Madagascar: Conjoncture politique - Le FFKM appelle à l'arrêt des provocations

À l'occasion de la fête de la Pentecôte, le FFKM a publié un message en deux tons. Le premier se rapporte à la politique et demande aux acteurs de l'arène de faire preuve de retenue.

Arrêt des provocations et de l'abus de pouvoir. Voilà les deux mots clés du volet politique du message publié par le Conseil œcuménique des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM), à l'occasion de la Pentecôte.

L'élection présidentielle est la toile de fond de tous les débats politiques actuels. Des débats qui commencent à être tendus. Une tension qui risque fort de monter en crescendo au fur et à mesure que l'échéance de la course à la magistrature suprême approchera. C'est dans ce contexte et, probablement, pour éviter que les querelles politiques n'entraînent des violences, que le Conseil œcuménique a axé une partie de son message de Pentecôte sur les actualités politiques.

"Nous en appelons aux acteurs politiques, que vous soyez au pouvoir ou dans l'opposition, faites régner la paix et le bien-être commun. Préservez l'intérêt supérieur de l'État. Arrêtez les provocations et les abus de pouvoir. Que chacun puisse s'exprimer dans le respect mutuel et le respect de la loi", est l'essentiel du message adressé par le FFKM aux acteurs de l'arène politique. Afin de convaincre les plus récalcitrants, l'église met en avant son statut de "prophète qui s'efforce constamment d'être des éducateurs, des enseignants de citoyens et des hommes d'église modèles".

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À la lecture de sa missive, le Conseil œcuménique s'attend à ce que son appel soit entendu et appliqué par les politiciens. La plupart de ces derniers, d'autant plus, affirment être des citoyens exemplaires et des fidèles modèles des églises au sein du FFKM. Il est probable que les événements récents aient amené le FFKM à s'aventurer, pour la énième fois, sur le terrain politique. Ceci dans l'optique de décrisper la situation dès maintenant, afin d'avoir un processus électoral apaisé.

Éviter une crise

Le 30 mai, une sortie médiatique de Marc Ravalo-manana, président national du parti "Tiako i Madagasikara" (TIM), a crispé la scène politique. Dans un communiqué publié ce jour-là, l'ancien Chef d'État a qualifié le pouvoir de "dictature", et peste contre "des abus de pouvoir et d'intimidations contre l'opposition".

Marc Ravalomanana et ses partisans ont surfé sur ce qu'ils affirment comme une interdiction de tenir un meeting politique à Antsirabe, pour redynamiser les bases du TIM, le samedi d'avant. Il a lancé un appel à d'autres acteurs politiques et civils pour lui prêter main forte et met en doute l'impartialité de l'organisation de la présidentielle qui ne se tiendra que l'année prochaine. En réponse, Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo, ministre de la Communi-cation et de la culture, s'est évertuée à démonter le principal argument du parti d'opposition.

La porte-parole du gouvernement dément l'interdiction de tenir un meeting politique affirmée par le TIM et son chef de file. Elle indique que les autorités d'Antsirabe ont bien donné leur autorisation pour la tenue du meeting, mais a décidé de le relocaliser à un autre endroit. En marge de la prestation de serment du directeur général de l'Agence de recouvrement des avoirs illicites (ARAI), vendredi, Andry Rajoelina, président de la République, a répliqué aux affirmations de l'opposition.

"La perception que certains veulent faire croire est différente de la réalité. (... ) contrairement à ce que certains veulent faire croire, nous sommes loin d'une dictature. Nous sommes dans un pays qui loue et respecte les libertés", a déclaré le locataire d'Iavoloha. Les jeux de provocation pour pousser à la faute son vis-à-vis vont bon train et risquent de s'intensifier. À entendre les discours, une intention de torpiller la crédibilité du processus électoral est perceptible chez l'opposition.

Pour une partie de l'opinion publique, il y a toujours des suspicions que les tenants du pouvoir soient tentés d'en abuser. Avec la présidentielle à l'horizon, la conjoncture politique est de nouveau en passe d'entrer en ébullition. Une fois de plus, l'enjeu de 2023 est d'avoir une alternance démocratique apaisée et dissiper le spectre d'une nouvelle crise. Il est question de renforcer les acquis démocratiques de 2018.

Le FFKM est sollicité à tout vent par les acteurs politiques lorsqu'ils se retrouvent en difficulté, ou en peine pour faire valoir une idée, ou un desideratum. Le Conseil œcuménique des églises chrétiennes de Madagascar peine, toutefois, à se faire entendre lorsqu'il appelle à une prise de conscience des politiciens pour éviter un péril à la nation. Fait regrettable, ses messages et déclarations sont interprétés à leur guise et suivant leurs intérêts par les politiciens. Reste à voir si, cette fois-ci, le message politique de l'église sera entendu et appliqué par ceux qui se targuent d'être ses ouailles.

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