Afrique de l'Est: Formation annoncée d'un gouvernement civil au Soudan - Al Burhan veut-il reculer pour mieux sauter ?

Le général Abdel Fattah Al-Burhan

Le général Abdel Fattah Al-Burhan, l'homme fort de Khartoum depuis le coup de force du 25 octobre 2021, a annoncé, à la surprise générale, vouloir ouvrir la voie à la formation d'un gouvernement civil sans la participation des militaires, dissoudre le Conseil souverain de transition qu'il dirige et mettre en place un Conseil suprême des forces armées.

Ces promesses, de prime abord, méritent d'être saluées mais encore faudrait-il que celui qui les a faites, soit de bonne foi. Et que la rue en accepte le principe. Mais au moment où nous tracions ces lignes, celle-ci émettait un rejet catégorique. Il faut saluer la détermination du peuple soudanais qui, à aucun moment, ne s'est découragé malgré les répressions sanglantes qui s'abattent sur lui. S'agissant de promesses, on se souvient que Al Burhan, dès sa prise du pouvoir, avait pris des engagements : la mise en place d'un gouvernement militaro-civil piloté par un Premier ministre civil, censé conduire la transition jusqu'aux élections générales.

Ensuite, de concert avec les civils, il avait accepté le principe de la création d'un système de rotation qui permettrait tant aux militaires qu'aux civils, de gérer le pouvoir sur une durée déterminée. Des décisions fortes qui devaient permettre au Soudan de gérer, de la meilleure des manières, sa transition devant conduire aux élections générales, lesquelles étaient censées refermer très vite la parenthèse douloureuse de l'ère Omar El Béchir. Hélas, force est de constater que ces belles promesses n'ont malheureusement pas été tenues. Ce furent plutôt des répressions sanglantes contre des civils jusqu'à la destitution du Premier ministre Abdallah Hamdok. Et le massacre continue.

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La formation d'un gouvernement civil est l'une des revendications des forces révolutionnaires

Depuis, le Soudan est dans l'impasse ; Khartoum et les nombreuses villes du Soudan vivant au rythme des marches, des manifestations, des grèves et de la violence meurtrière, malgré les nombreux appels de l'ONU et de l'UA aux protagonistes, pour un dialogue en vue de sortir le pays de l'ornière. Après dix mois de gestion, le constat sur le terrain est plus que désolant. Quant au peuple, il reste toujours mobilisé et déterminé à mener le combat, en enjoignant la junte à " débarrasser le plancher ", à rendre le pouvoir aux civils et à retourner dans les casernes. De nombreux médecins soudanais, ces dernières semaines, sont d'ailleurs prêts à emboîter le pas au mouvement à travers des grèves sur toute l'étendue du territoire.

En décidant d'ouvrir, contre toute attente, une nouvelle séquence politique dans son pays à travers une invite aux partis politiques et aux organisations révolutionnaires soudanaises, à s'engager dans un dialogue dans la perspective de former un gouvernement composé de personnalités compétentes, l'homme fort du Soudan qui se sent aujourd'hui acculé, veut-il reculer pour mieux sauter ? Ce n'est pas exclu.

Et pourtant, la formation d'un gouvernement civil est l'une des revendications des forces révolutionnaires qui occupent depuis le 30 juin dernier, les lieux publics, à Khartoum, dans ses banlieues ainsi que dans plusieurs villes du pays. Al Burhan devrait en prendre acte et avoir le courage de faire son deuil de sa boulimie du pouvoir. Il sauverait, pour ainsi dire, le peuple qui poursuit sa descente aux enfers.

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