Beaucoup l'ont appréhendé depuis des semaines. Les cotations officielles de la Banque centrale de Madagas-car de jeudi ont confirmé l'ascension sans limite du dollar sur l'échelle des valeurs du Marché interbancaire de devises, MID. Depuis jeudi, le billet vert américain s'échangeait en-dessous des 4000 ariary. Aux transactions des changes au noir, en plein jour, à l'abri des caméras de surveillance, sous l'ombre des cocotiers à Antsahavola le bien nommé, ou le long des arcades de l'Avenue de l'indépendance, ce seuil psychologique a été dépassé depuis la semaine passée. Suivant l'importance des coupures présentées.
Des analystes attribuent cette flambée du dollar à la bonne santé de l'économie américaine, plus résistante aux bourrasques venues de l'Ukraine que le modèle européen. Même si l'euro commence aussi à suivre une courbe ascendante aux fluctuations enregistrées par le MID. Une constatation donnant raison aux détracteurs du système de double-cotation adopté par le MID. Un format hybride qui, de toute évidence, ne profite guère à la monnaie nationale. Il reste à attendre que la faiblesse chronique de celle-ci serve au moins l'intérêt des produits made in Madagascar destinés à l'exportation. Une théorie valable sur le papier mais confrontée à la loi de l'offre et de la demande aux frontières des transactions commerciales.
D'autres expliquent par des causes endogènes cette avancée inexorable du dollar vers le sommet. Les mauvaise perspectives économiques dressées par la Banque mondiale, le suspens sur ce que va dire la seconde mission d'évaluation du Fonds monétaire international, FMI, sur les critères de performances liés au décaissement de la troisième tranche de la Facilité élargie de crédit, à affecter aux aides à la balance de paiement pour cette fois-ci. Des pourparlers rendus compliqués par le manque de visibilité sur le devenir de la Jirama et d'Air Madagascar, deux sociétés d'État en plein désarroi financier.
En tout cas, ce dollar à plus de 4 000 ariary va enflammer le montant des factures pétrolières. Peut-être, l'argument imparable pour motiver la prochaine hausse des prix du carburant.