Ile Maurice: Marché des changes - l'instabilité perdure

Le marché des changes ne semble pas se stabiliser. Le dollar s'échangeait hier à Rs 45,90, selon le taux de change indicatif de la SBM, malgré la reprise progressive de l'économie après les vagues du Covid-19 ou encore, les interventions régulières de la banque centrale pour stabiliser le marché des changes. En effet, du 8 avril au 20 mai 2022, la Banque de Maurice (BoM) a vendu pas moins de USD 295 millions en réponse au manque de devises étrangères sur le marché, incluant son intervention historique en une seule opération le 13 avril, avec la vente de USD 200 millions au taux de Rs 43,15 le dollar.

Si la situation s'est temporairement calmée après cette grosse intervention de la banque centrale, elle n'a pourtant pas été suffisante pour répondre à la demande du marché sur la durée. Du côté des importateurs, on note un manque de devises sur le marché depuis une semaine, même si la situation est moins tendue qu'avant l'intervention historique de la BoM sur le marché des changes. Si, pour le moment, certains importateurs n'ont pas de difficulté à payer leurs fournisseurs, il faut négocier plus et se soumettre aux taux des banques commerciales.

Pourquoi malgré les efforts de la BoM la situation ne se calme-t-elle pas ? "L'instabilité entre l'offre et la demande en devises étrangères continue à engendrer davantage de volatilité sur le marché local et celle-ci impacte, de manière quasi automatique, la valeur de la roupie mauricienne. Il semblerait que l'intervention de la banque centrale sur le Forex en avril et mai derniers n'ait pas eu l'effet escompté puisque la demande des importateurs en devises étrangères continue à surpasser les recettes enregistrées à l'exportation", explique Jen Ramanah, Head of Treasury à AfrAsia Bank.

%

Notre problème à tous

En effet, nos recettes d'exportation en avril se chiffraient à Rs 8,5 milliards, contre Rs 8,8 milliards en mars et Rs 82,1 milliards pour 2021, le tout sujet au taux de change de ces différentes périodes. En face, la note d'importation s'élevait à Rs 23 milliards en avril, contre Rs 25,4 milliards en mars et Rs 215,2 milliards pour 2021. En recettes touristiques, nous avons reçu Rs 4,6 milliards en décembre 2021 avec l'arrivée de 49 964 touristes ; Rs 4,3 milliards en janvier 2022 avec 40 028 touristes ; et Rs 4,6 milliards en mars avec 66 066 touristes. Au niveau du flux d'investissements directs étrangers (IDE), seuls les chiffres de janvier à septembre 2021 sont disponibles sur le site Web de la BoM, avec Rs 8,5 milliards.

Ce manque de devises sur le marché n'est pas uniquement le problème des importateurs mais aussi le nôtre à tous, vu l'impact sur la valeur de la roupie. "Les attentes du marché Forex d'une éventuelle appréciation de la valeur de notre roupie suivant l'intervention massive, à hauteur de 200 millions USD de la Banque de Maurice le 13 avril, n'ont tout simplement pas été comblées. Par conséquent, les forces de l'offre et de la demande ont continué à interagir pour une nouvelle dépréciation de notre monnaie. De plus, il y a un fort sentiment qu'à l'approche de la fin juin 2022, la roupie se dépréciera davantage et de manière significative, comme ce fut le cas fin juin 2021. Un autre effet défavorable est que l'hôtellerie, après le coup de massue du Covid-19, n'a toujours pas atteint sa vitesse de croisière, en termes de flux de devises", ajoute Jen Ramanah.

Il faut savoir qu'entre le 23 juin 2021 et hier, la roupie affichait un glissement de plus de 8 % ; cela pour plusieurs raisons, dont la conjoncture internationale avec la hausse des taux d'intérêts aux États-Unis. Cela a d'ailleurs occasionné une fuite de capitaux, entraînant dans son sillage une dépréciation de la roupie, le niveau des réserves internationales de la banque centrale et la performance de nos secteurs pourvoyeurs de devises, entre autres. Il faut aussi mettre en exergue que le Fonds monétaire international juge que notre monnaie est surévaluée.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.