Cote d'Ivoire: Mamadou Sangaré Dg de la Sodefor, après la Cop 15 - " Nous disposons de l'expertise qu'il faut, pour la réussite de l'Initiative d'Abidjan "

interview

Dans une interview accordée à Fratmat.info, le directeur général de la Sodefor, Mamadou Sangaré fait le point de la participation de sa structure à la Cop 15. Et parle de l'apport de son entreprise dans l'exécution du Programme dit " Initiative d'Abidjan " contre la désertification et la sécheresse.

Quelles satisfactions la Sodefor tire-t-elle de la Cop 15 que la Côte d'Ivoire vient d'abriter sur la lutte contre la désertification et la sécheresse ?

Nous sommes avant tout satisfaits de savoir que nombre de nos préoccupations, relatives à la conservation des forêts qui étaient encore mal connues, ont pu être portées à la connaissance de la communauté nationale et internationale. Il est tout aussi heureux de constater une convergence de vue dans les différentes réactions enregistrées. Aussi bien chez les bailleurs de fonds, que des politiques et autres. Il en résulte donc une prise de conscience commune, quant à la nécessité d'agir. Ce qui a du reste toujours été notre crie de cœur. Mais agir vite pour surtout faire en sorte qu'on détruise moins, à travers l'intervention humaine, serait encore mieux. Nous avons également été satisfaits d'avoir pu mettre en exergue, l'expertise de la Sodefor, dans le cadre de la lutte contre la désertification et l'avancée du désert. A ce niveau, la première des choses, est la maitrise du matériel végétal. Si nous nous référons aux visites de notre stand par les différents participants à cette Cop 15 et de l'intérêt que les uns et les autres ont porté sur les explications que nous leur avons données, relativement aux images, graphiques et objets exposés, nous pouvons dire que nous avons fait le bon choix. Car, qui parle de lutter contre la désertification, qui parle de restauration des terres, doit avant tout parler de matériel végétal.

%

Et pourquoi cela ?

Mais tout simplement parce que, quels que soient les montants d'argent dont vous allez disposer pour mener cette lutte, si vous n'avez pas le matériel végétal en qualité et en quantité suffisante pour la mener, il n'est pas très évident que vous puissiez atteindre vos objectifs. Or, c'est bien là, un programme sur lequel la Sodefor a travaillé et continue de travailler depuis de nombreuses années. Je dirai depuis plus d'un demi- siècle. Et en la matière, ses acquis sont très importants, à ce jour. Ce fut donc une occasion pour nous de pouvoir rassurer d'une part nos gouvernants et d'autre part la communauté internationale, sur la capacité de la Côte d'Ivoire, à porter un tel projet, avec le potentiel dont elle dispose, relativement à la production et à la maitrise de l'usage du matériel végétal, nécessaire à la mise en œuvre même de tout programme de lutte contre la désertification.

Et qu'en est-t-il des résultats relatifs à la conservation proprement dite, des forêts de l'Etat ?

Justement, un autre motif de satisfaction pour nous, à l'issue de cette Cop 15, est d'avoir pu présenter nos acquis, en ce qui concerne la réalisation de la mission qui a été confiée à la Sodefor, lors de sa création en 1966. A savoir, celle de pouvoir établir l'équilibre entre, la reconstitution et l'exploitation de la forêt ivoirienne. Mission d'autant plus importante que le pays amorçait son développement et avait pour ce faire, aussi besoin de sa forêt à cet effet. Les différents acquis résultant de cet équilibrage ont aussi intéressé la communauté internationale à cette Cop 15.

Et l'aspect le plus important à ce niveau, ce n'est pas le reboisement en tant que tel, mais bien plus, la reconversion des zones forestières dégradées par les pratiques agricoles. Nous sommes persuadés que le cœur de la foresterie dans les deux et trois décennies à venir, sera bien celui de parvenir à reconstituer les zones forestières dégradées, sous l'effet de l'agriculture. Et cela nous a beaucoup plus intéressé. En ce sens qu'il s'agit de pouvoir partager avec la communauté nationale et internationale, les acquis de la Côte d'Ivoire en matière de récupération des terres impactées par l'agriculture. Et surtout de le faire dans un environnement apaisé. Cela est d'autant plus important que ça toujours inquiété tout le monde. Les forêts ont certes été investies. Mais attention, un mouvement massif et brutal de déguerpissement, peut encore créer du désordre et surtout d'autres problèmes sociaux et économiques.

