Angola: José Eduardo Dos Santos, un chef de guerre devenu kleptocrate

Décédé vendredi à l'âge de 79 ans dans une clinique espagnole, l'ancien président angolais, José Eduardo Dos Santos était accusé depuis son retrait de la vie politique en 2017 d'avoir pillé l'économie pour en faire profiter sa famille. Durant les trente-huit années de règne d'Eduardo dos Santos, la population angolaise n'a guère vu son niveau de vie s'améliorer.

S'il a gagné la guerre contre la rébellion de l'Unita, José Eduardo dos Santos n'aura jamais su construire la paix. Pourtant, les Angolais y ont cru, lorsqu'en 2002 après vingt-sept ans de guerre civile, les armes se taisent.

Le pays se propulse alors au premier rang des producteurs de pétrole en Afrique. L'argent afflue, les gratte-ciels poussent dans les quartiers chics de Luanda, et l'économie démarre.

Pour Sebastião Isata, traducteur de Eduardo dos Santos et professeur d'université, compagnon de route du MPLA, il fut avant tout un bâtisseur. Voici son témoignage, au micro du journaliste François Mazet de la rédaction Afrique. " Il a eu la responsabilité de créer et de mettre en place une démocratie constitutionnelle et pluraliste.Bien sûr, il y a toujours des manifestations et des mouvements sociaux dans un pays, du mécontentement, c'est normal. Mais si je devais résumer ces presque quarante années, je dirais qu'il a été le constructeur de l'Angola démocratique ".

Une mansuétude que ne partage pas la militante de la société civile, Laura Macedo : " Moi, ce que je retiens du passage de José Eduardo dos Santos au pouvoir, c'est l'augmentation de la pauvreté au sein de la population, ainsi que le fait qu'il a permis à certaines personnes d'accéder au devant de la scène et d'y demeurer sous sa protection. C'était un despote, il a rendu possible la dilapidation inédite des richesses du pays. "

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En effet, le développement économique ne profite qu'à une minorité de proches et d'affairistes, tandis que la population croupit dans la misère. En 2017, au moment où dos Santos quitte la présidence, l'Angola figure au 149ᵉ rang sur 189, au classement de l'Indice du développement humain. Un Angolais sur deux vit sous le seuil de pauvreté et la moitié de la population n'a pas l'électricité. L'ampleur des dommages apparaît pleinement après le départ de celui qui se faisait surnommer " Zedu ".

La justice accuse alors l'ancien président et surtout ses enfants d'avoir pillé les caisses de l'État. Les Luanda Leaks, les fuites de documents confidentiels, diffusés en 2020, montrent que la fille de l'ancien président Isabel dos Santos a détourné au bas mot un milliard d'euros de fonds publics, et ce n'est qu'une partie des sommes disparues dans le système clanique mis au point par dos Santos.

Son fils Filomeno a purgé une peine de cinq ans de prison pour détournement de 500 millions de dollars et sa fille est toujours recherchée par la justice angolaise.

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