Tunisie: Guerre de légitimité au sein de l'UTAP - Des manœuvres suicidaires !...

14 Juin 2022

Comment l'Utap en est-elle arrivée là ? Dans quelle mesure peut-elle jouer son rôle historique dans cette phase sensible ? Où va-t-on et comment préserver cette organisation nationale des tiraillements politiques ?

Les Tunisiens, mais surtout les agriculteurs dont les intérêts sont menacés par ce conflit, se posent tant de questions sur le sort de l'Utap. Actuellement, l'image est la même, les deux responsables se disputent la légitimité, alors que le bureau exécutif semble divisé en deux camps.

Au sein de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap), c'est le chaos total. Un président poursuivi par la justice et deux responsables qui se disputent la légitimité à la tête de cette organisation nationale historique, une situation qui nuit considérablement au rôle de l'Utap dans cette phase sensible.

Alors que Abdelmajid Ezzar, président de l'organisation, avait été ciblé il y a quelques mois par une procédure judiciaire pour soupçons de corruption et de manipulation des prix, sa présidence est contestée par de nombreux membres du bureau exécutif, dont notamment Noureddine Ben Ayed. Ce dernier a annoncé qu'il était depuis le 18 mai président de l'Utap, suite à une réunion du bureau exécutif, il aurait même pris de force le bureau d'Abdelmajid Ezzar.

Vous l'aurez compris, au sein de l'organisation, c'est le chaos total, la force a dû intervenir à plusieurs reprises au vu de la tension dans les locaux de l'Utap. Abdelmajid Ezzar n'est pas resté les bras croisés, la semaine dernière il a forcé la porte de son bureau à l'Utap, après avoir été écarté par des membres de l'organisation et remplacé par Noureddine Ben Ayed. D'ailleurs, ce dernier campe sur sa position et affirme être le seul président de l'Utap. Hier lundi, dans des déclarations médiatiques il annonce que Abdelmajid Ezzar a été "officiellement écarté de la présidence de l'Utap, et qu'il est désormais un simple membre".

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Pourtant, Ezzar est revenu, vendredi 10 juin 2022, dans son bureau, affirmant être "le président légitime de l'organisation". Du coup, la tension est montée d'un cran, des unités de police ont encerclé le siège de l'organisation et Noureddine Ben Ayed a repris de force le bureau du président.

Dimanche dernier, l'Utap a rendu public un communiqué pour revenir sur cette situation. L'organisation dément le fait que "Abdelmajid Ezzar aurait forcé la porte de son bureau à l'Utap, volé les cachets administratifs de l'Union et de son nouveau président autoproclamé Noureddine Ben Ayed". L'Utap considère qu'il s'agit de manœuvres visant à porter atteinte aux cadres et à la direction légitime de l'organisation.

Mais avant, l'Utap a indiqué, dans un autre communiqué publié samedi 11 juin, que le président Abdelmajid Ezzar, qui a forcé la porte de son bureau à l'Utap, a volé les cachets administratifs de l'Union et de son "nouveau" président autoproclamé Noureddine Ben Ayed. L'organisation menace de poursuites judiciaires à l'encontre de toute personne qui utilisera les cachets administratifs volés.

Où va-t-on ?

Comment en sommes-nous arrivés là ? Dans quelle mesure l'Utap peut-elle jouer son rôle historique dans cette phase sensible ? Où va-t-on et comment préserver cette organisation nationale des tiraillements politiques ? Les Tunisiens, mais surtout les agriculteurs dont les intérêts sont menacés par ce conflit se posent tant de questions sur le sort de l'Utap.

Actuellement, l'image est la même, les deux responsables se disputent la légitimité, alors que le bureau exécutif semble divisé en deux camps.

Il faut rappeler que ces dernières semaines, une tension sans précédent s'est emparée de l'Utap. Les appels à démettre son président sur fond de cette affaire de justice étaient nombreux alors que ce dernier refuse, jusqu'à présent, de jeter l'éponge.

Plusieurs membres du conseil central de l'organisation dénoncent les prises de décision unilatérales, la mauvaise gestion et la politique de fuite en avant du président de l'Union agricole et évoquent "la nécessité de rectifier la trajectoire".

Parallèlement, c'est Noureddine Ben Ayed qui prend l'initiative en s'autoproclamant, il y a quelques jours, président de l'organisation. Il affirme même avoir été chargé par le président de la République d'assainir l'Utap.

Ben Ayed accuse Ezzar de corruption et de politisation des décisions de l'Utap, en raison des agissements de sa présidence. Abdelmajid Ezzar fait l'objet, depuis janvier dernier, d'une enquête judiciaire ordonnée par la ministre de la Justice Leïla Jaffal.

Le responsable en question est poursuivi pour soupçons de spéculation et de manipulation des prix.

Dans ce contexte de chaos, l'organisation nationale avait refusé de participer au dialogue national organisé par la présidence de la République, "dans sa version actuelle". "On se considère non concernés par la participation au dialogue national", avait affirmé le vice-président de l'Union Khaled Arak.

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