l'épidémie la plus importante et la plus étendue en dehors des zones endémiques". Mais jusqu'à présent, seulement quelque 600 cas ont été répertoriés dans le monde, dont un au Maroc. Ce dernier fait actuellement l'objet d'une surveillance minutieuse de la part des autorités marocaines. En provenance d'un pays européen, il a été pris en charge conformément au protocole sanitaire en vigueur et les cas contacts ont subi des analyses de laboratoire en application des mesures sanitaires préventives.

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"D'un point de vue médical, lorsque le cas d'infection est confirmé, le patient est isolé pendant trois semaines (21 jours) et pris en charge jusqu'à sa guérison complète, afin de briser la chaîne de transmission", explique Dr Tayeb Himdi. "La guérison de la Monkeypox chez les adultes qui n'ont pas de problèmes immunitaires se fait sans problème", a-t-il poursuivi, expliquant qu'il 'ire de l'eau en quantités abondantes jusqu'à ce que ces ulcères guérissent, afin de pouvoir donc sortir de l'isolement sanitaire. Dr Tayeb Himdi Le risque de voir la variole du singe se transformer en pandémie demeure trop faible Depuis sa récente diffusion en Europe, aucun décès et très peu de cas graves ont été répertoriés. Les cas graves se produisent plus fréquemment chez les enfants et sont liés à l'ampleur de l'exposition au virus, à l'état de santé du patient et à la gravité des complications. Dans les pays endémiques, les décès constatés ont été surtout liés à une prise en charge tardive ou des surinfections bactériennes. Ce qui interpelle aussi les autorités sanitaires, ce sont les modes de transmission de la maladie. On sait aujourd'hui que le mode de transmission s'effectue "au contact direct des boutons et pustules qu'elle provoque, ou par voie aérienne, mais il faudrait vraiment rester plus de deux heures, sans masque, à parler en face d'une personne infectée", explique Anne Goffard médecin, virologue au CHU de Lille.

Pour ce qui est du vaccin, Dr Tayeb Himdi souligne qu'il n'y a pas de "vaccins spécifiques contre la variole du singe, mais le vaccin contre la variole tout court (Smallpox), éradiquée vers la fin des années 70, est efficace à 85%, notamment celui de la troisième génération".

Toujours selon lui, "le vaccin ne peut être administré qu'aux cas contacts à risque, autrement dit ceux qui ont eu des contacts intimes ou sont restés trop longtemps avec le cas infecté ou vivent avec le malade".

"On peut également l'utiliser en vaccination préventive mais la gravité de la maladie ne le justifie pas", précise Brigitte Autran, professeure émérite d'immunologie à la faculté de médecine de Sorbonne Université. "Puisque la période d'incubation dure entre une et trois semaines, il est intéressant de l'utiliser en post-exposition sur des cas ayant été en contact avec un malade pour prévenir ou empêcher la dissémination de l'infection", a-t-elle fait savoir.

Concernant les traitements, l'infectiologue Xavier Lescure évoque "les antiviraux" et notamment le Técovirimat. Un médicament contre-indiqué chez les enfants de moins de 13 kg et les femmes enceintes. Il est administré par voie orale ou injectable, d'une efficacité "assez puissante dans les 6 premiers jours de l'infection, pour une durée de 14 jours", explique-t-il.

"Un médicament très bien toléré dans l'ensemble ", ajoute-t-il, avant de conclure: " La stratégie aujourd'hui : en première intention Tecovirimat ou son alternatif Brinsidofovir et ensuite immunoglobuline chez les enfants et la femme enceinte ".

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