Burkina Faso: Blocage de Bissa Gold - Si la mine ferme, Sabcé, Guibaré et Mané en danger

Le 2 juin 2022, des personnes se réclamant de l'Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ) de la commune de Sabcé, province du Bam, ont interrompu pendant un instant les activités de la mine de Bissa Gold. Suite à des échanges avec les leaders du mouvement, les activités ont repris. Mais Bissa Gold court tout droit vers sa fermeture si les manifestations spontanées entraînant l'arrêt des travaux devaient se poursuivre.

La manifestation du 2 juin 2022 n'a pas été autorisée par l'autorité compétente. C'est la nième fois qu'un tel incident spontané survient sur ce site minier. Cette dernière manifestation intervient dans un contexte de crise dans plusieurs sites miniers. Les mines de Taparko et de Youga sont présentement fermées pour cause d'insécurité. Des mesures sont prises pour la gestion du personnel de ces mines. La fermeture d'une mine constitue un désastre social, économique et environnemental.

Sur le plan social, la situation actuelle des mines fermées met en danger plus de 2000 emplois directs et des milliers d'autres indirects générés par les sous-traitants des sociétés.

Sur le plan économique, le manque à gagner pour le budget est estimé à une vingtaine de milliards de FCFA par an. Le manque à gagner dans le budget des collectivités est également très conséquent. Au nom de la responsabilité sociale des entreprises, les mines en difficulté réalisaient des investissements au profit des communautés, ce qui contribuait à combler les insuffisances de l'Etat et des collectivités qui disposent de moyens limités. Elles versent des recettes locales aux collectivités dont la taxe superficiaire, la patente et le fonds minier de développement local.

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Les nombreuses communes minières impactées par ces mines en difficulté ressentiront l'absence de ces mines dans leur budget.

Sur le plan environnemental, le retard pris par le Burkina Faso en matière de réhabilitation expose les riverains aux risques environnementaux après la fermeture.

Les nombreux blocages spontanés, dont la mine de Bissa Gold est victime, impactent sur son rendement. Ils peuvent conduire à une fermeture pure et simple de la mine. Ils ne sont pas nombreux les investisseurs qui peuvent observer avec patience de tels comportements des riverains qui impactent négativement la rentabilité de l'entreprise alors qu'elle doit faire face au paiement des salaires, des taxes et des impôts.

Les riverains doivent garder à l'esprit qu'en cas de fermeture de Bissa Gold, ils n'auront plus un interlocuteur contre qui manifester pour exiger la satisfaction d'une quelconque plateforme. A moins que l'objectif recherché soit la fermeture de la mine.

Il faut sauver la mine de Bissa Gold pour qu'elle ne connaisse pas le même sort que les mines qui sont fermées présentement. Si Bissa Gold arrête ses activités, des villes comme Sabcé, Mané, Guibaré ressentiront le contrecoup.

Sur 1385 employés, 563, soit 40,6% proviennent des localités impactées. Sur les 563 emplois locaux, 360 proviennent de Sabcé, 76 de Mané, 62 de Kongoussi, 30 de Guibaré, 17 de Kaya, etc. Ces statistiques ne prennent pas en compte les nombreux travailleurs des sociétés de sous-traitants. Une fermeture de la mine menacera tous ces emplois. Des jeunes se retrouveront au chômage et pourraient facilement être enrôlés dans les groupes armés.

Bissa Gold verse au budget de l'Etat en moyenne 14 milliards de FCFA de taxes et impôts par an dont 500 millions de FCFA de dividendes, représentant les 10% des parts de l'Etat dans le capital.

Outre le budget national, Bissa Gold alimente les budgets des communes. Rien qu'en 2022, les 3 communes impactées (Sabcé, Guibaré et Mané) ont reçu au titre de la patente, 1,177 milliard de FCFA.

La contribution de la mine au développement local ne s'arrête pas là. Sur 1,712 milliard de taxes superficiaires payées par la mine à l'Etat en 2021, les communes impactées se sont partagées 350 millions de FCFA. En outre, elles reçoivent une part importante des recettes issues du fonds minier de développement local.

La présence de la mine a renforcé le budget de ces communes impactées. En outre, Bissa Gold pérennise ses interventions socio-économiques au profit des communautés. Pour ce faire, un budget de 250 millions de FCFA par an est consacré aux investissements qui touchent la vie des communautés, l'appui institutionnel aux structures de l'Etat.

Au titre du fonds de réhabilitation du site, elle a versé 3,653 milliards en 2020.

La mine de Bissa Gold est prise en otage par des personnes aux intérêts inavoués. Certaines se réclament de l'ODJ, une organisation nationale pourtant sérieuse et responsable. C'est au nom de cette célèbre organisation que des individus de Sabcé agissent pour régler leur compte avec la mine de Bissa Gold.

En effet, ces personnes sont en réalité des commerçants et des opérateurs économiques qui ont perdu des marchés avec la mine après avoir présenté de nombreuses défaillances dans l'exécution des contrats.

Les responsables nationaux de l'ODJ doivent rappeler à l'ordre ces personnes qui utilisent le nom de leur organisation.

Ces personnes surfent aussi sur la fibre politique pour contester les recrutements d'employés locaux. Bissa Gold dans sa politique de développement local priorise la formation et l'emploi local. Le critère de recrutement étant la résidence, les critères politique, religieux et ethnique sont bannis à la mine. Toutefois, chaque employé est libre de ses orientations politique et religieuse mais dans le respect d'autrui. La mine de Bissa Gold ne se sent donc pas concernée par ces accusations discriminatoires basées sur l'appartenance politique. Derrière ces fausses accusations se cachent une fois de plus des personnes qui proclament partout qu'avec le changement de régime, il est temps pour elles de prendre le contrôle de la mine pour accéder aux emplois et aux marchés.

La mine de Bissa Gold reste ouverte au dialogue sous le contrôle des autorités administratives locales et nationales. Mais ce dialogue doit se faire dans un respect mutuel et dans un cadre citoyen et républicain.

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