Maroc: Quelle vision politique pour le programme Awrach ?

Le Groupe socialiste à la Chambre des représentants a initié le débat sur le programme gouvernental Awrach en organisant vendredi dernier au siège du Parlement à Rabat une table ronde sur ce sujet en partenariat avec l'Observatoire du travail gouvernemental (OTRAGO).

Pour rappel, ce programme, qui se veut ambitieux, cible essentiellement les personnes ayant perdu leur travail à cause de la pandémie du Covid-19, celles ayant des difficultés à accéder au marché du travail et qui sont inscrites à l'ANAPEC en tant que chercheurs d'emploi ainsi que les secteurs et les entreprises touchés par la pandémie de Covid-19.

D'emblée, le député El Hassan Lachguar, dans son allocution d'ouverture au nom du Groupe socialiste, a mis l'accent sur ce genre de rencontre, car " elle nous aidera à comprendre et analyser le programme Awrach, voire à l'évaluer en identifiant ses lacunes et ses faiblesses". Abdelkader Taher

L'Etat social est tenu de créer des emplois. Awrach, par contre, ne peut avoir la prétention de résoudre la problématique du chômage Il a également affirmé que l'organisation de cette table ronde s'inscrit dans le cadre des efforts du Groupe socialiste visant à évaluer les politiques publiques afin de les comprendre, faire des observations et proposer des recommandations, et ce en y associant la société civile, ainsi que les universitaires et les chercheurs.

Concernant le programme Awrach, El Hassan Lachguar a souligné que le Groupe socialiste avait déjà exprimé ses craintes quant à la capacité de ce programme à faire face à la crise de l'emploi. " Nous sommes au mois de juin, et il faut voir sa mise en œuvre et les difficultés auxquelles il fait face pour les surmonter et réparer ce qui peut l'être, car, en fin de compte, nous affrontons une conjoncture difficile, et donc cette table ronde est nécessaire pour apporter des réponses ".

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Pour sa part, le député ittihadi Abdelkader Taher a, quant à lui, tiré à boulets rouges sur ce programme, et ce malgré le fait qu'il crée des opportunités d'emploi dans une conjoncture économique difficile.

"Le programme Awrach n'est pas une innovation gouvernementale, car les Marocains le connaissaient déjà à travers l'Entraide nationale, et ce afin de faire face aux conditions sociales et économiques de l'époque ", a martelé le député de l'USFP. ET d'enfoncer davantage le clou en affirmant que " ce programme ne porte pas de solutions et ne crée pas un boom économique. Il manque de créativité et est plutôt une reproduction de programmes qui existaient déjà dans le passé ".

Abdelkader Taher a également affirmé que ce programme est loin de résoudre la problématique de l'emploi, car les données statistiques montrent qu'un million de Marocains vivent dans la pauvreté et un million et demi sont sans emploi, tout en mettant en exergue que l'Etat social doit garantir un véritable emploi aux citoyens et que, par conséquent, ces programmes sporadiques créent des problèmes plus qu'ils n'en résolvent et donc on ne pourra pas compter sur eux pour résoudre la problématique du chômage et la crise de l'emploi dans notre pays ".

Le député socialiste a conclu son intervention en appelant le gouvernement à trouver des solutions efficaces pour résoudre le problème de l'emploi et à créer de véritables postes d'emploi garantissant les droits et la dignité des salariés.

Dans son allocution au nom de l'OTRAGO, Ali Ghanbouri a salué les efforts consentis par le Groupe socialiste à la Chambre des représentants et son ouverture aux activités de la société civile concernant le suivi et l'évaluation des politiques publiques. El Hassan Lachguar

Une telle rencontre nous aide à comprendre et analyser le programme Awrach, voire à l'évaluer en identifiant ses lacunes et ses faiblesses

Il a noté que la vision de l'OTRAGO converge avec celle du Groupe socialiste concernant ces tables rondes qui débattent des grands enjeux sociétaux et économiques actuels du pays.

Il a, par ailleurs, affirmé que l'Observatoire a organisé plusieurs rencontres et tables rondes sur le programme Awrach pour en identifier les forces, les défauts et les faiblesses, et ce avec la participation d'experts et d'universitaires, tout en soulignant que l'OTRAGO est en train de préparer un mémorandum sur ce programme comprenant des recommandations pour l'améliorer et qui sera présenté prochainement au gouvernement.

Ali Ghanbouri a estimé qu'il y a des craintes concernant l'instrumentalisation politique de ce programme dans les régions.

Pour sa part, l'économiste Zaher Badr Al Azrak a posé un certain nombre de questions sur le programme Awrach, à savoir : Quel sera l'avenir des bénéficiaires après la fin de ce programme ? Pourquoi n'a-t-on pas pensé à des alternatives après cette période ?

Zaher Badr Al Azrak a également critiqué l'absence de l'aspect formation dans le programme Awrach, ainsi que l'approche genre, en plus de la faiblesse de la communication.

Au niveau de l'évaluation évoquée dans les documents du programme, Zaher Badr Al Azrak a souligné l'absence d'indicateurs pour mesurer son impact.

En revanche, cet économiste a souligné l'absence d'accompagnement des bénéficiaires de ce programme dans le but de les aider à intégrer dans le marché du travail après sa fin.

Le député isqlalien Abdelali Brouki a, quant à lui, estimé que l'évaluation du programme ne pourra avoir lieu qu'après la fin de celui-ci, tout en soulignant un certain nombre d'avantages du programme Awrach, dont le plus important est l'implication de la société civile dans sa gestion, et sa mise en œuvre au niveau des provinces, ce qui constitue, selon lui, un point positif pour que ce programme ne soit pas exploité à des fins politiques et électorales.

Pour sa part, le secrétaire général du ministère de l'Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l'Emploi et des Compétences, Noureddine Ben Khalil, a fait savoir, lors de son intervention à cette table ronde, que le programme Awrach a comblé lors de son élaboration un ensemble de lacunes qui figuraient dans les précédents programmes, notant que l'appui aux entreprises des jeunes n'est pas une solution car il accroît les disparités spatiales.

Il a expliqué que le programme Awrach est, certes, limité dans le temps, mais il peut être prolongé selon les besoins et les circonstances.

Noureddine Ben Khalil a également souligné que la gestion au niveau territorial au lieu de celle au niveau central est l'un des avantages de ce programme gouvernemental, ajoutant que les projets temporaires sont régis par la règle de gradation dans la création d'emplois.

"Je pars d'un principe très simple : créer des opportunités d'emplois, même temporaires, procurant un certain revenu aux bénéficiaires, vaut mieux que rien ", a-t-il conclu.

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