Afrique: Le Commonwealth en sommet au Rwanda malgré des critiques

Reporté à deux reprises en raison de la pandémie de Covid-19, ce sommet qui va regrouper quelque 5.000 délégués sera l'occasion pour le président rwandais, Paul Kagame, de tenter de redorer son image ainsi que celui de son pays.

Cependant, la tenue de cette rencontre au Rwanda, est critiquée par plusieurs ONG qui accusent le pouvoir rwandais de ne pas respecter les droits de l'Homme.

Ces ONG, comme Human Rights Watch ou Amnesty International, souhaitent que les participants saisissent l'occasion du sommet pour faire pression sur le président Kagame afin qu'il libère les opposants politiques, les Youtubeurs et les journalistes emprisonnés.

Michela Wrong est une journaliste britannique, elle a publié plusieurs livres d'enquêtes dont son dernier traite de la dérive autoritaire de Paul Kagame.

"Si les délégués sont curieux de savoir pourquoi il y a si peu de mendiants à Kigali lorsqu'ils arrivent, ils doivent se rendre dans les centres de transit où, selon Human Rights Watch, ces malheureux Rwandais sont emmenés chaque fois que Kigali accueille une grande conférence pour être rééduqués. C'est un euphémisme poli pour désigner un traitement assez dur. Il leur sera aussi conseillé de ne pas organiser de conversations à cœur ouvert sur leur portable pendant leur séjour dans le pays, car le Rwanda est un grand utilisateur du logiciel espion Pegasus, qu'il utilise pour mettre sur écoute les ministres et chefs d'Etat en visite", explique la journaliste.

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Toutefois, Phil Clarke, de l'Ecole des études orientales et africaines à l'université de Londres, rappelle que d'autres pays hôtes, avant le Rwanda, ont également connu des problèmes de droits de l'Homme.

Conflit avec la RDC et accord migratoire

Ce sommet intervient par ailleurs alors que le Rwanda est accusé de soutenir la rébellion du M23 en RDC, provoquant de vives tensions entre les deux pays.

En outre, le Rwanda est critiqué pour avoir conclu avec le Royaume-Uni, un accord migratoire dénoncé notamment par l'Onu et par le Prince Charles.

Le rôle des femmes et des jeunes

Une des questions qui devrait aussi être abordée au Sommet du Commonwealth est le rôle des femmes et des jeunes dans l'exercice du pouvoir.

Dimanche, en prélude à ce sommet, des jeunes venus des pays membres de l'organisation ont discuté de la manière dont ils pourraient prendre en charge leur avenir sur un continent où de nombreux dirigeants sont âgés et peu enclins à céder leur place.

Pour la ministre rwandaise de la Jeunesse, Rosemary Mbabazi, il est temps pour les jeunes de montrer le rôle qu'ils sont prêts à jouer.

"Êtes-vous présents pour prendre en charge votre avenir, ou vous contentez-vous de tergiverser ? Faites-vous ce qu'il faut pour créer votre avenir, ou le laissez-vous au hasard ? Êtes-vous déterminés à laisser le monde dans un meilleur état que vous ne l'avez trouvé, ou est-ce le devoir de quelqu'un d'autre de le faire? L'état d'esprit des personnes qui prennent leur destin en main est celui des personnes qui ne se trouvent pas d'excuses. Nous ne voulons pas avoir des leaders qui ont beaucoup d'excuses. Avons-nous des leaders sans excuse ?"s'est interrogé la minsitre rwandaise.

Pour Fadimatou Iyawa la présidente nationale du Conseil national de la jeunesse du Cameroun, "pour les jeunes, c'est une occasion de pouvoir s'exprimer sur les différentes questions qui les concernent, en termes d'entrepreneuriat, d'emploi, d'engagement des jeunes dans la prise de décision."

Ancienne colonie allemande entre 1885 et 1916, puis belge jusqu'à son indépendance en 1962, le Rwanda a rejoint le Commonwealth en 2009. Une organisation qui compte 54 pays membres et réunit 2,5 milliards de personnes.

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