Afrique: Mort de l'ancien président angolais Eduardo dos Santos - Fin de parcours bien amère

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Le Parrain ... le Sphinx... le Chef de tribu, le Prince de Luanda... Machiavel.

Tels sont les différents surnoms dont on avait affublé l'ancien président angolais Eduardo dos Santos, décédé vendredi dernier en Espagne à 79 ans. C'est dire que ces attributs multiples et multiformes sont la preuve qu'il a marqué l'esprit des Angolais, celui qui a régné de main de maître sur l'ex-colonie portugaise des décennies durant, en remplaçant à ce poste Agosthino Neto, décédé à Moscou le 10 septembre 1979.

Et comme cela arrive souvent sous nos tropiques, quand on dure au pouvoir, on finit par confondre les caisses de l'Etat avec ses poches. Avec la mort de l'ennemi Jonas Savimbi (le 22 février 2002) qui a consacré la fin de la guerre civile, qui aurait selon les estimations fait 500 000 morts, et l'embellie née de la rente pétrolière, c'est vite parti pour une patrimonialisation du pouvoir avec le bombardement des rejetons à des postes stratégiques, notamment dans les secteurs pétrolier et diamantifère, avec à la manœuvre Isabel (la fille) et José Filomeno (le fils).

A la présidentielle d'août 2017, dos Santos ne se représente pas. João Lourenço, candidat du parti au pouvoir, le MPLA, est choisi, et, comme il fallait s'y attendre, remporte les élections. La protection des arrières semble assurée ; mais en la matière, il n'y a pas de fidélité qui tienne. Comme pour tuer le père pour pouvoir exister, le nouveau président marque son territoire. Malheur aux vaincus ! Il décide de lancer une croisade anticorruption dont l'un des principaux objectifs est visiblement de démanteler l'empire économique des dos Santos, même si, il convient de le reconnaître, le nouveau maître du pouvoir n'a jamais été blanc comme neige, lui qui a tout aussi profité du système pour étaler son linge au soleil.

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Et il est évident que sur son lit de mort, Eduardo dos Santos, l'ancien mentor, devait bien regretter d'avoir tressé la corde qui a contribué à le pendre, lui et son clan. Pour beaucoup, il a vécu ses dernières années très amer. Et comme pour ne rien arranger, le boom économique de ce pays n'a jusque-là pas profité à la population dont une bonne partie continue de croupir dans une misère crasse. Malgré le départ des dos Santos, le partage équitable des fruits de la croissance se fait toujours désirer.

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