La Journée Mondiale des Océans de ce 8 juin 2022 a été célébrée par la communauté des pêcheurs sénégalais de fort belle manière sur fond de contestations. Le Sénégal, bien connu pour la richesse de ses écosystèmes marins, enregistre des menaces de plus en plus pesantes sur la rareté des ressources halieutiques qui, aujourd'hui, se fait ressentir par toute la population. La surpêche par les bateaux étrangers, l'utilisation de méthodes de pêche destructrices, comme le chalutage de fond et la pêche industrielle, l'aquaculture commerciale et l'expansion de l'industrie des farines et huiles de poisson (FMFO), laissent nos océans dévastés. Les communautés de pêcheurs de Joal et sur tout le long du littoral sénégalais ont tenu à se faire entendre par une série de manifestations.
Ana Sama Jën (ou est mon poisson)?: Le secteur de la pêche face à une crise économique, sociale et environnementale sans précédent
Le secteur de la pêche sénégalais fait face au cours de ces dernières années à une crise économique, sociale et environnementale sans précédent avec des conséquences désastreuses sur les pêcheurs, les mareyeurs et les femmes transformatrices qui ne savent plus à quel saint se vouer. En atteste cette photo prise sur le port de Joal dont le message #AnaSamaJën (où est mon poisson) reste une interpellation directe aux décideurs politiques. Les accords de pêche désastreux, les sociétés (écrans) mixtes et les usines de farine et d'huile de poisson sont sûrement passés par là. A qui la faute?
Les usines de farine et d'huile de poisson: une menace à la sécurité alimentaire de millions de sénégalais
C'est que chaque année, plus d'un demi-million de tonne de poissons sont pêchés dans les eaux d'Afrique de l'Ouest pour être transformées en farine et en huile de poisson afin de nourrir les poissons d'élevage, le bétail et les animaux domestiques en Asie et en Europe, selon un précédent rapport de Greenpeace Afrique et Changing Markets.
Si rien n'est fait pour empêcher les usines de farine et d'huile de poisson, elles continueront à se rapprocher de plus en plus vite de ce qui pourrait être un point de basculement. Cette situation ne laissera aucune marge de manœuvre aux acteurs de la pêche qui ont de plus en plus de mal à couvrir les besoins de leur famille en raison de la pénurie de poisson. Elle menacera, en outre, la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de 40 millions d'Africains établis en Afrique de l'ouest. Le poisson frais destiné à la consommation humaine est transformé en farine et donné aux animaux en Asie et en Europe au détriment d'une population qui reste dépourvue d'une ressource alimentaire vitale. Hélas!
La reconnaissance légale des métiers des femmes transformatrices de produits de la pêche
Au Sénégal, les pêcheurs et les femmes transformatrices de poisson se sont réunis dans les centres de débarquements de pêche artisanale le long de la côte du pays afin de protester contre le refus du gouvernement de protéger les stocks de poissons du pays et les communautés qui en dépendent.
La reconnaissance légale des métiers des femmes transformatrices de produits de la pêche devient un impératif de la part des autorités en charge de ce secteur; Ces braves actrices du développement durable et économique qui nourrissent le monde doivent être soutenues dans ce combat.
Le secteur de la pêche au Sénégal, renaîtra t-il pour la génération future?
N'en déplaise, l'avenir pour les générations futures au Sénégal concernant ce secteur de la pêche reste très mitigé. Entre le marteau des politiques sectorielles désastreuses et l'enclume de la rareté des ressources halieutiques, il y a de quoi s'interroger sur l'avenir du métier de pêcheurs, de femmes transformatrices de poisson, de mareyeurs ... . de nos enfants.
Greenpeace Afrique appelle les autorités gouvernementales du Sénégal, à procéder au gel de nouvelles licences de pêche, aux nouvelles autorisations d'implantation d'usines de farine de poisson comme stipulé dans les recommandations des concertations sur les usines de farine et d'huile de poisson tenues le 24 Octobre 2019. Greenpeace demande, également, la fermeture des usines utilisant du poisson entier, propre à la consommation humaine.
Greenpeace Afrique
