Tunisie: L'éducation politique

15 Juin 2022

LES dirigeants de l'Ugtt sont catégoriques : la Centrale syndicale n'appuie pas le Front de salut national. Ses revendications sont d'ordre économique et social. Jamais politique. Surtout loin des parties dont les agendas sont connus et qui ne font que véhiculer tous les travers non contenus dans les valeurs et les idéaux de la Révolution tunisienne.

Ce qui se passe actuellement est l'exemple type le plus flagrant et l'expression la plus ambiguë de la récupération et de la dérive politiques. Du côté de Montplaisir, c'est l'usage qui perdure. Incapable de retenir les leçons du passé et faute d'"éducation politique", le parti, ainsi que ses principaux alliés, ont transformé ce qui n'était au début que de simples manœuvres politiques en réactions et actes les plus inconséquents. Polémiques, accusations, dénonciation, diffamation, le destin du mouvement islamiste, mais aussi celui de beaucoup d'acteurs, est devenu lié à des facteurs extrapolitiques.

Ennahdha et ses alliés aspirent aujourd'hui à profiter des désaccords des autres. Même si les ennemis d'hier deviennent les alliés d'aujourd'hui. Usant de tout, sans limites et sans scrupule, l'histoire de certains partis et de personnalités politiques s'est ainsi construite. Des alliés ne portent pas toujours les mêmes noms, ni les mêmes principes et les mêmes convictions. Chercher une logique ou une cohérence à ce sujet relève d'ailleurs d'un exercice de haute voltige. Ce qui est encore pire, c'est cette faculté de défendre l'indéfendable, d'expliquer l'inexplicable, de justifier l'injustifiable et d'accréditer l'invérifiable.

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Ainsi, pour régler leurs comptes avec Saïed, il y en a qui sont prêts à tous les arrangements, voire à toutes les concessions. Sauf que l'Ugtt n'est pas ce qu'ils croient. La centrale syndicale n'abandonne jamais ses fondamentaux. La vision de ses responsables n'est pas aussi étroite que celle avec qui le mouvement islamiste avait pris l'habitude de composer.

Dans tout regroupement humain, il y a des moments de tension, de divergences, d'incompréhension même. Mais quoi qu'on en dise et en pense, l'exécutif et l'Ugtt sont condamnés à cohabiter. Dans le désaccord entre la centrale syndicale et Saïed, et bien entendu le gouvernement, les interférences aux desseins inavoués sont multiples. Mais d'un côté comme de l'autre, l'on ne doit pas perdre de vue la dimension nationale qui est au-dessus de toute considération. Le blocage n'a que trop duré et la Tunisie n'a pas besoin d'un foyer de tension supplémentaire. L'intérêt national devrait par conséquent calmer l'ardeur des uns et des autres.

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