Afrique: Azzouz Aïb - "La Rugby Africa Cup en France, un pari réussi"

interview

Le directeur général de Rugby Afrique, Azzouz Aïb, dresse un bilan positif du tournoi continental qui s'est déroulé à Aix-en-Provence et Marseille du 1er au 10 juillet. Il y a vu la progression du rugby africain et plaide pour l'organisation d'autres compétitions.

RFI : Ce tournoi réunissait huit équipes africaines (Namibie, Kenya, Algérie, Zimbabwe, Ouganda, Côte d'Ivoire, Sénégal, Burkina Faso) dans le sud de la France. Certains ont pu regretter que l'événement se déroule hors du continent. Pensez-vous toujours que ce choix était-il judicieux ?

Azzouz Aïb : Pour nous, c'était une opportunité unique. Le but était vraiment de faire découvrir le rugby africain sur le territoire européen et en ce sens, c'est un pari réussi. Cela nous a donné une belle exposition, notamment parce que les matches ont été diffusés sur une chaîne privée : Canal+. Nous avions conscience que certaines personnes voulaient que ce tournoi ait lieu en Afrique, mais on a fait ce choix pour faire découvrir des joueurs africains, des techniques africaines, un certain savoir-faire, une singularité.

Je le répète, mais c'était une belle opportunité d'être exposés sur le territoire français. Un pays qui représente le rugby dans le monde entier. Mais je peux vous assurer que la prochaine Rugby Africa Cup, elle sera sur le continent, c'est une évidence.

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La Namibie a encore remporté l'épreuve, avec un 9e trophée, et confirmé qu'elle était l'équipe du continent la plus compétitive derrière l'Afrique du Sud. Avez-vous tout de même constaté une progression de la part des autres équipes ?

Honnêtement, on est ravis de ce qu'on a vu tout au long du tournoi, on a vu une belle image du rugby africain. De très beaux matches, de belles demi-finales, Algérie-Kenya et Namibie-Zimbabwe, et un beau vainqueur, la Namibie. Certains ont sans doute été surpris par le niveau général. Quand je vois que les soi-disant petites équipes comme le Burkina Faso ont réussi à s'accrocher pendant 80 minutes durant trois rencontres, je me dis que les nations du continent sont sur la bonne voie. On remarque qu'il y a de plus en plus de pays qui s'accrochent. Au départ, la Namibie mettait 70 points à tout le monde... Je trouve que les écarts commencent vraiment à se réduire et je pense que d'ici peu, la Namibie va être accrochée de manière beaucoup plus fréquente.

L'Algérie a sans doute été la sensation du tournoi en prenant la 3ᵉ place. Cela signifie-t-il que le niveau devient plus homogène sur le continent ?

Il faut d'abord souligner le travail exceptionnel du président de la Fédération algérienne, Sofiane Ben Hassen, avec son équipe. Je sais qu'ils œuvrent sans relâchent depuis quelques mois, connaissant un peu la Fédération (Azzouz Aïb est ancien international algérien et ancien vice-président de la Fédération, NDLA), ils ont travaillé d'arrache-pied. C'est une jeune Fédération, mais aujourd'hui, elle ouvre des portes aux Fédérations d'autres pays qui prennent son exemple.

On voit aussi que la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Burkina Faso avancent petit à petit... En tout cas, cette troisième place de l'Algérie, elle vient conforter une équipe en plein épanouissement. L'Algérie doit devenir un exemple et j'espère qu'elle pourra devenir à l'avenir un des favoris sur le territoire africain.

Que faut-il faire pour que le rugby africain progresse davantage ?

Aujourd'hui, il faudrait essayer de donner plus de possibilités à nos équipes de pouvoir se rassembler et de jouer davantage. Pourquoi ne pas organiser des test-matches de façon plus fréquente, avec d'autres pays sur d'autres continents ? Le point faible du rugby africain, c'est que ces équipes-là ne se rencontrent pas assez régulièrement ! Pour faire évoluer le rugby du continent, il faudrait que ces pays puissent rencontrer d'autres équipes à l'extérieur : européennes, américaines, asiatiques... Et ça pour nous, c'est un vrai défi !

Pourquoi Rugby Afrique n'y est pas parvenu jusqu'à présent ?

C'est un enjeu capital, mais pour faire ça, on a besoin de trouver des moyens financiers et c'est pour cette raison que notre action est pour l'instant limitée... Les tournois qualificatifs pour la Coupe du Monde et les Jeux olympiques (rugby à sept) sont financés par World Rugby (la Fédération internationale) mais en dehors de ces compétitions, nous ne sommes pas subventionnés.

Si Rugby Afrique veut les organiser, elle doit les financer elle-même, mais aujourd'hui, ce n'est pas faisable. Notre challenge, c'est donc de trouver des moyens privés, un peu comme pour le Tournoi des Six Nations ou d'autres tournois qu'on a pu voir en Asie ou sur le continent américain. On peut créer des compétitions de qualité. Pour nous, c'est une vraie porte de sortie pour que nos Fédérations puissent avancer.

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