Sénégal: Mauvaises habitudes à bord du Ter - Dans l'inconfort d'un voyage

9 Juillet 2022

Folles courses vers les valideurs, bousculades, actes irréfléchis, non-respect des consignes sanitaires et sécuritaires. Ces mauvaises habitudes font la souffrance de certains voyageurs du Ter depuis quelque temps.

Le Ter fait des heureux depuis le début de son exploitation, en janvier ! Dans la banlieue, beaucoup d'usagers ne jurent que par ce moyen de transport. Ainsi, l'affluence est de plus en plus importante. Ce vendredi matin est une journée pas comme les autres à la gare de Thiaroye. Une longue file s'est formée autour des trois guichets débordant jusqu'au pied de l'autopont. On compte environ plus de 200 personnes attendant impatiemment leur tour. Même s'il faut attendre plus de 10 minutes pour avoir son billet. Ça traine, ça proteste et ça attaque à tout va, sous une chaleur de plus en plus insupportable.

" Ces gens ne travaillent pas. Comment peut-on accueillir tout ce monde en ouvrant que deux guichets sur quatre ", déplore un jeune homme aux muscles saillants. Malgré le ton menaçant, l'agent en face préfère répondre par le sourire pour éviter tout clash. Au fil du temps, de nouveaux voyageurs s'ajoutent à l'immense foule. La tension monte d'un cran. Conflits et disputes éclatent entre passagers pour une question de place et de ticket. Il est inconcevable pour certains de voir les derniers venus se mettre devant ou acquérir un ticket en moins de cinq minutes avec la complicité d'un ami. Visage suant et sévère, les traits tirés, Alassane Wade ne peut l'admettre.

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" C'est la deuxième fois que j'appelle le gendarme pour qu'il remette de l'ordre. Il est inconcevable que certains se mettent derrière les grilles et puissent avoir un ticket avant nous qui faisons la queue depuis près de 20 minutes. C'est une indiscipline notoire que nous, passagers du Ter, vivons tous les jours. Les mauvaises habitudes sénégalaises se manifestent partout ", peste Alassane. Pendant ce temps, les gendarmes installent les barrières pour réguler le trafic et interdire les rassemblements sur le quai. L'attente ne sera pas longue pour ceux qui ont franchi le valideur. Comme affiché par les panneaux de signalisation, deux minutes ont suffi pour voir arriver l'un des trains à destination de Dakar.

Bousculades, gestes gênants, débordements, etc.

L'arrivée du train coïncide avec les messages et consignes de sécurité. " Écartez-vous de la bordure du quai, c'est dangereux ", annonce une voix féminine. Les candidats à ce voyage feignent de ne pas l'entendre. Sans hésitation ni crainte, ils accourent vers les différentes portes. C'est chacun pour soi, Dieu pour les gros bras ! Les gendarmes au poste tentent de rétablir l'ordre. Ils n'y arrivent pas.

La situation les dépasse et elle est compliquée pour ceux et celles devant descendre à Thiaroye. Une dame en a passé de secondes terribles. Le bébé au dos, elle se débat des mains, la mine dévastée. " Le Ter est devenu problématique. À cause des bousculades, tu peux même dépasser ton arrêt. Les passagers qui doivent embarquer n'ont aucune patience. Ils te poussent, te bloquent, te marchent dessus ", regrette Aïssatou, les yeux rougis.

Ainsi, elle en appelle au renforcement du dispositif sécuritaire pour éviter de pareilles situations. À 10 heures 46 minutes, soit moins de 10 minutes après le dernier, un autre train est à quai. Il est bondé de monde. Il n'empêche, les passagers ne se posent pas de questions. Ils chargent, bousculent et engueulent ceux qui sont déjà à l'intérieur. " Faites-nous de la place. Vous êtes méchants. L'essentiel est que la porte puisse se fermer et qu'on arrive tous à destination ", adresse l'un d'eux à une dame qui déplorait un coup de coude.

La réplique à la hauteur de l'attaque ne tarda pas. " Si vous raisonnez ainsi, c'est parce que vous réfléchissez comme un animal ", lâche-t-elle dépitée. Moins de trois minutes après, c'est autour des voyageurs de Pikine de vouloir coûte que coûte rejoindre les passagers. C'est serré, c'est plein comme un œuf, mais ils foncent, les yeux fermés, jusqu'à bloquer la fermeture des portes.

Ainsi, le temps d'arrêt passe de 50 à 80 secondes. Des habitudes bien sénégalaises qui mettent les voyageurs dans l'inconfort. Comme en témoigne la complainte du vieux Ousseynou Sagna dans la misère du Ter. " Au début, on se glorifiait du confort du Ter. Maintenant, c'est la galère. Avec la surcharge, il est impossible de respirer. Arrivés à destination, nous rencontrons toutes les difficultés du monde. Il faut que les gens soient plus conscients et que les autorités rétablissent l'ordre ", regrette-t-il à bord du Ter bondé de monde.

De grande taille, Moussa Boye souffre dans un coin. L'air fatigué, il craint pour l'efficacité du Ter à cause de comportements qu'il juge déplorables. " Les gens te bousculent, te chargent. J'ai l'impression que certains veulent le transformer en " car rapide ". On se dispute les valideurs. Même pour monter les escaliers, on voit de folles courses ", dénonce-t-il. Après l'euphorie des premiers jours, le Ter risque bien de devenir inconfortable pour nombre de clients.

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