On sait que notre pays est premier producteur mondial de cacao, d'anacarde et qu'il dispose de très bonnes performances non négligeables dans la production de l'hévéa, du palmier à huile etc. Mais, tout cela est dû à sa couverture forestière. Donc pour nous, la reconversion de ces espaces dégradés, à travers les différents itinéraires qui ont pu être développés, présentés et acceptés par les uns et les autres, nous conforte dans notre démarche.

Que peut donc être l'apport de la Sodefor dans l'exécution du Programme dit " Initiative d'Abidjan " contre la désertification et la sécheresse ?

Le meilleur apport que nous puissions apporter à ce Programme, c'est tout le savoir- faire de la Sodefor dont je viens de vous parler. C'est notre expertise en matière de production de et d'utilisation du matériel végétal. C'est notre compétence en matière de reboisement et de gestion des zones reboisées, c'est aussi notre savoir- faire des opérations de reconversion des espaces dégradées par l'agriculture. Nous sommes tout aussi à même de recommander, et de mettre à la disposition des industriels du bois, des essences à croissance rapide, pour effectuer leur reboisement.

Le faisant, nous répondons ainsi favorablement à leur préoccupation relative au temps qu'ils mettront, pour jouir des retombées de l'investissement qu'ils auront effectué, en plantant des arbres. De par notre expérience, nous disposons à ce jour d'essences pour lesquelles il fallait attendre cinquante ans d'existence voir plus, avant de pouvoir les exploiter, mais dont nous avons réussi à ramener à vingt ans aujourd'hui, la durée de vie avant exploitation. Une telle performance non négligeable peut profiter à tous ceux qui désirent investir dans la production du bois, au titre de la reforestation. Toute chose qu'il faut du reste encourager et promouvoir à très grande échelle, dans le cadre de ce programme de l'Initiative d'Abidjan. La Sodefor est bien là, prête à accompagner avec son expertise n la matière.

Il y a aussi des essences sur lesquelles nous travaillons, pour parfaitement répondre aux besoins économiques de la filière bois. Ce sont des essences qui auront des révolutions, c'est-à-dire des durées de vie pour pouvoir être exploitées, de moins de dix ans, voire cinq ans. C'est bien tout cela qui explique aujourd'hui en Côte d'Ivoire, l'intérêt que les opérateurs économiques portent au reboisement. Par ce qu'ils ont désormais une visibilité sur ce qu'ils peuvent en tirer comme profit dans une durée de temps qui ne les échappe plus.

Quand on sait que la Sodefor traverse depuis quelques années des difficultés, l'on se demande bien si elle pourra réussir une pleine et parfaite implication dans l'exécution du Programme " Initiative d'Abidjan ". Qu'en dites-vous ?

En effet, nous avons aujourd'hui besoin d'importantes ressources financières. C'est qu'avant les années deux mille, l'essentielle des ressources financières de la Sodefor provenait des bailleurs de fonds et de l'Etat. Mais depuis, cet apport financier a considérablement diminué, suite aux crises successives qui ont secoué la Côte d'Ivoire. A ce jour, il nous faut un bon accompagnement financier. Il nous faut renforcer le personnel avec un effort sur son renouvellement, pour bien porter ce Programme. On peut compter sur la transition générationnelle, car l'expertise à la base est bien là, solidement établie.

Ce qui nous réjouit ici, c'est l'intérêt porté à l'Initiative d'Abidjan par les bailleurs de fonds. Il y a eu beaucoup de déclarations de leur part. Mais, il faut aussi que très rapidement, l'on passe au financement proprement dit de cet important Programme ivoirien de lutte contre la désertification et la sécheresse, apprécié de tous. Le temps presse.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.