Afrique: Me Michèle Ndoki - Le parti de la Renaissance doit être un Cameroun en miniature

interview

Candidate à la présidence du MRC, elle entend accorder une place prépondérante aux jeunes et aux femmes du parti que dirige actuellement Maurice Kamto.

Au cours d'une émission sur le plateau de nos confrères de Canal 2 International, Vous avez annoncé votre candidature à la présidence du MRC, à la faveur de la prochaine convention de 2023. À quel moment cette idée vous est venue à l'esprit ? Et qu'est-ce qui a déterminé votre décision ?

Mon engagement politique ne date pas d'aujourd'hui. Mon ambition de contribuer à un changement profond de la scène politique camerounaise et ainsi d'améliorer la vie de mes compatriotes ont toujours été le moteur de cet engagement. Au regard de la situation de notre pays, qui bien que déjà dramatique, continue de se dégrader, il m'a semblé opportun et pertinent de porter un projet innovant et inclusif au sein de ma famille politique.

Que répondez-vous à ceux qui estiment que vous êtes une " outsider " face à Maurice Kamto, et que votre sortie n'est qu'un coup médiatique pour marquer votre retour sur la scène politique ?

Outsider signifierait que Maurice Kamto se présente à sa propre succession. Pour l'instant, sauf erreur de ma part, il ne s'est pas exprimé sur cette question. Pour ce qui est du coup médiatique, je ne vous dirai qu'une chose : j'ai bien trop de respect pour les enjeux, pour mes concitoyens, pour ce pays, pour notre avenir. J'ai confiance dans les Enfants de ma Terre et dans leur jugement, qui en général est juste et avisé : la consistance de mon projet, la force de mon engagement parleront pour moi.

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Que voulez-vous concrètement changer au sein du MRC ?

Élargir et écouter notre base militante, la mettre au cœur de la réflexion politique, que je trouve aujourd'hui plus (trop) tournée vers la critique du pouvoir en place. La critique est généralement fondée, mais parfois l'énergie que nous consacrons à observer et évaluer les tenants du pouvoir est détournée de ceux qui comptent vraiment, ceux pour qui nous voulons le changement ; nous mobiliser activement contre la banalisation des injustices et des impunités qui gangrènent notre société.

Nous devons parvenir à provoquer une meilleure conscience des tenants de l'autorité en particulier judiciaire, mais aussi des forces de l'ordre, de leur responsabilité dans la protection de l'État de droit ; ouvrir le parti à toutes les sensibilités, m'assurer que dans sa composition mais aussi et surtout dans l'image qu'il projette auprès de nos compatriotes, on voie le reflet de la diversité culturelle camerounaise ; donner aux femmes et aux jeunes leur juste place, à savoir celle de la majorité : 51% et plus de la population, plus de 70% des camerounais ayant moins de 30 ans : le parti de la Renaissance doit être un Cameroun en miniature ; moderniser la structure et le fonctionnement du parti, par exemple en séparant les fonctions politiques et les fonctions d'administration de l'appareil, en créant des structures et organes de consultation nous permettant de rester connectés avec la base, en allégeant les organes dirigeants pour plus d'agilité et d'efficacité dans les prises de décision ; convaincre le plus grand nombre de la viabilité et de légitimité de notre projet pour ce pays.

Depuis cette annonce, avez-vous déjà parlé avec Monsieur Kamto ? Si oui, comment a-t-il pris la nouvelle ? Je laisse à M. Kamto le soin de vous dire lui-même comment il prend la nouvelle. Je parlais de respect plus haut, Je l'entends aussi comme ça. Me Michèle Ndoki à la tête du MRC (nous vous le souhaitons), ça veut clairement dire que vous envisagez être candidate à l'élection présidentielle de 2025 ?

Cette question est prématurée. La présidence du MRC n'est pas un simple tremplin, elle est d'une grande importance à mes yeux et aux yeux de tous ceux qui rêvent d'une opposition constructive dans notre pays. À ce titre, je peux déjà vous annoncer que, présidente du MRC, je militerai pour que soient réinstaurées les primaires qui étaient prévues dans les statuts d'origine, afin que le parti détermine lequel de nous est le meilleur candidat pour la présidentielle en 2025. Il ne s'agit pas de fermer, mais d'ouvrir, de bâtir ensemble. Il s'agit de construire une logique de discussion et de consensus plutôt de que d'exclusion et de combat. Quiconque veut être le choix du MRC pour la candidature à la présidence de la République devrait convaincre d'abord à l'intérieur de nos rangs. Il me semble que c'est un minimum pour asseoir une légitimité indiscutable.

Que feriez-vous si à l'issue de la convention Maurice Kamto est reconduit ?

Nous n'en sommes pas là. Encore une fois, le professeur ne s'est pas exprimé quant à sa candidature.

Quel bilan personnel pouvez-vous faire de votre militantisme au sein du MRC ?

Je serais plus à l'aise si d'autres le faisaient, mais je crois qu'ils mentionneraient : la structuration de la représentation du parti à Douala 1er, le recrutement et l'animation du parti dans ce bastion du RDPC, qui a permis une représentation du MRC dans les 204 bureaux de votes lors des présidentielles de 2018, et le choix de notre candidat par 34% des électeurs lors de ce scrutin ; ma contribution à la révision des statuts et du règlement intérieur du parti en 2018 ; l'impact de mon passage devant le Conseil constitutionnel sur la mobilisation à l'intérieur du parti mais aussi sur le réveil de la conscience politique chez nos concitoyens.

Toujours sur Canal 2 International, vous avez déclaré que votre vie était en danger au Cameroun. Raison pour laquelle vous vous êtes retirée en Côte d'Ivoire. Pouvez-vous nous dire pourquoi et qui a essayé d'attenter à votre vie ?

Comme à chaque fois avec la machine à broyer, parce que je remets en question l'ordre établi et dis qu'il est mauvais pour les Enfants de ma Terre. Évidemment. Par qui ? Les agents qui servaient la machine lors de ma dernière interpellation en novembre 2020 se sont présentés comme des agents de la Direction de la surveillance du territoire (DST). Quand ce n'est plus la gendarmerie ou la police judiciaire qu'on envoie vous interpeller et vous interroger, mais la SEMIL, la DST où les Renseignements généraux, vous savez que la répression est montée à un cran où le droit a disparu.

En toute humilité, je vous avouerai que ma famille et moi avons craint pour ma sécurité et ma vie, et que la question n'est toujours pas réglée. Pour avoir eu à ce point peur, je peux aussi vous affirmer avec certitude que la peur est débilitante et paralysante. Je ne la laisserai plus me prendre au piège. Moi, je fais ce que j'ai à faire. Eux, je les laisse face à leurs responsabilités. Mais personne ne m'imposera plus de vivre au rythme du danger qu'il me fait courir.

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