Ile Maurice: Tortures policières - Quand le PM semble être au courant

Nombreux sont ceux qui ont exprimé leur désarroi face aux vidéos de torture policière, dont le Premier ministre. Pravind Jugnauth avait souligné qu'il venait juste de prendre connaissance du phénomène de brutalité policière qui existe dans le pays.

Il avait dit que son gouvernement ne tolérerait pas ce type d'attitude et de comportement qui "porteront atteinte à l'image de la police et du pays", lors de son discours au Gymkhana, à Vacoas, pendant une cérémonie de la police, mercredi 1er juin. Il avait également commenté la situation lors d'une célébration de l'Eid-Ul-Fitr à la mairie de Vacoas-Phoenix, trois jours après que les premières vidéos ont été révélées. Se disant "choqué", il avait précisé : "... Nous devons connaître les faits. À quand remonte toute cette affaire ? À qui avait-on rapporté cette affaire ? Pourquoi rien n'a été fait ?"

Il y a cependant un souci. On apprend que dans un e-mail daté du 7 mai 2020, envoyé en réponse à Youth for Human Rights International (Mauritius Chapter), le Private Office du Premier ministre avait officiellement accusé réception d'une lettre adressée à l'Independent Police Complaints Commission (IPCC) sur la question de la brutalité policière. Les 3 et 6 mai 2020 respectivement, l'organisation Youth for Human Rights avait envoyé deux lettres à l'IPCC et dont l'objet était Alleged Violation of Human Rights by Police Officers.

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Ces lettres faisaient spécifiquement état d'un incident de brutalité policière sur un habitant de Roche-Bois, 34 ans, arrêté à Port-Louis le 30 avril 2020 pour ne pas avoir été en possession d'un Work Access Permit. L'homme a été conduit au poste de police de Trou-Fanfaron, où il affirme avoir été torturé avec un manche de scie, une ceinture ainsi qu'une torche élec- trique. Après l'intervention d'un sergent, il a été hospitalisé à l'hôpital Dr A.G. Jeetoo. Traumatisé, il s'est enfui pendant la nuit par peur d'être à nouveau torturé par la police, bien que les médecins lui aient conseillé de rester pour la nuit.

Les deux lettres - également adressées au commissaire de police d'alors, Mario Nobin, au ministère de la Défense, de l'Intérieur et de la Communication externe, en copie au Regional Youth for Human Rights International Coordinator - sollicitaient une intervention rapide de la part des autorités, et ont été envoyées par e-mail à la Police Research and Development Unit des Casernes centrales ainsi qu'au Private Office du Premier ministre le 6 mai 2020.

Le Secretary to Cabinet and Head of the Civil Service du Private Office du Premier ministre a officiellement répondu à l'organisation Youth for Human Rights le 7 mai 2020, prenant connaissance de l'e-mail "avec remerciement". Pravind Jugnauth n'est-il pas informé ou, comme il aime le dire, "made aware" d'un e-mail que son secrétaire de cabinet reconnaît officiellement avoir reçu ? Quoiqu'il en soit, ses propos "Listen... As far as i know... I'm not aware... I don't know. I will have to find out" nous font croire, à chaque fois, qu'il n'est au courant de rien.

Pour rappel, le directeur national de Youth for Human Rights International (Mauritius Chapter), Manishwar Purmanund, avait déposé une plainte au CCID, mercredi 1er juin 2022, contre l'IPCC pour ne pas avoir pris les mesures nécessaires dans quatre cas de brutalité policière. L'activiste Bruneau Laurette a également déposé une plainte contre le Premier ministre et l'inspecteur Shiva Coothen pour Culpable omission et Obstruction to justice, affirmant qu'ils auraient pris connaissance, il y a deux ans, des vidéos montrant des tortures par la police.

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